Le moratoire accordé au gouvernement par les magistrats pour satisfaire à leurs revendications expire dans dix jours. Et déjà, des voix s’élèvent dans le rang des magistrats pour dénoncer la mauvaise foi du gouvernement qui n’a pas rouvert les négociations avec l’Unamab jusqu’à ce jour.
Au contraire, le ministère de la Justice procède déjà à l’installation des juges dont les nominations contestées sont les principales revendications corporatistes. De quoi se convaincre donc de que le pouvoir Yyai n’est nullement dans la logique du dégel total de la crise sociale au Bénin
Pour fustiger un certain nombre d’injustice dont ils sont victimes, les juges béninois à travers l’Union nationale des Magistrats du Bénin (Unamab) ont déclenché des mouvements de grève. De 48 heures par semaine au départ, ces grèves sont passées à 72 heures.
Les revendications des magistrats ont pour noms : la cessation de la filature du juge Houssou Angelo, la mise en place d’un dispositif pour assurer la sécurité de tous les magistrats et la correction sans délai de toutes les nominations irrégulièrement prononcées en 2011 et 2013. Comme pour témoigner leur soutien aux Magistrats, le Syndicat des travailleurs de la justice et assimilés du Bénin (Syntrajab) a lancé un mouvement de grève à travers "un arrêt collectif et concerté de travail de solidarité renouvelables par tacite reconduction.
Le Syntrajab ne revendique pas l’attribution de nouvelles primes, mais plutôt des avantages dus à ses militants depuis le 1er janvier 2O13 et restés impayés ainsi qu’un meilleur suivi et une meilleure gestion de la formation, de la carrière et des dossiers administratifs des travailleurs de la justice en souffrance (Ape, Ace et 6 occasionnels non encore reversés). Outre l’Unamab et le Syntrajab, les Greffiers ont aussi lancé une grève, paralysant ainsi tout le secteur de la Justice.
Mauvaise foi
Après plusieurs séances de négociations, l’Unamab a décidé d’une levée de sa motion de grève accordant un moratoire d’un mois au gouvernement.
Donc il y a bientôt un mois que les Magistrats ont prouvé leur bonne foi en accordant un moratoire au gouvernement qui en retour est censé satisfaire leurs revendications. Mais depuis, rien, pas de reprise des négociations. Le hic, c’est que le gouvernement vient de démarrer l’installation des juges dont les nominations font objet de contestation. Une situation qui de toute évidence va provoquer une nouvelle levée de boucliers...
D’ailleurs, les couleurs s’annoncent déjà avec les cris d’alarme du magistrat Michel Adjaka, président de l’Unamab. «…. le 04 mars 2014, l’Unamab, en Assemblée générale, a décidé de suspendre son mot d’ordre de grève lancé le 03 décembre 2013. Depuis cette décision, aucune négociation n’a eu lieu entre l’autorité de tutelle et le Be/Unamab.
Pire, le moratoire qui vient à expiration le 04 avril 2014, soit dans environ dix (10) jours, a été mis à profit par le Gouvernement pour programmer l’installation du président du tribunal de Cotonou dont la nomination est contestée. Ainsi va la gestion du moratoire au ministère de la Justice », peut-on lire sur la page Facebook du président de l’Unamab.
Conséquences
Cette déclaration qui exprime le regret des magistrats est bien la preuve de ce que la grogne est toujours de mise dans le secteur de la Justice.
De l’avis des observateurs, le gouvernement à travers son mépris pour les magistrats donne raison aux centrales syndicales qui rejettent toute proposition de moratoire. Sinon comment comprendre qu’après avoir accordé par deux fois des moratoires au gouvernement, les négociations restent toujours dans l’impasse à la Justice et les revendications non satisfaites ?