Le Chef de l’Etat a demandé la vérification de la gouvernance à la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee), à l’Office national de radiodiffusion et de télévision (Ortb) et à Bénin Télecom Sa lors du Conseil des ministres du 26 mars 2014. Une demande que certains adulateurs de Yayi Boni peuvent trouver fondamentale dans la lutte contre la mauvaise gestion. Mais plusieurs observateurs soutiennent que c’est plutôt un cirque.
Certains responsables actuels ou anciens de la Sbee, de l’Ortb et de Bénin Télécom Sa pourront être amenés à répondre des actes qu’ils ont posés dans l’exercice de leurs fonctions. C’est en tout cas, le message qu’a tenté de lancer dans l’opinion le Chef de l’Etat en présidant le Conseil des ministres du 26 mars dernier.
Ledit Conseil a en effet décidé de prendre un décret instituant une commission pour approfondir l’enquête initiée par des audits sur la gouvernance des anciens Directeurs de l’Ortb et Bénin Télécom Sa. A la Sbee, une autre commission devra vérifier les problèmes de gouvernance déjà soulevés par des audits antérieurs et permettre d’en savoir davantage sur la question des deux milliards, une nouvelle affaire.
C’est bien une initiative qu’on pourrait applaudir, car elle devrait participer à l’enracinement de la bonne gouvernance au Bénin. Seulement, de nombreux observateurs de la scène sociopolitique restent pour la plupart dubitatifs quant à la sincérité et l’aboutissement de cette opération. D’autres n’hésitent pas à affirmer que c’est un cirque que prépare le gouvernement pour faire croire à l’opinion nationale et internationale qu’il travaille pour la lutte contre la corruption. Selon eux, le Chef de l’Etat et son équipe auront bien du mal à convaincre de leur volonté et leur détermination de batailler pour la bonne gouvernance tant ils sont restés passifs parfois complaisants face à des cas de mauvaise gestion.
En effet, dans bien de cas de mauvaise gouvernance, des commissions ont été créées et ont produit des rapports qui n’ont servi à rien. Et sous ce gouvernement, les exemples sont légion. L’un des derniers en date et qui continue de marquer les Béninois éveillés, est le concours frauduleux de recrutement d’agents au profit du ministère de l’Economie et des finances organisé en août 2012.
Après des mois de contestation et de protestation des organisations syndicales, le gouvernement s’est résolu à annuler ledit concours. Il a évoqué le non respect de cadre juridique et la violation des principes régissant la délibération et la proclamation des résultats sur la base des travaux effectués par une Commission mise en place à cet effet. Aucune sanction n’a été prise contre les personnes impliquées dans cette fraude. Les vrais auteurs ne sont aucunement inquiétés. Bien au contraire, plusieurs d’entre eux dont les responsabilités sont pourtant établies ont été promus.
Des « intouchables »
Le gouvernement a souvent inventé des subterfuges pour protéger les « intouchables » de la République. C’est ce constat désolant que plusieurs observateurs ont également fait dans le dossier du stockage de drogue découvert au Port de Cotonou.
Le Conseil des ministres tenu le 1er avril 2014 a pris connaissance des résultats de la Commission conduite par l’Inspecteur général d’Etat dans le cadre de cette affaire. Mais les décisions prises par le gouvernement ne comblent guère les attentes des populations. Les décisions contenues dans le relevé du Conseil des ministres (Lire Le Matinal du jeudi 03 avril 2014) prouvent que l’Exécutif s’attaque à de menus fretins en laissant s’échapper des gros bonnets de la petite mafia locale.
Comme dans ces deux dossiers, les commissions d’enquête mises en place à la Sbee, à l’Ortb et à Bénin Télecom Sa ne permettront pas d’élucider la gestion nébuleuse desdites sociétés. Les vrais auteurs seront épargnés. Et le gouvernement comme d’habitude ne sera nullement éclaboussé. Mais le peuple a compris le stratagème du gouvernement. Il ne croit plus aux tapages de Yayi Boni et de son équipe qui l’ont berné pendant longtemps.
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