Professeur Eusèbe Alihonou, Président de l’Académie Nationale des Arts et des Lettres du Bénin (ANSALB ): « L’Académie vise à encourager la vie scientifique, artistique et littéraire»
Publié le vendredi 12 avril 2013 | L`événement Précis
Professeur retraité des universités, Gynécologue obstétricien des hôpitaux, doyen honoraire de la Faculté des sciences de la santé, membre de l’Académie Nationale de Médecine de France, et président de l’Académie Nationale des Arts et des Lettres du Bénin (ANSALB), Eusèbe Alihonou parle de ses expériences d’académicien et précise ce qu’apportent les rencontres scientifiques à la communauté.
L’Evénement précis : Depuis quand présidez-vous aux destinées de l’Académie Nationale des Arts et des Lettres du Bénin (ANSALB) ?
Eusèbe ALIHONOU : Depuis sa création par l’assemblée constitutive du 27 décembre 2010.
Qu’est-ce qu’une académie ?
L’académie est une société scientifique de très haut niveau de par l’expertise et la compétence de ses membres et de par leurs qualités intellectuelles, d’éthique et d’équité. C’est une société apolitique, laïque, à durée illimitée, indépendante. L’académie présente les caractéristiques propres à toute académie et les siennes, à savoir, son siège qui est à Cotonou et ses ressources humaines constituées uniquement de Béninois. Elle peut s’adjoindre des hommes de sciences étrangers de très haut niveau. Elle a pour mission de promouvoir le développement humain durable au Bénin par les Sciences, les Arts et les Lettres. Plus spécifiquement, elle vise à encourager la vie scientifique, artistique et littéraire au Bénin, assurer la visibilité à l’étranger de la recherche faite au Bénin dans ces domaines, étudier les questions de société liées au développement des Sciences, des Arts et des Lettres au Bénin pour des recommandations appropriées, au besoin avec le concours d’autres académies, concourir au développement des relations scientifiques, artistiques et littéraires au niveau régional et international, susciter des vocations scientifiques, artistiques et littéraires parmi les jeunes et les femmes du Bénin et promouvoir l’excellence par le développement, sous la tutelle d’instituts de recherche et d’enseignement de référence.
Pourquoi avez-vous créé l’ANSALB ?
La création de l’académie procède d’un besoin exprimé par la communauté scientifique nationale. De nombreuses assises nationales ont exprimé, dans leurs conclusions, la nécessité de la création d’une académie au Bénin. En 2002, l’atelier de validation du plan stratégique de développement de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique 2002-2007 a prévu la création d’une académie africaine du Bénin comportant trois sections, à savoir, les sciences exactes et naturelles, les sciences morales et politiques, les arts et lettres. En 2004, les états généraux de la Recherche Scientifique et Technique organisés à Cotonou les 08 et 09 avril, ont recommandé la création d’une académie pour le Bénin. Le Conseil National de la recherche Scientifique et Technique, en sa session du 06 février 2006, a adopté la Politique nationale et les grands axes de la Recherche Scientifique et Technologique qui prévoit, dans son chapitre consacré à l’organisation, la création de l’académie béninoise des sciences. Le Forum National sur le Secteur de l’Education tenu à Cotonou du 12 au 16 février 2007, a proposé « de créer une académie des sciences, arts et sciences humaines et de lui donner les prérogatives et privilèges nécessaires à ses activités et au rayonnement de notre pays sur le plan international ». C’est pour répondre à ces attentes que depuis 2006, des enseignants-chercheurs de haut niveau se sont constitués en un groupe d’initiateurs afin d’œuvrer activement à l’avènement d’une académie au Bénin. A la suite de plusieurs réunions entre les initiateurs et deux réunions avec d’autres enseignants-chercheurs cooptés pour être membres fondateurs, ils ont produit les textes fondamentaux, à savoir, les statuts et le règlement intérieur. Ils ont défini des critères objectifs d’éligibilité des membres fondateurs, des membres associés, des membres d’honneur et des nouveaux membres. A l’issue d’une assemblée générale constitutive tenue le 27 décembre 2010, les membres fondateurs, au nombre de vingt-cinq (25) ont porté sur les fonts baptismaux l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin (ANSALB) qui a été enregistrée sous le N° 2011/0132/DEP-AL-LITT/SG/SAG-ASSOC du 24/03/2010 et publié au Journal Officiel du 07 avril 2011. L’Académie encourage, protège l’esprit de la recherche et œuvre à la diffusion de la science, des arts et des lettres en tant que composante de la culture des hommes de notre temps. Elle est particulièrement sensible à tous les aspects contemporains de la responsabilité scientifique, et aux conséquences du développement des sciences sur la vie des hommes. Elle porte une attention à l’enseignement des sciences, des arts et des lettres, facilite et encourage la culture scientifique. Par ailleurs, elle permet à des universitaires de haut niveau de notre pays de s’intéresser aux problèmes de notre société de façon tout à fait libre, sans autre contrainte que leur compétence et l’objectivité de leurs interventions. Il faut préciser que l’Académie, au sein des relations internationales, participe aux réseaux inter-académiques africains, européens et internationaux, tels que le Conseil International de la Science (ICSU) et l’Académie des Sciences du Tiers Monde (TWAS) etc. Par des liens académiques formels, bilatéraux ou multilatéraux. Elle élit en son sein des membres associés étrangers parmi les hommes prestigieux de sciences, des arts et des lettres. Elle assure la défense des hommes et femmes de sciences, des arts et des lettres, victimes à travers le monde de violations des droits de l’homme.
Parlez-nous des académies dans le monde
Depuis la première académie créée en France par Colbert et réunie pour la première fois le 22 décembre 1666, de nombreuses académies aussi prestigieuses les unes que les autres ont vu le jour à travers le monde. Tous les pays de l’Europe possèdent leurs académies.
Existe-t-il d’autres académies en Afrique ?
Parlant des académies ou des réseaux d’académies, il faut noter, l’Académy of Science of South Africa (ASSAF), l’Académie des Sciences du Cameroun, l’Académie Nationale des Sciences et Technologies du Congo (ANSTC), l’Académie des Sciences, des Arts, des Cultures d’Afrique et des Diasporas africaines de Abidjan-Plateau, dans l’enceinte de l’AIP, de l’Academy of Arts and Sciences (GAAS), Académie Hassan II des Sciences et Techniques, l’Academy of Science of Mozambique, du Nigerian Academy of Science, de l’Académie Nationale des Sciences et Technique du Sénégal, l’Académie des Sciences, Arts et Lettres du Togo, The African Academy of Sciences (AAS), Network of African Science Academies (NASAC)…
Comment devient-on académicien?
Il faut être élu. Hormis les membres fondateurs, on est parfois coopté. C’est le cas, au Bénin, pour certains membres.
Quelles sont les missions de l’académie béninoise des sciences, arts et lettres ?
L’académie a pour mission générale de promouvoir le développement humain durable au Bénin par les Sciences, Arts et les Lettres. Plus spécifiquement, elle vise à encourager la vie scientifique, artistique et littéraire au Bénin; contribuer au progrès des sciences, arts et des lettres; assurer la visibilité à l’étranger de la recherche faite au Bénin dans ces domaines. Aussi se chargera-t-elle d’étudier les questions de société liées au développement des Sciences, des Arts et des Lettres au Bénin pour des recommandations appropriées, au besoin avec le concours d’autres académies, concourir au développement des relations scientifiques, artistiques et littéraires au niveau régional et international, susciter des vocations scientifiques, artistiques et littéraires parmi les jeunes et les femmes du Bénin, promouvoir l’excellence par le développement, sous sa tutelle, d’instituts de recherche et d’enseignement de référence. L’académie peut créer ou parrainer des instituts de recherche, de création artistique ou culturelle. Elle se prononce sur la place occupée dans le monde par la recherche menée au Bénin et sur les politiques nationales de développement des Sciences, des Arts et des Lettres. Elle exerce ses activités, seule ou avec d’autres académies, en entreprenant des études, soit de sa propre initiative, soit à la demande des pouvoirs publics ou institutions privées nationales, régionales ou internationales. Elle se prononce également sur des problèmes de société dans les domaines de ses compétences, et en prenant position publiquement par des rapports circonstanciés, en formulant dans le domaine de ses compétences, des recommandations, des vœux ou des suggestions concernant des problèmes d’intérêt national ou international. Mieux, elle désigne, lorsqu’elle y est invitée, certains de ses membres pour la représenter dans des conseils ou des comités nationaux, régionaux ou internationaux; en diffusant les résultats scientifiques de ses travaux à travers les actes scientifiques, la lettre de l’académie, les bulletins de vulgarisation.
Sur le plan des relations internationales
L’académie joue un rôle actif dans le développement des relations scientifiques internationales. En établissant avec les académies étrangères des relations pouvant se traduire par la création de structures communes, par des accords de coopération et d’échanges de savants, par l’organisation de colloques ou par la rédaction en commun de rapports, en s’assurant la représentation du Bénin au Conseil International des Unions Scientifique (I.C.S.U), dans le Panel Inter-Académies (IAP), dans le réseau des Académies Africaines des Sciences (NASAC) et dans tous autres organismes ayant des missions et objectifs similaires ; en défendant les hommes des sciences, Arts et Lettres victimes de violations des droits de l’homme.
Qu’est-ce qui motive l’organisation de la rentrée solennelle de l’académie ?
C’est une disposition statutaire. Conformément à ses statuts, l’académie se réunit en assemblée plénière ordinaire le mardi qui suit le 15ème jour de chaque mois pair de l’année d’exercice qui correspond à l’année civile. La première session de l’assemblée plénière ordinaire de l’année exécutive est la séance solennelle de l’académie à laquelle le public est admis sur invitation. Le public est aussi admis sur invitation à toute session solennelle de caractère exceptionnel dont le Bureau de l’Académie, s’il le juge utile, peut prendre l’initiative.
En dehors de l’aspect protocolaire, que peut-on attendre des assises des hommes de sciences ?
Pendant la rentrée solennelle, il s’agira de présenter aux autorités politiques et administratives les conclusions du séminaire préparatoire sur les problèmes de l’accès à l’énergie, de signer des accords de coopération inter-académiques et/ou avec certaines institutions du Bénin, de donner l’occasion aux autorités politiques aux plus hauts niveaux de s’exprimer sur leurs engagements sur les sciences, les arts et les lettres en vue du développement.
Concrètement, qu’apportera de nouveau votre rencontre ?
L’académie est une société scientifique de très haut niveau. Si elle ne l’est pas, elle devrait l’être et y tendre sans cesse. Ce qu’apporteront ces assises, est le point le plus à jour sur la question traitée, au plan scientifique bien entendu. L’académie est l’un des instruments de diffusion des connaissances. Elle contribue à la fois au prestige et au rayonnement de notre nation.