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La Presse du Jour N° 2097 du 21/3/2014

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Sanction à l’encontre des personnes accusées de mal gouvernance au Bénin : la «justice» à double tranchant de Boni Yayi
Publié le mardi 1 avril 2014   |  La Presse du Jour


Conseil
© Autre presse par Presidence
Conseil de l`entente: réunion des chefs d`Etat et de gouvernement à Niamey.
Mardi 17 Décembre 2013, à Niamey (Niger). Tenue de la 2 ème session ordinaire de Conférence au sommet des Chefs d`Etat et de Gouvernement du Conseil de l`Entente. Photo : Le president Boni Yayi.


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Le régime dit du Changement et de la Refondation se caractérise par des scandales hors pair. Et la manière dont les sanctions sont prises à l’encontre de tel ou tel interpelle à plus d’un titre. Le dernier cas en date est celui de la Société béninoise d’énergie et électrique (Sbee). Là, l’on accable un directeur général alors que son ministre de tutelle cité dans le même dossier est imperturbable.

Sous le régime dit du Changement et de la Refondation, l’on est bien tenté de dire que la justice est sélective. On a bien l’impression que la décision ou non de prendre des sanctions contre X ou Y se prend selon la tête du client. Partons de quelques cas d’école : trois ministres du précédent gouvernement étaient soupçonnés de mauvaise gouvernance. Il s’agit de Blaise Ahanhanzo-Glèlè, ex ministre de l’environnement, de l’habitat et de l’urbanisme.

Même sous ce manteau, il a été écouté et gardé à vue à la Brigade économique et financière au sujet de l’affaire de construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale. Heureusement pour lui, il s’est sorti d’affaire. Pour le moment. Il avait continué d’exercer ses fonctions de ministre jusqu’à son éviction du gouvernement.

Au même moment, sa collègue de la fonction publique était plongée jusqu’au cou dans le dossier de concours «frauduleux» organisés au profit du ministère de l’économie et des finances. Cette affaire constitue l’un des grands scandales du régime en place. Mais la ministre Mémouna Kora Zaki n’avait nullement été inquiétée.

Mieux, l’un de ses collaborateurs fortement impliqué dans l’organisation des concours fortement décriés a été promu directeur de cabinet du ministère en charge de la communication. Une prime à la fraude et à la médiocrité. Les travailleurs de ce ministère seraient en train de s’opposer à sa prise de fonction. N’ont-ils pas raison d’agir ainsi ? N’est-ce pas là une leçon à nos gouvernants ? Venons-en à la situation qui a prévalu à la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss).

Là encore, c’est un directeur général sur lequel des soupçons de malversations financières ont pesé. Certains travailleurs, membres du Conseil d’administration, syndicats du Cnss, étaient montés au créneau à plusieurs reprises pour dénoncer la gestion de ce directeur. Mais le gouvernement qui l’a nommé n’a pipé mot. Au finish, malgré le rapport de la commission d’enquête qui n’est pas à l’avantage de ce directeur général, il a été enlevé de son poste et promu ailleurs. Des ministres du gouvernement Yayi, à l’époque, n’avaient pas eu froid aux yeux en défendant cette promotion.
«Le monde à l’envers»


«C’est le monde à l’envers», avait dit un acteur de la politique nationale. Aujourd’hui, les Béninois sont en train de vivre ce qui apparait comme une justice sélective à la Sbee. Selon des sources proches du dossier, le désormais ex directeur général de la société, accusé de malversation financière, s’est défendu comme cela se doit, documents à l’appui.

Dans ce dossier sont cités le ministre de tutelle et l’un des collaborateurs de ce dernier. Seulement, sans attendre les conclusions d’une éventuelle commission d’enquête, on a vite fait de sauter ce directeur général. (Ce que le gouvernement en son temps n’avait pas fait concernant l’ex Dg/Cnss).

Mieux, à la Sbee actuellement, le ministre de tutelle qui n’est pas étranger dans ce dossier reste imperturbable. L’idéal aurait été de mettre à l’écart tous ceux qui sont cités dans ces présumés soupçons de malversations financières à la Sbee afin que les enquêtes suivent leur cours normal. Tel n’a pas été le cas.

C’est plutôt dans les escaliers du tribunal de Cotonou, après que le procureur de la République les a interrogés tous sur l’affaire, que le ministre de tutelle a annoncé à son directeur général qu’il sera démis de son poste. Ce qui s’est vérifié quelques heures plus tard. Heureusement pour lui aussi,

il s’est tiré d’affaire pour le moment. Sans aller dans d’autres considérations auxquelles l’opinion publique fait souvent allusion, l’on se demande sur quelle base le régime en place prend ses sanctions à l’encontre des personnes accusées de malversations financières ou de mal gouvernance. « Contrairement à ce qui s’est passé à la Cnss, l’on a vu dans ce cas la célérité avec laquelle le gouvernement a destitué le Dg de la Sbee alors que rien ne prouve encore sa culpabilité », a commenté un syndicaliste. Aujourd’hui, dans les prisons béninoises, il y a l’ex directeur général de la Sonacop, Expédit Houessou ;

le Dg Serhau-Sa et certains agents du ministère de l’environnement pour ne citer qu’eux. Joseph Ahanhanzo-Glèlè a été limogé du poste de directeur général du port de Cotonou. Mme Colette Houéto, ministre dans le premier gouvernement de Yayi, a été limogée pour des considérations que certains qualifient de mineures. D’autres, par contre, ne sont pas inquiétés. Quelle justice sous le Changement et la Refondation !


Grégoire Amangbégnon

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