S’inquiétant de plus en plus face au durcissement des mouvements de grève, des opposants au Chef de l’Etat ont ouvertement œuvré pour un retour à la normale. Mais les organisations veulent obtenir du concret du gouvernement avant de mettre fin à la paralysie générale.
La paralysie générale de l’Administration préoccupe des acteurs de la classe politique, notamment les opposants au régime de Yayi Boni. Si certains ont à un moment donné, soutenu le mouvement de grève compte tenu de la légitimité des revendications des travailleurs, d’autres ont fait part de leurs craintes quant aux conséquences incommensurables de la paralysie sur l’école béninoise et la production économique.
Ainsi, plusieurs d’entre eux ont modéré leur position face à certains gestes d’ouverture du Chef de l’Etat. La déclaration faite à ce sujet par le président de l’Union fait la Nation (Un) Bruno Amoussou le lundi 10 mars 2014 où il recevait le président de la République à son domicile à Cotonou, est très éloquente.
« Le Chef de l’Etat a pris sa voiture, s’est rendu au domicile de quelqu’un comme moi pour échanger avec lui parce qu’il trouve que ce serait utile qu’il en soit ainsi. Je pense que si nous pouvons conserver dans notre pays cette convivialité, cette possibilité d’échanges, cette ouverture d’esprit et cette humilité, si nous pouvons conserver tout cela, alors les espoirs sont permis (…) », a en effet laissé entendre Bruno Amousou.
Et de poursuivre : « Le Chef de l’Etat a certainement écouté les quelques avis que j’ai pu donner et je suis très heureux d’avoir partagé avec lui, les préoccupations qui sont les miennes. C’est lui qui a la commande du pays.
Je suis sûr que la démarche d’humilité qu’il a faite à mon endroit, contribuera sûrement à l’aider dans la tâche qui est la sienne et nous tous, nous sommes en état de l’aider pour que notre pays comme d’autres, emboîte le pas du développement, de la concorde, de la paix ».
Suite à cette déclaration, Yayi Boni a reçu les Centrales et Confédérations syndicales le 12 mars 2014. Les espoirs de dégel nés de cette ouverture ont vite volé en éclat ou tardent à se concrétiser. Pendant ce temps, les inquiétudes dominent le quotidien des Béninois.
Tout comme Bruno Amoussou, l’homme d’affaires Désiré Vodonon qui croupit dans les geôles de la prison civile de Cotonou depuis avril 2011 malgré la décision de mise en liberté de la Chambre d’accusation, s’est fait parler de lui de façon remarquable. Il s’est aussi intéressé à la crise sociopolitique.
Dans un long message publié le 12 mars 2014, cet ancien député de Force clé, membre de l’opposition a encouragé le Chef de l’Etat à poursuivre sa démarche en se montrant encore plus ouvert dans les négociations avec les Centrales syndicales.
Même si le Chef de l’Etat n’a pas poursuivi l’ouverture vers d’autres leaders politiques comme l’a recommandé Désiré Vodonon, certains grévistes ont commencé à revoir leur position. La preuve, le Front d’action des syndicats des trois ordres de l’Enseignement a dans une décision mardi 18 mars 2014, suspendu le mouvement de grève en cours et accordé un moratoire d’un mois au gouvernement pour qu’il trouve les solutions impossibles aux revendications.
Mais très rapidement, certains militants du Front ont crié au scandale, dénonçant des manipulations et réclamant la démission de leur porte-parole Lucien Glèlè Langanfin.
Les Centrales et Confédérations syndicales, ont elles aussi désapprouvé la position du Front et réaffirmé que la motion de grève est maintenue jusqu’à satisfaction totale des points de leur plateforme revendicative. La crise est donc plus profonde qu’on le croit. Et les interventions de certains acteurs politiques plutôt critiques envers le régime de Yayi Boni n’ont encore fondamentalement rien changé.
Bruno Amoussou s’est peut-être montré très sage dans sa déclaration du 10 mars dernier, mais les travailleurs qui souffrent le martyr préfèrent pousser le gouvernement à résoudre définitivement la crise. Le Chef de l’Etat ferait donc mieux d’exploiter avec efficacité les positions clémentes de ses adversaires et ménager davantage les organisations syndicales afin de sortir le Bénin d’une situation qui pourrit de jour en jour.