La confection de tenues neuves est de plus en plus délaissée par les jeunes au profit des tee-shirts, jeans, chemises et pantalons mis sur le marché de la friperie. Ce nouveau look s’ancre davantage dans l’habitude vestimentaire de la jeunesse pour diverses raisons.
Six rangées de tables où sont entreposés des jeans, tee-shirts, les va-et-vient des vendeurs, qui sont à la quête de clients…. Ainsi s’anime le marché de friperie de Sê-tovi situé à droite des feux tricolores en venant du carrefour Toyota pour le stade de l’amitié de Kouhounou. On y trouve des Sénégalais, Maliens, Gabonais, Togolais, Guinéens, Ivoiriens, Sierra-léonais, Nigérians, Nigérien, Burkinabés et Béninois qui sont à la recherche de leur pain quotidien. « Moins cher, viens, j’ai de bonnes choses », ce sont des propos qui accueillent ceux qui font leur entrée dans ce marché. Plusieurs articles se vendent tels que des chaussures, des jeans, ceintures ou chemise… Alignés le long de la clôture en bois délimitant le marché, les vendeurs attendent la venue des clients. « Je viens à 7 heures 30, je dispose des tee-shirts sur la table et j’attends les clients au bord de la clôture avec deux tee-shirts en main », confie un vendeur de chemises. L’engouement de la jeunesse pour le port de la friperie de nos jours s’explique par l’effectif de plus en plus croissant des vendeurs de cette catégorie de vêtements au Bénin et la cherté des tissus puis leur confection. Pour Saïbou, un vendeur de jeans, c’est l’accessibilité aux habits dits de friperie qui amène la jeunesse à s’intéresser à eux, car dit-il, « le prix d’un tissu va de 3000 FCfa à 45000 FCfa tandis qu’avec 3000 FCfa ou 7000 Fcfa, le jeune a déjà acheté un jean, une chemise et n’a plus besoin d’attendre comme c’est le cas avec la confection du tissu. De plus, avec l’arrivée des étrangers qui s’habillent en jean, cela a donné l’envie aux jeunes d’en faire de même »>
Poursuivant dans le même sens, Jacques, vendeur de jeans déplore l’état actuel de leurs chiffres d’affaires. « Malgré le fait que les Béninois ne s’intéressaient pas au port de la friperie, avant ça marchait bien. Mais aujourd’hui, le chiffre d’affaires a chuté », affirme-t-il. Il a par ailleurs souligné que le bal qu’il prend à 150000 FCfa, 180000 FCfa ou 250000FCfa et écoulait en quelques jours, aujourd’hui, cela lui prend une semaine. Dans le rang des consommateurs, les avis sont partagés. Les habits pris sur le marché de la friperie sont destinés à des occasions diverses. Ephrem, un habitué des friperies déclare : « Pour les sorties pédagogiques, les pique-niques et les soirées, la tenue idéale est la friperie. C’est quand on va à des enterrements qu’on porte le pagne et aussi à certaines manifestation comme le mariage ». Aussi, a-t-il signalé : « avec 5000 Fcfa, j’ai déjà un jean et une chemise propres qui n’ont plus besoin de retouche, alors que je ne peux pas me procurer un bon pagne à ce prix ». Pour Jonas, le port de la friperie est le moyen le plus rapide de s’habiller en dehors des prêts-à-porter. « Avec le pagne, on perd beaucoup de temps et aussi les tailleurs qui ne vous livrent pas votre habit à temps, alors qu’en faisant un tour chez le vendeur de friperie, on économise non seulement le temps mais aussi de l’argent », mentionne-t-il.
Les tailleurs en profitent
Plusieurs tailleurs sollicités par les vendeurs de jeans, chemises…exercent également dans le marché. Au nombre de huit, ces tailleurs travaillent du matin au soir et s’occupent des retouches dans le marché. « Quand on achète le bal, les habits qui ont besoin de retouche, on les envoie aux tailleurs qui les arrangent avant qu’on ne les mette en vente », confie un vendeur d’habits. Le prix de la retouche varie en fonction de ce que le vendeur veut et s’élève généralement à 200 FCfa. Issa, tailleur du marché affirme : « Je viens de prendre des chemises et jeans que je vais réduire aussi bien en taille qu’en largeur, cela me prendra deux jours. Le coût s’élève à 10000 Fcfa ».
Mais, le prix auquel les tailleurs font les retouches aux vendeurs n’est pas le même que celui appliqué aux autres usagers. Watara, un usager du marché laisse entendre : « je suis venu faire une retouche à un pantalon qui ne me serre pas la hanche et qui est un peu plus long que moi. La retouche m’a coûté 500 FCfa alors que j’avais prévu 200 FCfa pour ça ». La vente des friperies prend donc de plus en plus d’ampleur au grand soulagement de la jeunesse qui, grâce à cela, trouve le moyen de s’habiller à moindre coût.