Les barils étaient un rêve, et le délestage la réalité. Ils ont donc perdu du temps à fantasmer sur le pétrole, pendant que la tempête venait. Les populations aujourd’hui à l’inverse de leur rêverie vivent le cauchemar puisque partout, les ténèbres couvrent nos grandes agglomérations. L’opacité non seulement marque le quotidien des Béninois, mais aussi enveloppe définitivement les politiques gouvernementales en matière d’énergie. Le délestage fait rage, il est présent et afflige les abonnés, enfonçant dans leurs facturations minute après minute, la dague de l’énervement et de la désolation. Colère et amertume, indignation et questionnement et pour finir dommages et ralentissement de l’économie. Eh bien, c’est la crise et nous sommes bien entre le rouge et noir.
Que peut alors un Directeur Général, maladroit et impuissant face à un héritage séculaire ? Que peut un ministre inénarrable et fantasque devant ce pataquès, qui au fil du temps laisse envoler l’espoir ? Que peut un gouvernement face à la crise énergétique ? Beaucoup : La question du délestage est aussi vieille que notre indépendance. Cependant, l’autonomie énergétique n’a jamais été atteinte au Bénin et les dirigeants naviguent entre mirages et mensonges. Après bientôt trois décennies de démocratie, force est de constater aujourd’hui que cette question pourtant capitale, n’a jamais été une préoccupation pour les gouvernements qui se sont succédé>
Dans la moitié des années 90, les Béninois ont cru que ce mot délestage avait été créé pour la circonstance, mais ils étaient loin de s’imaginer qu’il allait bien faire partie de leur quotidien. Soit. La question du délestage ressemble de nos jours à un chantier inexploré parce que des années durant, les dirigeants ont passé du temps à faire du saupoudrage.
Et pourtant, cette question, à s’y méprendre, constitue l’une des pièces maîtresses du pouvoir du changement puis de la refondation. L’atteinte de l’indépendance énergétique, tel un vieux disque rayé, a été le refrain du candidat puis du président pendant de longs mois. Après huit ans, Cotonou, aujourd’hui, est comparable à Lagos, Dakar ou Conakry. L’énergie électrique reste un mythe. Tout porte alors à croire qu’aujourd’hui comme hier, aucune politique énergétique sérieuse n’a été au cœur de la résolution de ce problème. Les différents projets de construction de barrage restent des épouvantails agités à chaque occasion sans véritablement connaître un début de commencement. Que de projets, que d’idées, que de gâchis et d’illusions.
Dans cette optique de paraitre et d’agiter des incantations sans vouloir véritablement s’attaquer au problème, le pire s’est enfin produit. Maria Gléta fut la concrétisation de l’abomination et de l’incompétence dont ont fait montre les techniciens depuis des années. Prévue pour sauver les populations, après des expropriations et des centaines de déplacés, l’appareillage de la fameuse turbine n’a pas donné de l’électricité mais du feu. A quoi rime alors l’indépendance énergétique chère à la refondation ? La réponse est bien là. Et si l’énergie rime avec développement, où va le Bénin par les temps qui courent où les commerçants et autres opérateurs économiques ne disposent de l’électricité que 5 heures par jour ? Il est l’heure, une fois de plus, de situer les responsabilités. S’il est vrai que depuis des décennies, le Bénin s’est retrouvé à son aise cultivant la mendicité du courant électrique, il est aussi vrai que depuis les dix dernières années, la situation n’a cessé de s’empirer. L’extension du réseau électrique induit plus d’abonnés, donc plus de mégawatts pour le bénin. Le changement à alors une grosse part de responsabilité dans ce qui nous arrive, car aucun régime que celui-là, n’a autant basé sa survie sur l’indépendance énergétique, occasionnant du coup une perte de près de 45 milliards au contribuable dans l’érection de la poudrière de Maria Gléta. L’Indépendance énergétique restera finalement un vœu pieux, comme beaucoup d’autres chantiers annoncés ces dernières années. Il convient donc de dire que sur ce tableau aussi, Boni Yayi a simplement réussi dans les discours et non sur le terrain. Une fois de plus, il s’est tiré une balle dans le pied.