Une fois encore, membres du gouvernement et responsables des Confédérations syndicales ont échangé hier lundi 7 avril pour essayer de trouver un terrain d’entente, face à la crise sociale. Mais les discussions ont accouché d’une souris: la grève se poursuit.
Plus de quatre heures d’horloge de discussions et de négociations pour rien, si non du vent. C’est le constat qui se dégage de la concertation tenue hier entre le gouvernement et les Confédérations syndicales à l’Infosec de Cotonou.
Cette fois-ci, en lieu et place des organisations syndicales signataires des motions de grève au cœur de la crise sociale actuelle, c’est plutôt les Confédérations et Centrales membres de la grande Commission paritaire des négociations qui ont été conviées. Ce qui impliquait la présence de l’Union des Syndicats des travailleurs du Bénin (UNSTB) et de la Centrale des Syndicats unis du Bénin (CSUB) et l’absence de la Fédération des Syndicats des Finances (Fesyntra-Finances).
Face à face pour décider du sort de l’école béninoise paralysée par des grèves perlées depuis janvier dernier, les 38 membres de ladite commission, soit 19 de chaque côté n’ont abouti à rien.
Mais les échanges ont été houleux, très houleux même et parfois chauds. De l’extérieur de la salle où se déroulaient à huis clos les négociations, les professionnels des médias ont maintes fois eu les échos des échanges d’une violence évidente entre les parties. Plus d’une fois, les éléments affectés à la sécurité des autorités présentes, face à l’allure des débats se sont vus dans l’obligation de jeter un coup d'œil dans la salle pour se convaincre qu’il n’y avait pas pugilat.
C’est donc dans cette ambiance mi-figue, mi-raisin que les négociations ont duré plus de quatre heures d’horloge sans rien dégager de concret. Chacune des deux parties est repartie comme elle est venue et comme il fallait s’y attendre, la conclusion habituelle a été une fois encore servie : la grève se poursuit.
Du surplace qui ne profite pas à l’école
Le discours des deux entités membres de la Commission paritaire de négociation amène à se poser des questions. Alors qu’ils s’accordent sur le fait qu’il n’y aura pas une année blanche, aucune avancée n’est obtenue sur le terrain des négociations. Pourtant, à chaque fois, les propos sont rassurants.
Comme ce fut le cas hier encore avec le ministre d’Etat François Abiola qui a laissé entendre à la fin des échanges : «nous pensons qu’il ne faut pas continuer à laisser les enfants à la maison sur un point querellé qu’on peut régler. A quoi ça sert de les laisser à la maison au lieu de continuer les cours alors qu’il y a un moment où il doit commencer à se faire tard ?». Celui-ci semble même renvoyer la balle dans le camp des syndicalistes qui auraient demandé à consulter leur base pour la suite à donner au gouvernement.
Pendant ce temps, les propos des représentants des travailleurs sont sans ambages. «Le problème qui reste en suspens, c’est le limogeage du préfet de l’Atlantique et du Littoral et du commissaire central de Cotonou», a martelé Paul Essè Iko. Pour ce qui est des 1,25 indiciaire, il a déclaré que tous les intervenants auraient demandé au gouvernement de concéder aux enseignants aussi cet acquis social déjà accordé à tous les travailleurs du secteur public.
Selon lui, il ne serait pas logique de suspendre la grève à l’étape actuelle après autant de perte, sans évacuer ces questions et de revenir les brandir encore l’année prochaine. Raison pour laquelle, il demande au gouvernement de prendre des engagements fermes. «Nous sommes arrivés à une étape où le ministre en charge de la Fonction publique a menacé qu’à partir de demain, il prendra des dispositions pour l’ouverture des classes», s’est-il par ailleurs désolé, condamnant par la même occasion l’absence de la Fesyntra-Finances à la table des négociations, pour la suite des discussions. «La lutte doit continuer pour qu’il y ait satisfaction», conclut le secrétaire général de la CSTB.
Et la fissure s’installa…
C'est une évidence aujourd’hui que la concorde légendaire entre les responsables des Confédérations et Centrales syndicales est grippée. Les rumeurs qui font état depuis peu d’une supposée discorde entre les signataires des motions de grève qui mettent à mal une partie de l’administration publique et prioritairement l’école béninoise tendent à se confirmer. Hier, pour une fois, tous les responsables syndicaux sont sortis peinés et déçus de la conclusion de leurs échanges
Et contrairement à leurs habitudes, ils n’ont pas souhaité placer le moindre mot. Sortis à pas pressés, ils ont préféré quitter les lieux sans les traditionnels confessions et échanges avec les hommes des médias.
«Allez les voir là-bas eux deux. Nous on a rien à dire», lance un secrétaire général confédéral aux médias. Et les deux dont il est question, ce sont bien sûr Paul Essè Iko et son adjoint Kassa Mampo de la CSTB. Ils seront d’ailleurs les seuls responsables syndicaux visibles sur les lieux dans les secondes qui ont suivi la fin des échanges. Et c’est en leur nom que Paul Essè Iko s’est prêté aux questions des journalistes et en a profité pour placer un mot sur la requête formulée dernièrement au sujet de la grève par un haut dignitaire de l’Eglise catholique.