Le ministre de l’Energie, Barthélémy Kassa a essuyé un premier revers dans l’affaire des deux milliards à la Société béninoise de l’énergie électrique (Sbee). Alors qu’il incrimine l’ancien Directeur général de la société, Marius Hounkpatin, la justice l’a lavé de tout soupçon.
Aucune charge n’a été retenue contre l’ex-Dg. Le procureur de la République n’a pas jugé opportun de les poursuivre. Ce qui laisse croire que les accusations portées contre M. Hounkpatin et ses collaborateurs à savoir décaissement de deux milliards au profit des voyages du Chef de l’Etat et mauvaise gestion ne sont pas fondées. Ce qui ressemble à un premier vrai camouflet pour le ministre de l’Energie, Barthélémy Kassa. Le lundi 31 mars 2014, lors de la conférence qu’il a tenue pour se défendre face à l’opinion nationale, ̏ le ministre du sous-sol ̋ a usé de toutes les stratégies pour montrer qu’il y a mauvaise gestion sous l’ancien Dg Marius Hounkpatin. Il a fait dire au Président du Conseil d’Administration de la Sbee, Chabi Taouéma que les provisions pour les créances douteuses de l’année 2014 ont été gonflées dans une intention lugubre par l’ancien Dg et son équipe. Barthélémy Kassa a également tenté de noircir la gestion de M. Hounkpatin en soutenant qu’un cabinet international commis par le gouvernement a constaté une augmentation d’année en année de provisions diverses à la Sbee.
Des détours tout trouvés pour faire croire que l’ex Dg qu’il a éjecté du système Yayi a sa place en « enfer ». Ironie du sort, son ancien collaborateur qu’il voue désormais aux gémonies a été libéré par la Justice. Le Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Cotonou n’a pas trouvé de charges suffisantes pour le poursuivre. Lui et quatre de ses collaborateurs. En attendant que le gouvernement monte d’autres dossiers contre un collaborateur réputé fidèle à travers une stratégie d’acharnement bien connue, Marius Hounkpatin peut pousser un ouf de soulagement.
La justice refuse de se faire instrumentaliser
En libérant l’ancien Dg de la Sbee, la Justice a une fois encore fait un gras pas vers la restauration de son image bien écornée sous l’actuel régime. Elle a refusé de se faire instrumentaliser dans un dossier aux contours très flous ; un dossier qui cache de grandes machinations dont seul le gouvernement en est responsable. Si la justice a été très professionnelle dans ce dossier qui pue l’acharnement, on peut également souligner que les mésaventures des magistrats tombés dans le piège de l’Exécutif dans la gestion de dossiers qualifiés de scabreux ont servi de leçons. Et il existe des exemples édifiants. Il y a Angelo Houssou, ancien juge du 6ème cabinet d’instruction du Tpi de Cotonou devenu célèbre grâce aux affaires tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat et tentative de Coup d’Etat. Alors que le pouvoir croyait pouvoir le manipuler dans lesdites affaires, le jeune et téméraire juge a dit le droit en prononçant une ordonnance de non-lieu historique le 17 mai 2013. Une décision qui avait valu des menaces de mort au juge qui a dû prendre la tangente. Il s’est enfui aux Etats-Unis à la recherche d’exil. L’ancien Procureur de la République du Tpi de Cotonou, Justin Gbènamèto, lui, n’a pas eu les mêmes chances. Après avoir longtemps défendu le gouvernement dans plusieurs affaires rocambolesques (dont les deux sus citées) ayant défrayé la chronique judiciaire, Justin Gbènamèto est tombé en disgrâce. Il a été payé en monnaie de singe. L’ancien magistrat a été lâché par le gouvernement parce qu’on lui reproche d’avoir trempé dans une affaire de transactions financières frauduleuses. A la grande surprise de certains observateurs, il a été radié par le Conseil supérieur de la magistrature. Des expériences aux conséquences retentissantes que la Justice béninoise a certainement voulu ranger en rendant à l’ancien Dg Hounkpatin sa liberté conformément aux lois en vigueur.