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Le Matinal N° 4320 du 31/3/2014

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Crise énergétique au Bénin : l’Ordre des avocats dénonce une incapacité des dirigeants
Publié le mardi 1 avril 2014   |  Le Matinal


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Les avocats sont aussi affectés par la crise énergétique qui frappe le Bénin entier depuis peu. Et ils dénoncent le fait. Dans une déclaration signée du Bâtonnier, Cyrille Djikui, l’Ordre des avocats dénonce la persistance de la crise qui serait « le signe par excellence de la mauvaise gestion, du manque d’anticipation et d’une incapacité réelle à gérer la distribution de l’énergie électrique ». Tout en exigeant la transparence dans la gestion de la Sbee et la Soneb, l’Ordre invite le gouvernement à prendre les mesures nécessaires afin de pallier le « drame national ». Lire l’intégralité de la déclaration.

Déclaration de l’ordre des Avocats du Bénin

Depuis plusieurs semaines, la fourniture de l’énergie électrique et de l’eau souffrent de très fréquentes interruptions de plusieurs heures.

Ces interruptions par leurs fréquences constituent un frein préjudiciable à la production dans les cabinets d’avocats notamment pour la saisie informatique des correspondances professionnelles, des actes de palais voire même la simple réception de la clientèle à qui la confidentialité n’est plus garantie par l’ouverture des portes et des volets.

Pour les cabinets ayant dû acquérir un groupe électrogène, des frais nécessaires à leur fonctionnement viennent d’avantage grever les charges de gestion déjà lourdes.

Ces désagréments dont la liste n’est pas exhaustive, ne sont nullement favorables à la survie des cabinets d’avocats. L’Ordre des Avocats du Bénin ne peut donc garder silence.
En effet la population et les entreprises de production au Bénin, au même titre que les Avocats ressentent les impacts négatifs et handicapants de cette situation. Et ce qui est singulier voire attentatoire aux droits des citoyens, est que cette situation perdure sans que les sociétés publiques en charge de ces services commerciaux et d’intérêt général ne prennent aucune initiative pour donner auxdits citoyens, les explications qu’ils sont en droit d’attendre. Or, si l’on doit s’en tenir aux aspects juridiques de la situation, ces sociétés publiques sont tenues à une obligation d’informer leurs abonnés sur les raisons de l’inexécution par elles de leurs obligations contractuelles d’assurer une fourniture satisfaisante de l’énergie électrique et de l’eau et surtout des mesures d’urgence qui sont prises pour mettre sans délai, un terme à ce drame national.
Il convient par ailleurs de constater que les consommateurs alors même que leurs légitimes droits sont impunément bafoués, n’osent pas afficher leurs désappointements au delà de récriminations in petto.

Ainsi, à force de tolérer l’absence d’éclairage public et le défaut de fonctionnement des feux tricolores, le délestage constant et ses conséquences collatérales sur leur moral, sur leur pouvoir d’achat, et/ou sur la capacité de la production industrielle et commerciale, il s’installe de façon pernicieuse dans la conscience des citoyens, une résignation à trouver normale une situation si désastreuse.

Au delà de cette résignation, les populations ont le sentiment que ces entreprises publiques, sont plutôt le refuge de dirigeants au service d’autres causes que la bonne gouvernance à laquelle ils sont tenus en vertu de leur mission.

Cette situation interpelle tous les Béninois parce qu’elle constitue un frein à la production et au développement économique et social de notre pays.

La crise énergétique n’est en effet ni mondiale ni régionale. Elle est plutôt circonscrite au Bénin.
Pour s’en convaincre, les pays voisins connaissent une situation quasi normale notamment le Togo. Le Benin a pourtant en partage avec le Togo, la Ceb, qui leur assure en commun, la fourniture de l’énergie électrique. La persistance de cette crise énergétique au Benin depuis de nombreuses années, finit donc par révéler, par la soudaineté et la dureté de l’épisode actuel, une incurie, à savoir :

1°/ qu’aucune réflexion sérieuse ni aucune solution durable ou définitive n’a été sérieusement ou efficacement mise en œuvre à ce jour au Benin pour une distribution satisfaisante ou pour la production de l’énergie électrique à la mesure des besoins et des enjeux de développement.

2°/ sans entériner la cessation de paiement de ces sociétés d’Etat, cette crise, est le signe par excellence de la mauvaise gestion, du manque d’anticipation et donc d’une incapacité réelle à gérer la distribution de l’énergie électrique au Benin et à fortiori la production de celle ci.
C’est en somme, la concrétisation de la faillite de l’Etat providence au Benin, du manque de perspectives et de choix inappropriés.

L’Ordre des Avocats, appelé dans une tradition républicaine à éveiller les consciences quand le péril guette, se fait alors l’impérieux devoir :

d’exiger la transparence dans la gestion de la Sbee et de la Soneb et surtout dans la facturation des consommations notamment durant cette période de délestage.

de rappeler le devoir d’information suffisante des consommateurs.

de solliciter les acteurs économiques afin qu’à conditions d’exploitations identiques ou similaires l’initiative privée ou commerciale prenne le relais ou crée la concurrence dans la production et la distribution de l’énergie électrique et de l’eau.

et enfin d’inviter le Gouvernement, à mettre en place un dispositif fiscal et douanier incitatif à la promotion des énergies vertes ou renouvelables appropriées à la consommation des populations.

Faite à Cotonou, le 25 Mars 2014

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