En 1994 a eu lieu au Caire en Egypte, la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD). Environ 179 pays dont le Bénin étaient présents et ont adhéré au Programme d’action pour le développement durable qui comporte en son sein plusieurs objectifs dont la réduction de la mortalité maternelle de 75% d’ici 2015. A moins de 600 jours de l’atteinte de cet objectif, le Bénin présente un bilan mitigé.
Plus de 190 pays signataires des Nations Unies se sont réunis à New York en 2000 pour adopter les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui s’inscrivent dans la droite continuité de ceux du Plan d’action de la CIPD. L’OMD 5 est relatif à la réduction de la mortalité de 75% d’ici 2015. Ainsi donc, il sera capital d’atteindre les objectifs du Programme d’action de la CIPD pour atteindre ensuite les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Le Bénin ne fera pas partie des pays qui auront atteint cet objectif en 2015. « Nous n’aurons pas atteints les objectifs initiaux qui étaient de réduire de 75% le taux de mortalité maternelle » a affirmé Dr Déguenon Konrad, médecin de santé publique, chef service Planification Familiale, santé des Adolescents et Jeunes à la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant. Mais il reste tout de même confiant : « Nous ne serons pas au point de départ mais nous aurons quand même réduit d’une certaine manière ce taux ».
Beaucoup de stratégies mais ….
Depuis l’an 2000, le Bénin s’est engagé dans la réalisation des OMD et a mis en œuvre plusieurs stratégies et revu beaucoup d'interventions afin de pouvoir réduire la mortalité maternelle. Elle a réellement baissé selon Dr Déguenon Konrad : « De 437 décès pour 100.000 naissances vivantes en 1996, nous sommes passés à 397 en 2006 ».
La principale intervention est de permettre aux femmes enceintes d’avoir accès à des soins de santé de qualité qui comprennent la disponibilité et l’accessibilité des formations sanitaires, la disponibilité du personnel qualifié, la disponibilité en matériel. Il fallait aussi prendre en charge les urgences obstétricales d’où la mise en place de la gratuité de la césarienne par le gouvernement. Une autre stratégie englobe les visites prénatales qui sont le point de contact avec les femmes enceintes.
Elles permettent de détecter précocement les risques et de les prendre en charge. L’exécutif a également mis sur pied des audits de décès maternels qui est une procédure permettant d’auditer chaque décès maternel dans la communauté, d’identifier les causes et de corriger les imperfections en mettant en œuvre les recommandations issues de ces enquêtes.
Un autre pilier de la réduction de la mortalité maternelle est l’accès à la santé de la reproduction dont la Planification Familiale qui devrait permettre aux femmes d’éviter les grossesses précoces et multiples entrainant très souvent des grossesses à risque. « Nous sommes actuellement dans la phase du repositionnement de la Planification Familiale et depuis fin 2013 nous avons élaboré un nouveau plan d’action dans ce sens » a expliqué le docteur.
Le ministère de la santé s’est aussi doté d’un document spécifique pour les adolescents et jeunes appelé « Stratégie Multisectorielle de la Santé des Adolescents et Jeunes ». Il est prévu dans cette stratégie 6 axes d’orientation pour atteindre cette couche très importante et lui permettre d’avoir un accès facile aux services de santé de reproduction.
Cependant, il existe un certain nombre de difficultés qui constituent des freins à la réalisation et à la concrétisation des différentes stratégies mises sur pied par le gouvernement. Il s’agit des insuffisances enregistrées dans certains domaines tels que les ressources financières, la coordination des interventions et des actions, l’accessibilité aux systèmes de santé, la connaissance au niveau des populations, le plateau technique.
L’après 2015….
Les idées se focalisent actuellement sur l’après 2015. Réduire sensiblement le taux de mortalité devient alors une très grande préoccupation. Et pour que le Bénin soit au même rythme que les autres pays qui auraient atteint leurs objectifs, Dr Déguenon Konrad propose quelques pistes de solutions. Il s’agit de la sensibilisation des populations sur l’importance des consultations prénatales pour une meilleure détection des risques et une meilleure prise en charge, la disponibilité du personnel de santé qualifié.
A ce propos, le ministère de la Santé vient de lancer le recrutement de plus de 200 sages femmes afin de renforcer celles qui exercent déjà dans les centres de santé. S’ajoute à cela le renforcement des compétences. « Quel que soit le village le plus reculé du pays, la femme enceinte doit avoir facilement accès à une formation sanitaire et bénéficier des soins de santé de qualité ».
