Au Nigeria, la taxe de 110% sur les importations de riz en vigueur depuis l’an dernier continue de susciter des avis divergents.
En effet, le ministre de l’agriculture a récemment profité de l’occasion de l’annonce de la création d’un fonds de soutien de la production rizicole locale à partir des revenus générés par la taxe, pour défendre la mesure. « Le Nigéria peut atteindre l’autosuffisance rizicole mais continue de dépenser environ 2,2 milliards de dollars pour importer le riz», a-t-il déclaré en substance, avant d’indiquer que la nouvelle politique tarifaire de la république visait à encourager la production locale et qu’elle avait contribué à faire passer la production de 1,4 million de tonnes à 2,7 millions de tonnes entre 2012 et 2013.
Cependant, le ministre reconnaît que la route vers l’autosuffisance rizicole est encore longue en raison de la contrebande qui passe essentiellement par le Bénin. Une situation dont il attribue la responsabilité aussi bien aux communautés transfrontalières qui favorisent ce trafic, qu’au Service des douanes du Nigeria (NIS) qui ne prend pas, selon lui, des mesures efficaces pour lutter contre la contrebande.
Du côté des douanes, la réponse n’a pas tardé à venir notamment de la part du Seaport Terminal Operators Association of Nigeria (STOAN). L’association a indiqué que la nouvelle taxe a entraîné une baisse des résultats des douanes. Ainsi le Nigéria a enregistré une perte d’environ 1,8 milliard de dollars l’an passé et a déjà perdu 485 millions de dollars en 2014 en raison de cette taxe. « Environ 600 000 tonnes de riz ont été redirigés vers les ports de pays voisins comme le Bénin, le Cameroun, le Ghana et le Togo cette année à cause de cette taxe » poursuit l’association qui précise que les importateurs nigérians préfèrent s’approvisionner au Bénin ou au Cameroun où les taxes sont nettement inférieures à celles qui ont cours au Nigéria, et faire entrer leur marchandise en contrebande dans le pays. « La hausse des tarifs d'importation du riz a fait plus de mal que de bien à l'économie nigériane» conclut la STOAN en exhortant le gouvernement à abandonner sa politique au plus tôt.
Un avis que semble partager le ministère des finances du Nigeria, qui a récemment annoncé que le gouvernement reviendra bientôt sur la mesure. Le pays qui consomme annuellement environ 6 millions de tonnes de riz n’en produit actuellement que 2,7 millions de tonnes et importe le reste.