Les partis réunis au sein de la mouvance présidentielle ont célébré l’an 3 du second quinquennat du Chef de l’Etat en fin de semaine écoulée. Car, pour eux, il y avait des raisons de se réjouir. Mais chez le Béninois lambda au regard de ses réalités quotidiennes, l’heure n’est pas à la fête.
Quel mépris pour le peuple béninois qui souffre ! C’est ainsi que s’est exclamé avec amertume un fils du Bénin au sujet du faste qui a caractérisé la célébration de l’an 3 de la réélection de Boni Yayi qui coïncidait aussi avec le 8è anniversaire de sa venue au pouvoir. Dans les quatre coins du pays, les «yayistes» ont, pour ce qui les concerne, trouvé de «bonnes raisons» de célébrer cet anniversaire qui n’a pourtant rien de gai. A prendre seulement l’exemple de l’actualité sociale. Depuis plusieurs semaines, l’école béninoise est fermée. L’administration publique est paralysée. La validité de l’année scolaire est menacée. Les élèves et les étudiants s’inquiètent pour leur avenir. L’économie nationale souffre de la grève continue des travailleurs. Une grève que le gouvernement est incapable d’arrêter avec des réponses adéquates aux revendications des travailleurs. Dans la célébration de l’an 3 du second quinquennat de Yayi, ces Béninois heureux évoquent le bilan du Chef de l’Etat. A ce sujet, l’on constate avec tristesse et indignation que depuis huit (8) ans que Boni Yayi est à la tête de ce pays, il n’a jamais pu épargner le délestage à ses compatriotes. Une pénurie de l’énergie électrique qui constituerait pourtant pour le président de la République et ses ministres «le cheval de bataille» depuis lors. Mais le peuple constate avec amertume que la fin du calvaire n’est pas pour demain. Boni Yayi partira sans doute du pouvoir dans quelques mois, malheureusement sans pouvoir garantir l’énergie électrique pour tous. Dans tous les cas, les Béninois attendent avec impatience les 2000 mégawatts annoncés devant la représentation nationale le 27 décembre 2013 lors du discours du chef de l’Etat sur l’état de la Nation. Pas d’énergie électrique, pas d’activités génératrices de revenus. Comment une bénéficiaire du microcrédit au plus pauvre pourra-t-elle fructifier son prêt, en vivre et le rembourser ? Le panier de la ménagère déjà rabougri par la politique économique du président de la République depuis huit ans, les Béninois font l’amère expérience d’être obligés de croiser les bras à longueur de journée à cause du délestage. Les bonnes dames se plaignent dans les marchés. Moins en moins de monde vient vers elles. La mévente est criarde et généralisée. Malade, le Béninois réfléchit plusieurs fois et plusieurs jours avant de se décider d’aller à l’hôpital. Des fois, il n’a pas le courage d’y aller. Beaucoup en meurent dans leur coin. Parce qu’ils n’ont pas les moyens de se soigner, malgré les gratuités décrétées par Yayi, sans base juridique et sans mesures d’accompagnement adéquates. Pas d’électricité, pas d’eau potable pour tous, pas de connexion internet de qualité ! Que célèbrent les partisans du chef de l’Etat ? Les Béninois vont mal. Il faut avoir le courage et l’honnêteté de le reconnaître. Et cet anniversaire devrait être l’occasion de réfléchir à comment améliorer les idées du Chef de l’Etat afin que cela impacte positivement les conditions de vie et de travail des Béninois. Ce qui n’est pas le cas. L’anniversaire est célébré avec faste. De quoi frustrer davantage la majorité des Béninois qui se plaignent. Hélas !