(La transhumance donne des soucis à Me Houngbédji)
Quelques semaines après sa démission du Parti du renouveau démocratique (Prd), le maire de Porto-Novo, Moukaram Océni a rendu officiel son entrée à la mouvance présidentielle au cours d'un géant meeting politique présidé par le ministre d'Etat. Une occasion qui a permis aux conseillers frustrés du Prd d'annoncer eux aussi leur prochain revirement. Ces départs au-delà de la recomposition politique du conseil communal de la ville de Porto-Novo, laissent penser que les Tchoko-tchoko qui se disent en terre conquise à Porto-Novo, auront fort à faire lors des prochaines joutes électorales.
<< Nous avons choisi le camp du développement... Nous prenons l'engagement de soutenir le président Thomas Boni Yayi jusqu'à la fin de son mandat >> ainsi parlait l'édile de la ville de Porto-Novo lors de sa première sortie politique après sa démission du Parti du renouveau démocratique (Prd). Moukaram Océni venait ainsi donc de rejoindre la famille politique présidentielle. En organisant le meeting de Porto-Novo, Moukaram Badarou, préfet des départements de l'Ouémé-Plateau et ancien transfuge du Prd avait donc pour objectif, non seulement de réitérer le soutien de sa base politique au président
Boni Yayi, mais aussi d'accueillir son homonyme qui venait de lui emboiter les pas en claquant les portes du parti arc-en ciel. << Mon homo Moukaram océni, nous venons tous du même endroit, mais je peux vous rassurer que ici est mieux... Monsieur le maire, ici est mieux >>, a-t-il dit.
Le Prd se vide
A la suite de son prédécesseur Bernard Dossou premier maire de la ville de Porto-Novo depuis l'avènement de la décentralisation au Bénin, Moukaram Océni s'aligne donc derrière le chef de l'Etat. Un départ qui selon le ministre d'Etat François Abiola devrait être un grand signal pour leurs amis d'en face. << Le maire d'avant nous a rejoints. Le maire actuel vient de faire la même chose. Qu'en est-il du prochain maire ? >>, s'est demandé François Abiola qui invitera toute la mouvance présidentielle à accepter le nouveau venu qui selon lui
est un << baobab >>. Avant le maire Océni, le parti de Me Adrien Houngbédji avait déjà enregistré d’autres départs. Les maires Mathias Gbèdan (Sèmè-Podji), Yaya Saka (Adjarra), Georges Nounagnon (Avrankou), Saliou Akadiri (Pobè) ... D'ailleurs, tout ce parterre de dissidents du Prd, aujourd'hui membres actifs de la mouvance présidentielle étaient aux côtés de leur épigone ce 30 mars 2014. Cerise sur le gâteau, six autres conseillers municipaux Prd de Porto-Novo s'apprêteraient à faire défection. Les derniers votes au
sein du conseil dont les résultats sont portés à 18 voix contre 15
contrairement à 28 contre 8 au départ confirment l'information.
Avenir politique
En démissionnant du Prd, Moukaram Océni a décidé de prendre son avenir politique en main. D'où la nécessité pour lui de prendre des décisions majeures qui engagent sa carrière politique. Du coup, l'on se demande si le maire de Porto-Novo a fait le bon choix en adhérant à la mouvance. Difficile de répondre pour l'heure, mais les observateurs font deux hypothèses. Le revirement de Moukaram Océni peut s'inscrire dans la perspective des prochaines communales car avant même de tomber en disgrâce avec sa formation politique originelle, il savait déjà qu'il ne pourra plus être positionné en raison la fameuse règle de rotation ethnique qui définit le choix des candidats dans le parti. La création annoncée du mouvement << Bp 2025 >> (Bâtissons Porto-Novo jusqu'en 2025) par Moukaram Océni semble s'inscrire dans cette logique. Mieux, le discours tenu par l'homme pendant le meeting n'est pas anodin : <<(...) la jeunesse à compris là où se trouve son intérêt et nous avons choisi
le camp du développement, le camp du président Boni Yayi. Dites-lui, M. le ministre d'Etat que la jeunesse de la ville capitale est derrière lui. On nous a suffisamment trompé, on nous a suffisamment désorienté, mais il est temps, l'avenir de Porto-Novo est dans votre main. On ne peut pas tourner dos en tant que ville capitale à un gouvernement. Le chef de l'Etat a trop fait pour Porto-Novo. Plus de 33 milliards entre 2009 et 2011 au profit de la ville capitale. Dites-lui que la jeunesse de Porto-Novo sera encore plus mobilisée derrière lui s'il réalise pour nous le dédoublement du pont d'entrée de la ville, la finition du haut cadre qui passe par Djassin-Louho-Dowa-Ouando-Agata-Gbokou, et la route qui quitte l'entrée de la ville pour Missérété en passant par Nadjo-voie 40 >>. Moukaram Océni justifie donc son choix. Reste à savoir si à Porto-Novo, il aura la même chance que ses collègues d'Avrankou et de Sèmè-Podji qui ont pu rempiler après avoir retourné leur veste. Par ailleurs, des observateurs notent dans les discours et dans la forte représentativité du gouvernement au << baptême >> de Moukaram Océni, un engagement personnel du chef de l'Etat aux côté de son nouveau disciple qu'il peut décider de promouvoir. Wait and see.
