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La Presse du Jour N° 2097 du 21/3/2014

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Accession à la magistrature Suprême : les qualités requis pour le futur président du Bénin
Publié le vendredi 28 mars 2014   |  La Presse du Jour




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Qu’il soit porté par un parti ou coalition de partis politiques, ou alors par des mouvements politiques, associatifs et autres, le prochain président de la république ne saurait être ni le président d’un parti ou d’un mouvement, ni le président d’une région, ni le président de la revanche, ni le président de la providence, mais le président de tous les Béninois, expérimenté et compétent dans la conduite des affaires publiques et des hommes.

Un vrai homme d’écoute, de réflexion et de vision. Voilà le leadership dont a besoin le Bénin pour remettre le pays à l’endroit, et voir la perspective «alafia» avec plus d’assurance pour, comme dirait le professeur Albert Tévoèdjrè, vaincre la fatalité.

En conclusion de notre dernière réflexion portant ‘’Magistrature Suprême : argent, gouvernance et bien commun’’, nous écrivions : qu’ « il n’est déjà pas trop tôt pour réfléchir sur les qualités de l’homme qui devra assurer la relève».
Il n’est, en effet, pas trop tôt parce que dans notre pays, nous avons du mal à nous adapter aux conditions nouvelles en toute chose, et singulièrement en politique; les gestionnaires du statu quo ne se laissent pas conter facilement.

Et pourtant, l’élection présidentielle de 2016 aura, dans sa nature et peut-être dans sa manière, une particularité à laquelle il convient de préparer les esprits dès à présent, afin de leur permettre de s’y adapter, le cas échéant, et de n’en être point surpris, quand bien même, à certains égards, le cas de figure se serait déjà présenté dans le passé.

La particularité fondamentale de la prochaine campagne présidentielle
Aux termes de la Constitution, le titulaire actuel du fauteuil présidentiel quittera sa charge en 2016. La campagne n’aura donc pas en face d’elle un candidat faisant des pieds et des mains pour défendre son maintien aux affaires.

Les partis entreront tous en compétition pour accéder au pouvoir, avec les mêmes chances, sans se soucier de défaire quelqu’un qui bénéficierait de l’atout de l’occupant. C’est une donne importante qui devrait influencer la stratégie habituelle des formations politiques, en pareille occurrence. Les alliances, telles que nous en avons commues en 2011, ne seront pas de mise : il n’y a personne à affronter. Elles ne pourront se conclure, le cas échéant, que pour porter au pouvoir un candidat commun.

En d’autres termes, la prochaine élection présidentielle aura l’avantage de ne pas être frappée du sceau de la négativité, mais de l’espérance. Il faudra alors un homme qui incarne cet espoir. Faisant pendant à la particularité fondamentale, ce sera sa particularité spécifique et l’on ne peut exclure le fait que l’homme de la situation ne soit pas chef de parti. C’est donc le moment d’esquisser, les compétences techniques et les qualités politiques que l’on est en droit d’attendre de lui.

Le préalable d’une expérience technique intense et soutenue
La situation actuelle de déconfiture des valeurs républicaines, l’incertitude et l’extrême tension dans laquelle est plongé le pays, résultant des crises successives de toute nature, n’autorisent pas à placer à la tête de l’Etat, un homme qui viendrait y faire ses premières armes, un néophyte en gestion d’affaires d’Etat ; la situation est grave et, ni tâtonnement, ni hésitation ne saurait être permise.

La personnalité que le peuple choisirait pour prendre les rênes de l’Etat, devrait avoir, déjà et d’entrée de jeu, une expérience préalable suffisante et, discursivement, une perception et une vision claires des affaires qu’il aura à gérer. Il sera un homme d’une compétence et d’une expérience technique à toute épreuve.

L’élément ‘’expérience ‘’devrait être déterminant dans la décision de l’électeur à choisir celui qu’il voudra mettre au sommet de l’Etat. Et à ce sujet, il me souvient le mot d’un homme politique américain qui, voulant faire valoir, au cours d’une campagne électorale, son atout sur son rival plus jeune, a dit en des termes similaires, avec beaucoup de sagacité et un brin d’espièglerie:

« On peut tout acheter dans la vie ; on peut acheter la femme, l’enfant, le juge, l’homme politique (…) mais, il y a une seule chose que l’on ne peut jamais acheter, c’est l’expérience. » Et il avait raison. La véritable expérience, c’est celle que l’on a effectivement et personnellement vécue et dont on sait tirer les bons enseignements et le meilleur parti.

Concernant le nouvel homme que le citoyen lambda aimerait bien porter à la Présidence de la République, le meilleur cas de figure serait qu’il ait déjà participé à la gestion de l’Etat, notamment comme Ministre de la République et collaborateur du Chef de l’Etat, Et cette collaboration devrait avoir été sur une longue période d’affilée et la plus récente possible, pour donner l’assurance que le prétendant est bien au fait de l’état actuel des différents dossiers et de la manière dont ils sont traités.
Il est vrai que cette participation au gouvernement, pendant une longue période peut, en revanche, donner à d’aucuns, matière à rendre le collaborateur, comptable de la gestion des affaires de l’Etat, qui au demeurant, ne s’est pas avérée bien reluisante.

Outre la trop grande simplicité de ce raisonnement, il sied d’être circonspect dans ce genre de situation et de faire preuve de discernement dans les partitions : celle du Chef de l’Etat et celle de la personne qui l’assiste. La décision a toujours appartenu au chef sous tous les cieux; c’est sa façon de voir qui prime et qui prévaut, en toutes circonstances, quelle que soit la qualité, et, des fois, en dépit des conseils qui lui sont donnés. Et il arrive, bien souvent, que ce soit pour éviter des crises politiques, que le proche collaborateur consente à rester à la barre, prenant en compte l’intérêt supérieur de la Nation.

Mais, si en définitive, celui-ci estime que les points de vue divergent à tel point que les fondamentaux ne sont plus respectés, l’on conçoit aisément qu’il décide de s’en aller, de son propre chef. En cela résideraient, tout ensemble, sa force et son sérieux, d’autant qu’en règle générale, les Ministres, dans notre système, ne s’en vont guère, si ce n’est qu’ils sont démis de leurs fonctions. Quand bien même les circonstances et leurs convictions intimes l’imposeraient, ils ne se donnent jamais le mérite de marquer leur rupture d’avec le Chef de l’Etat

Non seulement le citoyen lambda recherche un homme qui ait une expérience effective de la gestion d’Etat sur une longue période, mais encore il regardera de près et scrutera l’importance des fonctions qu’il aura assurées dans la pyramide gouvernementale ; ce devraient être à des postes-clés dans le processus du développement de notre pays. Si donc, telle personnalité existe dans l’arène politique, c’est à elle qu’il convient, sans conteste, d’avoir recours. Un homme à la stature d’un très bon technicien, mais aussi d’homme politique d’une probité morale avérée.

Un technicien doublé d’un homme politique
L’homme qu’il faudrait au sommet de l’Etat, devrait avoir ces deux atouts. En effet, lorsque le technicien se met systématiquement à l’écart de la chose politique, il commet une erreur, parce que bien des décisions politiques prises, au niveau stratégique, sans sa participation ont des retombées économiques et sociales qui, en définitive, finiront par s’imposer à lui, puisqu’il lui reviendra de les mettre en œuvre. Si donc, en plus des qualités techniques dont nous avons fait état ci-dessus, l’homme que recherche le peuple a également la stature d’homme politique dans son cursus, il y a raison de plus pour aller le chercher là ou il est. Mais peut-il accéder au pouvoir sans être chef de parti, en exercice?
Un candidat à un suffrage national


En tout état de cause, le leadership partisan ou même la simple appartenance à un parti politique, ne peuvent être une panacée, eu égard à ce qui nous préoccupe. Dans une précédente réflexion, nous écrivions que dans l’état sociopolitique actuel de notre pays, nous avons besoin certainement d’un Président de la République, qui fasse l’unanimité au-delà des partis et à l’abri de la puissance et de la pression de l’argent.

Nous rappelions également les cas des Présidents Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo qui, chacun en des conditions et des occasions différentes, ont été propulsés à la tête de l’Etat, sans avoir été chef de parti. En effet, autant un candidat à la Magistrature Suprême peut être soutenu par des alliances de partis acquis à ses idées de gouvernance, autant il peut l’être par des associations et des mouvements, qu’ils émanent des partis traditionnels, ou qu’ils soient constitués de façon spontanée et autonome.

Au demeurant et mieux que les partis qui restent figés et embrigadent leurs militants, les associations et les mouvements sont spontanés et vrais ; ils respectent les libertés individuelles et les convictions profondes des partisans.

C’est d’évidence que nous ne sommes pas accoutumés à cette façon de voir les choses, soumis que nous restons, en principe, à la discipline du parti. Il convient de reconnaître toutefois que l’on peut continuer d’être fidèle à son parti et à son obédience politique, tout en portant occasionnellement sa voix sur une candidature extérieure, pour des raisons bien précises et dans l’intérêt supérieur de la Nation. Cela, d’autant plus aisément que le candidat à soutenir, ne se prévalerait d’aucun parti politique. Les esprits devraient, alors, se libérer des conditions et des préoccupations partisanes, pour le soutenir.

Ce n’est pas de la transhumance politique, que nous réprouvons du reste, que de se détacher, le cas échéant, de son parti pour soutenir une candidature à la Présidence de la République, dans les conditions socio politiques dramatiques que nous connaissons aujourd’hui.

Ce n’est pas de la transhumance, d’autant que ce soutien ne donnera guère l’occasion de suivre le schéma classique, à savoir quitter un parti pour aller s’inscrire dans un autre. En tout état de cause, l’on devrait avoir bonne conscience d’apporter son soutien à un candidat à la Magistrature Suprême qui réunisse les qualités exposées ci-dessus. Et, ce serait la cerise sur le gâteau, si l’on voyait en lui, l’homme du dialogue social et de la solidarité entre les différentes couches sociales de la Nation.
Les défis et les enjeux du prochain candidat à la Magistrature Suprême
Pour obtenir l’adhésion populaire que nous lui souhaitons, le candidat indépendant des partis politiques, devra satisfaire le peuple en deux points :

- D’abord, recenser les griefs de la population contre le régime actuel et exposer clairement la manière dont il pense y faire face afin de satisfaire les attentes du citoyen. Le candidat devrait être à l’aise dans cet exercice puisqu’il connait les problèmes et que ses compétences techniques devraient l’aider à y trouver les solutions idoines
- Puis, présenter un programme d’actions et un projet de société. Tous les atouts dont dispose le candidat que le peuple souhaite voir à la tête de l’Etat, devraient lui permettre de présenter un projet qui tienne la route et qui réponde aux aspirations du peuple.

D’ores et déjà, nous souhaitons ardemment qu’un face-à-face radiotélévisé soit organisé pour les deux candidats que les électeurs auront retenus pour le second tour des élections. Un face- à -face au cours duquel chacun défendra ses idées de gestion des affaires d’Etat dans les différents secteurs d’activités. Nous emboiterions ainsi le pas aux démocraties modernes et transparentes, et prendrions de la graine auprès de la Côte d’Ivoire qui, sauf déficit d’information de notre part, a inauguré la méthode, en Afrique de l’Ouest, avec le débat entre les Présidents Gbagbo et Ouattara.

Telles sont les qualités que le peuple souhaite retrouver chez l’homme qui devra assurer la relève de la Magistrature Suprême ainsi que la manière dont il pourrait y accéder, S’il parvenait à hisser à la tête de l’Etat, une personnalité qui y réponde, ce serait une première, depuis notre accession à la souveraineté politique. Nous n’aurions jamais eu, jusqu’alors, un Président auréolé d’autant d’atouts ; que ce soit en termes de compétences techniques, d’expérience concrète aussi bien de la gestion de la chose publique, qu’en politique. Pourquoi ne pas lui faire confiance alors ? Le jeu vaut bien la chandelle.

Nous aimons à penser que nous aurons concouru à aider, quelque peu, le lecteur à se déterminer. Nous estimons, en effet, que sa décision sera plus difficile à prendre que lors de l’élection présidentielle précédente. L’essentiel, c’est de ne pas louper le coche.


Candide Ahouansou

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