A la faveur d’une conférence de presse vendredi dernier à l’Infosec à Cotonou, les avocats de Phamphile Zomahoun et de Johannes Dagnon ont qualifié d’enlèvement le changement de lieu de détention de leurs clients et entendent poursuivre les personnes impliquées.
Ils ont fait part de leur mécontentement. Ils ne se sont pas fait prier pour aborder deux dossiers importants qui ne finissent pas de mettre en alerte la République depuis des mois. Il s’agit des affaires relatives aux supposées tentative d’empoisonnement de Boni Yayi et d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. C’est d’ailleurs cette dernière qui a plus retenu les attentions des conférenciers. Et c’est Me Joseph Djogbénou qui a fait le récit des faits avant de donner le ton. « Tout est parti du 4 avril dernier. Très tôt ce matin-là, l’administration pénitencier a réveillé principalement les deux détenus que sont Phamphile Zomahoun et de Johannes Dagnon et les a sommés de prendre quelques affaires. Puis menottés, ils ont été embarqués dans un aéronef piloté par un militaire sans avoir pu prévenir leurs parents, ni même leurs avocats ». A l’unanimité, Me Charles Badou, Me Joseph Djogbénou, Me Elie Vlavonou Kponou et Me Sévérin Maxime Quenum ont dénoncé la façon dont ont été transférés leurs clients de la prison civile de Cotonou pour Kandi (Phamphile Zomahoun) et Parakou (Johannes Dagnon). Pour le collège d’avocats, c’est un enlèvement pur et simple. Car, pour transférer les gens en détention provisoire, le procureur adresse une demande au juge d’instruction en charge du dossier. Et c’est seulement ce juge qui peut en donner l’autorisation. Dans le cas d’espèce, il s’agit du juge du 6è cabinet du tribunal de première instance de Cotonou qui a opposé un refus à la demande. Donc, le transfert des deux détenus a été fait sur la seule volonté du procureur de la République. Ainsi, le procureur a outrepassé le refus du juge d’instruction. Ils parlent d’enlèvement et entendent mettre en cause individuellement tous ceux qui ont participé à l’opération. Mieux, les détenus dans leurs nouveaux lieux de détention vivent dans des conditions exécrables, inhumaines avec des bandits de grand chemin. « A kandi, Phamphile Zomahoun est dans une cellule où il dort à même le sol, sans natte ni matelas et où il doit faire ses besoins», a mentionné Me Joseph Djogbénou. Alors, une question qui mérite l’attention: pourquoi a-t-on senti l’obligation de les transférer? D’emblée, Me Djogbénou pense qu’il n’y a aucune raison valable. On ne peut pas parler de tentative d’évasion ; car depuis que les deux hommes sont détenus, ils ont été coupés de tout contact. Et même les avocats ont eu des difficultés pour voir leurs clients. Pourquoi maintenant éloigner les détenus du juge d’instruction en charge du dossier? Cela n’est qu’une immixtion grave du pouvoir exécutif dans le judiciaire qui doit être bannie dans un Etat de droit, dira l’avocat. Car, selon ses propos, dans une prison, le procureur n’a de pouvoir que sur les condamnés. Il n’a aucun pouvoir sur ceux qui sont en détention provisoire. « De plus, le juge n’a plus à portée de main les deux présumés pour mener ses enquêtes. De sorte qu’aujourd’hui, il n’y a pas de fondement légal de ce transfert. Il s’agit d’une application distributrice des règles qui doit cesser. Pour eux, nous sommes en présence d’une séquestration, d’un enlèvement, d’un harcèlement psychologique et physique. De plus, ce dossier est d’une vacuité exceptionnelle. Alors, trop c’est trop ! Il est inadmissible qu’on enlève des gens comme des poulets bicyclette» dixit Me Djogbénou. Le moment est donc venu aux avocats d’exercer les prérogatives que le droit leur confère. Pour cela, ils entendent mettre en cause la responsabilité de toutes les personnes qui ont pris part à ce transfert, y compris le pilote de l’aéronef.
Dossier supposée tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat
En ce qui concerne la supposée tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat, les avocats ont signifié que le dossier est sur le point d’être clos. Car, le juge qui s’en occupe a dit qu’il a fini ses investigations. Et pour les avocats, il est temps que l’Etat normal soit rétabli. Cela passe par la relaxation des personnes en détention provisoire dans le cadre de ce dossier.