Le pays est dans le noir et les Béninois se demandent -à tort ou à raison- « s’il encore un capitaine dans le bateau » ? Le cri de cœur d’une chef d’entreprise en dit long : « le gouvernement peut voler mais qu’il nous donne l’énergie pour qu’on puisse travailler et nourrir nos familles ».
Il y a quelques années, Yayi Boni pouvait encore nous servir encore sa lecture empirique de la situation. La crise énergétique est due à ses prédécesseurs. Mais après huit longues années, ce disque rayé n’emballe plus la population béninoise. La crise énergétique a mis à nu l’incapacité et l’incompétence iniques de ce gouvernement à gérer le pays. Un gouvernement qui « occulte ses dettes, ses obligations, hypothèque l’avenir ».
Il y a des domaines où les phrases peuvent servir à endormir le peuple. L’énergie, c’est du concret, c’est du ressenti, c’est du quotidien. Les marches, les meetings, les prières, les libations ne donneront jamais les heures d’électricité dont ont besoin un menuisier pour scier son bois, un forgeron pour souder le fer, un médecin pour opérer son malade. L’échec est cuisant, et au soir du 6 avril 2016, la certitude qui se dégage, c’est que Yayi Boni nous laissera dans le noir.
L’enjeu est énorme puisque la productivité, le PIB et l’économie nationale en prennent un rude coup. Pourtant, tous les gouvernements responsables du monde contemporain savent, et ceci depuis des décennies, que la crise énergétique est inévitable surtout pour les pays qui dépendent de l’énergie hydraulique.
Le réchauffement climatique, la baisse du niveau des cours d’eau, une démographie galopante devraient amener les gouvernants à anticiper, à prévoir des alternatives. Au Bénin, le saupoudrage énergétique, l’absence d’une politique de prévision énergétique, une dépendance accrue au Nigeria et au Ghana déjà anémiés énergétiquement ne font que déplacer le problème. Deux semaines d’électricité pour deux mois dans le noir.
A défaut de trouver une solution à la crise énergétique, au délestage chronique, le gouvernement trouve un coupable, le coupable idéal : Marius Hounkpatin, le DG de la SBEE.
Yayi Boni veut nous faire que les crises récurrentes à la SBEE sont dues à une mauvaise gestion ou à l’incompétence des dirigeants. Et pourtant, ce n’est pas le DG qui a initié « l’achat de la turbine à gaz dont l’investissement a coûté 12 milliards et duquel aucun mégawatt n’est sorti ? » Ce n’est pas le DG qui a brûlé 44 milliards à Maria Gléta. Ce n’est pas la DG qui n’assume pas l’engagement de l’État, des milliards d’arriérés que nous devons à Akosombo au Ghana.
L’affaire des 2 milliards de la SBEE, -en voici encore une- l’affaire SBEE malgré les élucubrations du ministre de tutelle Barthélemy Kassa, laisse plus d’un Béninois perplexe. Si on connait la liste déjà astronomique de scandales financiers du régime, les Béninois devraient se frotter les mains. Deux milliards, c’est bien une goutte d’eau dans l’océan.
Toujours est-il que le futur nous situera plus sur cette rocambolesque affaire si elle n’a été déjà enterrée parce qu’elle touche directement le cœur du pouvoir, un ministre proche du président dans les affaires publiques et privées, un ministre spécialisé dans la propagande à tout-va. Suivez mon regard. Yayi Boni se contentera de la vulgaire bonne foi de Barthélemy Kassa. Pour ses amis, il laisse la fortune et les dettes.
Marius Hounkpatin quant à lui, a été sacrifié comme tant d’autres cadres du sud qu’on envoie à la guillotine sans être jugés. Marius Hounkpatin est parti, maintenant donnez-nous l’électricité.