Me Abdon Déguénon, Avocat au Barreau béninois et Expert juridique auprès du Groupe Petrolin, était hier, jeudi 03 avril 2014, l’invité de l’émission « Débat » de Canal 3. Il était pour la circonstance accompagné de M. Lazare Gnonlonfin, ancien Directeur général par intérim du Port autonome de Cotonou et aujourd’hui Consultant au sein du Groupe Petrolin dirigé par le Béninois Samuel Dossou. Répondant aux questions de notre confrère André Dossa, les deux personnalités ont apporté des clarifications à propos du projet de réhabilitation et d’exploitation du chemin de fer Cotonou-Niamey qui suscite en ce moment une grande polémique.
Dans ses propos, Me Abdon Déguénon a rappelé la genèse de ce projet dont le promoteur principal est bel et bien le Béninois Samuel Dossou que le Groupe Bolloré tente aujourd’hui d’écarter de toutes les négociations. « Dans le cadre de la réhabilitation de la voie ferroviaire Cotonou-Parakou et la construction de son extension Parakou-Dosso-Niamey, le groupe PETROLIN du Béninois Samuel Dossou a gagné l’appel d’offres international N° 5498/MDCTTP-PR/MTAC/DC/SG/OCBN du 04 août 2008. Cet appel d’offres international a été lancé par les Etats du BENIN et du NIGER, copropriétaires de la ligne ferroviaire BENIN-NIGER. La lettre d’adjudication a été notifiée à PETROLIN par ces deux (02) Etats copropriétaires du chemin de fer BENIN-NIGER, le 22 juillet 2010 », a rappelé Me Abdon Déguénon appuyé par M. Gnonlonfin. « Alors que le Promoteur Béninois attend depuis cette notification la signature de sa convention ferroviaire pour entreprendre, sur une base contractuelle, les travaux ferroviaires déjà préparés par des études techniques, économiques et financières, confiées à des cabinets d’ingénierie de renommée internationale tels que SNCF INTERNATIONAL, INDIAN RAILWAYS (RITE ETC…), un accord a été trouvé entre les deux Etats et Bolloré sans associer le concessionnaire de droit que constitue le Groupe PETROLIN de Samuel DOSSOU », ont ajouté les deux invités de notre confrère André Dossa
Plus grave, M. Samuel Dossou s’est vu imposer le Groupe Bolloré comme partenaire stratégique désigné par le Niger et le Bénin. Ceci a eu pour conséquence la modification des négociations qui avaient été faites entre ces deux Etats et le Groupe Petrolin. Désormais, le promoteur du projet qu’est Samuel Dossou se retrouve avec une portion congrue : 40% Bolloré, 20% PETROLIN, 20% pour des privés nigériens (non identifiés à ce jour) et 10% pour chacun des deux (02) Etats. Au cours de l’émission, Me Abdon Déguénon a particulièrement insisté sur les notions de partenaire et de partenaire stratégique.
Pour lui, le partenaire stratégique coopté par les Etats nigériens et béninois ne peut pas venir phagocyter le partenaire principal au point de ne plus l’associer à certaines négociations. Il a appelé au respect de l’accord de confidentialité et de responsabilité que le Groupe Petrolin a signé avec le Groupe Bolloré pour la réalisation de ce projet, surtout qu’une résolution du Conseil d’administration de l’Organisation commune Bénin-Niger des chemins de fer a reconnu l’existence légale du Groupe Petrolin comme promoteur du projet. « Tout doit être recentré », a martelé Me Abdon Déguénon appuyé par M. Lazare Gnonlonfin qui a appelé chaque partie au respect des engagements pris. « Notre objectif n’est pas de faire un procès au gouvernement, encore moins de mettre à mal ce projet. Mais il s’agit pour nous de faire en sorte que le promoteur de ce projet aussi important pour le Bénin que pour le Niger soit rétabli dans ses droits que tente de violer le partenaire stratégique qu’est Bolloré », a dit Me Déguénon.
Autres projets, autres déboires
Les déboires de l’homme d’affaires béninois Samuel Dossou ne se limitent pas à la réhabilitation de l’axe ferroviaire Cotonou-Niamey via Parakou. Il y a aussi le projet de construction et de gestion du port sec de Parakou et celui du port minéralier de Sèmè-Kpodji. Ces projets, qui font partie du grand programme « Epine dorsale », sont aujourd’hui confrontés à des difficultés. Dans moins de deux mois, le port sec de Parakou sera achevé et livré. Mais malheureusement, le Groupe Petrolin attend toujours la signature de la Convention qui définit son statut juridique. Pour ce qui est du port en eau profonde de Sèmè-Kpodji, il reste à dédommager les propriétaires terriens », a révélé M. Lazare Gnonlonfin pour qui le partenariat public-privé a ses règles qu’il faut absolument respecter.