Le poète et Directeur élu du Festival international des théâtres du Bénin (Fitheb) est revenu sur le film de son éviction stratégique à la tête de ce festival. Il affirme qu’il s’est agi d’une cabale contre sa personne cuisinée dans un cercle parrainé par le ministre de tutelle sur fonds d’un holdup juridique. Il était hier dimanche 6 avril 2014 sur l’émission télévisuelle « Zone franche » de Canal 3.
« Il y a une violation des textes. J’avais pensé que ma personne ne posait pas de problème, mais j’ai compris in fine que c’était de ma personne qu’il s’agissait ». Le regard serein mais chargé d’amertume, le poète toujours enjoué a perdu son sourire quand il relate le film de sa peine.
Eric Hector Hounkpè ne le cache plus désormais, il a été victime d’une « haine identitaire ». Dans son argumentaire, il a affirmé que le décret n° 99-316 du 22 juin 1999 en vigueur jusqu’à la date de son élection a prévu l’installation des membres du Comité national d’organisation du Fitheb au moins 6 mois avant la biennale.
Le Conseil d’administration du Festival, dans une démarche de légalité a lancé le processus d’appel à candidature pour l’élection du nouveau directeur, ce qui déjà n’était pas du goût du ministre Jean Michel Abimbola. Celui-ci, selon les explications de l’invité, voulait trainer les choses dans le but d’abroger le décret en vigueur et changer les règles du jeu en cours du jeu. Le Conseil d’administration a donc lancé l’appel à candidature et l’invité en plus d’autres candidats, ont postulé.
Mais entre temps, l’autorité de tutelle a arrêté le processus et initié un atelier à Grand Popo pour, dit-il, réformer le Fitheb parce qu’il y a mal gouvernance caractérisée par un gap de 53 millions au cours du Fitheb 2012. Un comité a été mis sur pieds pour réfléchir là-dessus et proposer le texte qui deviendra le nouveau décret. « Le Conseil d’administration a écrit au ministre pour demander copie du rapport de la Commission qui a travaillé pour qu’il apporte ses contre observations mais il n’a pas eu jusque-là », a-t-il déclaré.
La logique selon Eric Hector Hounkpè était de trainer le processus et de contraindre le Conseil d’administration à tomber dans un vide juridique, ce qui n’a pas marché. « La stratégie est que le Ca attende jusqu’à ce qu’il y ait vide juridique et que le texte produit par le Comité de suivi entre dans le circuit pour devenir décret. Mais le Conseil n’a pas obéi », a-t-il déclaré.
Le Conseil a donc désobéi et organisé le dépouillement. Eric Hector Hounkpè a été élu après l’ouverture des plis à 8 voix sur 13. « J’ai obtenu 8 voix sur 13 et il y a eu deux voix contre, deux nuls et une abstention », a-t-il fait savoir. Une fois élu, le Directeur tout enjoué a rencontré le ministre à son cabinet. Mais il affirme avoir souvenance d’une phrase assez révélatrice de son intention. « Il m’a dit ceci : Ils m’ont désobéis », a-t-il fait savoir.
« ….Je ne veux pas apprécier l’acte d’Ousmane »
« J’ai été élu le 24 juillet 2013. La lettre du Conseil d’administration qui a consacré mon élection m’a été notifiée le 19 août 2013. Mais la lettre de l’autorité désapprouvant mon élection est intervenue le 20 août 2013. Cette lettre fait référence aux textes en vigueur. Le 22 novembre 2013, j’ai été reçu par le ministre de la culture et je lui ai demandé où est-ce qu’on en est. Il me répond que le processus de réforme suit son cours et que quand les nouveaux textes seront disponibles, il verra ce que ces textes de la République nous permettront de faire », a-t-il déclaré. Ces propos selon l’invité ont permis de comprendre qu’en réalité le véritable problème était sa personne.
« J’ai compris qu’il y avait un malheur en vue. On ne peut pas commencer un processus avec un décret et achever avec un autre… », constate-t-il. Mais les choses iront vite qu’il le pensait. « Depuis ce jour, il n’y a plus rien eu jusqu’au 24 février où j’ai reçu l’information selon laquelle mon ami Ousmane Alédji a été nommé directeur par intérim. Avant la décision, il a souhaité à me rencontrer. Mais eu l’information, je n’ai plus cherché à voir quelqu’un. Qu’est-ce qu’on se dirait ? Je ne veux pas apprécier », déclare-t-il.
Pour l’invité, la nomination, d’Ousmane Alédji viole le nouveau décret. « Selon le nouveau décret, lorsqu’une situation pareille se produit, il faut nommer un administrateur provisoire qui fait trois mois, le temps qu’on élise un autre directeur. Si on regarde ce qui est fait, il y a violation. Mieux, dans le nouveau texte, les prérogatives du Conseil d’administration ont été habilement vidées », a-t-il fait savoir. Eric Hector Hounkpè se dit prêt à saisir les instances judiciaires pour que le droit soit dit.