La croissance macroéconomique du Bénin pour le compte de 2013, selon le ministre de l’économie et des finances, est de 5,5%.
Le Fonds monétaire international (Fmi) l’a confirmé et a salué ces performances réalisées par le gouvernement. Nous en avons pris bonne note. Nous avons même rendu compte de la conférence de presse, le mardi 25 mars 2014, du ministre Jonas Gbian au cours de laquelle la nouvelle a été annoncée. Mais dans le contexte économique d’aujourd’hui, ces chiffres semblent ne pas refléter la réalité vécue au quotidien par les Béninois.
Que de réactions reçues de nos lecteurs dans la journée d’hier, mercredi 26 mars 2014. Ces réactions étaient nombreuses. Ces Béninois qui ont lu le compte rendu de la conférence de presse du ministre Jonas Gbian ont émis un avis différent sur ces chiffres mis en exergue.
Ils se demandent quels impacts cette croissance a sur leur bien-être, leurs difficiles conditions quotidiennes de vie ? Zéro, concluent-ils. Et c’est bien le cas. Sébastien Ajavon, grand opérateur économique béninois, président du Patronat, s’est à plusieurs reprises exprimé sur la situation économique du Bénin. Cette croissance économique ne cadre pas avec les remarques du président du Patronat du Bénin.
Plus d’un opérateur économique est de son avis. Ce sont des chiffres qui ne reflètent pas la réalité vécue quotidiennement par les Béninois. Mieux, contrairement aux déclarations du ministre de l’économie et des finances lors de sa sortie médiatique au sujet des réformes douanières, l’on a bien l’impression que le gouvernement n’a aucun programme de développement du port de Cotonou, le poumon de l’économie nationale. Tout ce qui est fait ressemble à de la démagogie.
C’est le gouvernement et son chef, Boni Yayi, qui ont initié le Programme de vérification des importations de nouvelle génération (Pvi-Ng). En son temps, Yayi et ses ministres ont soutenu bec et ongles que c’est cela qui va régler les problèmes économiques du Bénin.
C’est le même gouvernement et son chef qui, de façon unilatérale, ont arrêté la mise en œuvre du Pvi-Ng pour des raisons qu’eux seuls maîtrisent. L’affaire a été portée devant la Cour commune de justice et d’arbitrage de l’Ohada à Abidjan. Cela suppose que toutes les parties impliquées doivent surseoir à toute action susceptible d’entraver la décision de ladite Cour.
Beaucoup de démagogies de la part du gouvernement
Autrement, le gouvernement devrait attendre la décision de la Cour commune de justice et d’arbitrage de l’Ohada et, après, lancer un avis d’appel d’offres international. Ce qui va donner à tous les postulants les mêmes chances. Mais Yayi et ses ministres ont décidé de passer outre cette obligation. Du Pvi-Ng, on passe du jour au lendemain au Programme de certification des valeurs (Pcv) en douane.
Le ministre Gbian, lors de la conférence de presse, a souligné que le Pcv n’est qu’un volet de la nouvelle réforme douanière visant à renforcer l’efficacité de la douane et améliorer la mobilisation des recettes douanières. Autrement, le même refrain chanté à l’avènement du Pvi-Ng. Le drame est que le gouvernement fonce à nouveau tête baissée vers l’attribution de ce marché du Pcv par un gré à gré qui ne dit pas son nom. En effet, le compte rendu du conseil des ministres du 19 mars 2014 mentionne qu’au cours de la séance, il a procédé au réexamen de la communication du Ministre de l’Economie et des Finances relative à la mise en œuvre du programme de certification des valeurs en douanes.
«Au terme de cet examen, le Conseil des Ministres a instruit les Ministres chargés des Finances, du Développement, de l’Economie Maritime et de l’Evaluation des Politiques Publiques : de procéder au lancement d’un appel d’offres international ouvert pour d’une part, le recrutement d’un partenaire de service pour la mise en œuvre, dans le cadre d’une société d’économie mixte (prestataire 51 %, Etat 49%) du Programme de Certification des valeurs en douane, d’autre part, pour la fourniture, l’installation et l’exploitation d’un scanner mobile à Cotonou-Port et d’un scanner à bagages à Cotonou-Aéroport ; de soumettre les résultats de l’appel d’offres à l’examen du Conseil des Ministres».
Dans le compte rendu du Conseil des ministres du 13 mars 2014, le même gouvernement «a instruit les Ministres chargés des Finances, du Développement, de l’Economie Maritime et de l’Evaluation des Politiques Publiques : de procéder au lancement de la demande de propositions pour le recrutement d’un prestataire de services pour la mise en œuvre du Programme de Certification des Valeurs (Pcv) en douane, conformément aux dispositions de l’article 45 du Code des marchés publics».
Une chose et son contraire donc. En réalité, vu ces deux décisions, l’on a bien l’impression que le fait d’annoncer le lancement d’un appel d’offres international pour le recrutement d’un partenaire de services pour la mise en œuvre du Pcv n’est que du saupoudrage. Le gouvernement sait à qui il veut l’attribuer. Des partenaires économiques le savent aussi. Ils ont même décidé de ne pas postuler à cet avis d’appel d’offres international. La mission du Fmi a demandé de procéder à l’amélioration du climat des affaires au Bénin. Mais la majorité des opérateurs économiques béninois soutiennent que cela n’a jamais été le cas. Beaucoup de démagogies de la part du gouvernement.