Comment rendre plus sûrs les aéroports africains face aux nouvelles formes de menaces comme le terrorisme ? Telle est la problématique au cœur de la conférence régionale sur la sûreté de l’aviation qui se tient à Dakar depuis hier dont le thème est intitulé « Sûreté intelligente face à la menace ».
Venu présider la cérémonie d’ouverture de la conférence, le ministre des Transports aériens et du Tourisme, Oumar Guèye, se dit persuadé que le travail déjà abattu au niveau des groupes de travail et les recommandations formulées par le Conseil International des Aéroports (Aci-Afrique) permettront à toutes les parties prenantes de l’industrie des transports aériens de faire un pas de plus dans la recherche des meilleures solutions pour contrecarrer la menace permanente. Une menace qui, au-delà de la question sécuritaire en général, affecte, en définitive, l’économie de nos plateformes aéroportuaires.
Selon le ministre, le Sénégal a pris toutes les dispositions pour améliorer la sécurité dans nos aéroports et aérodromes. Il estime qu’en combinant la mise en œuvre de solutions intelligentes avec l’exploitation judicieuse d’équipements de nouvelle génération, on peut rendre les procédures de sûreté plus efficientes en réduisant les contrôles inutiles ou redondants tout en améliorant la facilitation et la qualité des services fournis aux usagers des aéroports. A cet effet, il est prévu, à l’issue de la conférence, un séminaire de formation de haut niveau offert par le programme d’assistance au profit du personnel des aéroports des pays en voie de développement (Aci/Dna). Une manière de contribuer au renforcement des capacités des acteurs impliqués dans la gestion de la sureté de l’aviation civile.
Pour Aly Tounsi, secrétaire général d’Aci-Afrique, le but de cette conférence est de faciliter les discussions avec les principaux intervenants dans l’industrie du transport aérien et de leur montrer l’importance de la coopération avec toutes les parties prenantes afin de relever le niveau de la sûreté dans les aéroports. « Une bonne gestion de l’exploitation des aéroports peut contribuer à fournir aux passagers un système de transport aérien plus sûr, efficace et écologiquement responsable », dit-il.
Le but ultime est la facilitation des procédures pour les passagers et l’atténuation des risques. Abondant dans le même sens, Angela Gittens, directeur général d’Aci-Monde, insiste sur la nécessité d’élaborer un système de coordination efficace face à l’augmentation des passagers. Pour l’Afrique, le défi est encore plus important dans la mesure où le taux d’accidents d’avions est deux fois plus important que la moyenne mondiale. Et le continent ne représente que 3% du transport aérien mondial.
Pourtant, malgré les obstacles (le niveau de sécurité, l’état des infrastructures, le niveau élevé des coûts opérationnels et le protectionnisme des Etats), le potentiel des transports aériens est très important sur le continent avec l’émergence d’une classe moyenne qui voyage de plus en plus par avion.
L’aviation civile emploie 6,7 millions de personnes en Afrique
Le secteur de l’aviation y représente 6,7 millions d’emplois et contribue au Pib du continent à hauteur de plus de 67 milliards de dollars. Selon le directeur de l’Aci Afrique, Pascal Komla, l’absence de législation est la mère de tous les maux de l’aviation en Afrique. « Mais avec un taux de trafic estimé à 260 millions de passagers en 2020, nous sommes conscients que pour gérer ce trafic futur, nous devons avoir des aéroports sûrs, efficaces et un service conforme aux normes internationales. Les aéroports africains doivent avoir des compétences et ressources humaines et le matériel nécessaire », explique Pascal Komla.
D’après Amadou Ousmane Guitteye, directeur de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), le niveau de la sûreté de l’aviation civile en Afrique révèle des insuffisances sérieuses qui font peser sur le transport aérien des menaces permanentes. Des risques qui se sont accrues avec la montée en puissance des menaces djihado-narco-terroristes sur le continent africain. « La forme insidieuse et l’ampleur du phénomène nous amènent à repenser totalement les mécanismes d’identification de la menace et les réponses à apporter », dit-il.
Coup de projecteur sur l’agence des aéroports du sénégal
L’Agence des Aéroports du Sénégal (ADS) a été créée le 9 mai 2008 pour assurer la gestion technique et commerciale de l’ensemble des aéroports du Sénégal dont les plus importants sont : Dakar, Ziguinchor, Cap-Skiring, Saint-Louis et Tambacounda. Ses principales missions : promouvoir et développer les aérodromes au Sénégal ; assurer l’exploitation et l’entretien des installations techniques et commerciales de l’ensemble des aéroports du Sénégal ; gérer la facturation, la collecte, le recouvrement et la répartition des redevances aéroportuaires et réaliser toutes les études de faisabilité et de rentabilité des aéroports. S’agissant de ses objectifs, l’ADS vise à maitriser les risques sécurité, sûreté et environnement, développer les activités extra aéronautiques, optimiser le processus de traitements du passager notamment en exploitant l’usage des nouvelles technologies (biométrie, portiques millimétriques…). S’y ajoutent l’amélioration de l’accueil, l’écoute et la réactivité par rapport aux attentes des clients et le développement des aéroports régionaux pour une politique de désenclavement. En termes d’investissements, l’ADS s’attèle pour le renforcement et l’allongement des pistes entre 2.500 et 3.000 mètres ; l’extension et le renforcement des aires de stationnement ; la réhabilitation totale des aéroports de Saint-Louis, Ziguinchor, Tambacounda et Kédougou ; la construction des aéroports de Matam et Kaolack ; la construction d’aérogares et de points froids et l’installation d’un balisage lumineux des pistes et voies de circulation.
Pape mael diop, directeur général de l’ads : « Nous devons rassurer les passagers sur la sécurité de nos aéroports »
Le Directeur Général de l’Agence des Aéroports du Sénégal (ADS), Pape Mael Diop, a pris part, hier, à la conférence régionale sur la sûreté et la sécurité de l’aviation civile. Il a déclaré, au cours de cette rencontre, que les aéroports africains doivent rassurer les passagers que les plateformes aéroportuaires sont bien sécurisées.
« En tant que africains, nous devons rassurer ceux qui utilisent nos aéroports pour leur dire que nous avons tout mis en œuvre pour sécuriser nos plateformes aéroportuaires », a soutenu Pape Mael Diop, Directeur Général de l’Agence des Aéroports du Sénégal (ADS). Il s’exprimait, hier, en marge de l’ouverture de la Conférence régionale sur la sûreté autour du thème : ''Sûreté Intelligente face à la menace ''. Une occasion pour les participants d’échanger sur les dispositifs mis en place pour contrer et prévenir ces menaces. « Nous tenions à rassurer les usagers des aéroports africains qu’une organisation comme le Conseil Mondial des Aéroports pour la Région Afrique (ACI – AFRICA), existe et se soucie des questions de sécurité et de sûreté », a expliqué M. Diop. Indiquant, qu’aujourd’hui, le thème retenu pour cette conférence revêt un caractère particulier, compte tenu de ce qui se passe dans certains pays dans le monde. « C’est pour cette raison que nous avions accepté d’organiser cette conférence, qui réunit plus de 300 participants », a dit le patron de l’ADS, qui a également salué l’implication des différents acteurs pour trouver des solutions aux problèmes liés à la sécurité et à la sûreté de l’aviation civile. Il précise, cependant, que la sécurité n’a rien à voir avec la sûreté. Pape Mael Diop rappelle, à cet effet, que l’annexe 17 de la convention de Chicago définit la sûreté comme étant la protection de l’aviation civile contre les actes d’intervention illicite.
Cet objectif, dit-il, doit être réalisé par une combinaison de mesures associées à des moyens humains et matériels. A son avis, la protection de l’aviation civile passe forcément par la prise en compte de la menace sous toutes ses formes. C’est pourquoi, ajoute-t-il, « cette présente conférence revêt un caractère très important, particulièrement pour nous gestionnaires d’aéroports ». Selon le directeur de l’ADS, depuis les événements du 11 septembre 2001 (attentats aux Etats-Unis) le secteur de l’aviation civile, englobant le transport aérien, a connu d’importantes mutations à travers de nouveaux actes d’intervention illicite. Ce qui a favorisé l’émergence de nouvelles menaces. Celles-ci ont influé négativement sur la sécurité et la sûreté dans les aéroports installant, ainsi, une certaine peur chez les usagers et touristes.
Exposition sur les solutions technologiques
Cette conférence régionale a été également l’occasion pour l’industrie du Transport aérien, à travers ses experts, dans le cadre d’une Exposition prévue, de présenter les dernières solutions technologiques mises en œuvre pour accompagner ces stratégies relatives à la sécurité et la sûreté dans l’aviation civile. « A travers leur exposition, par exemple, les amis marocains nous ont montré qu’il y a eu une formation possible pour les contrôleurs et tous ceux qui gravitent autour des études de l’aéronautique », a laissé entendre Pape Mael Diop. Selon lui, l’exposition permet aux différents acteurs évoluant autour de la plateforme aéroportuaire qui sont représentés de communiquer et d’échanger sur leur expérience afin que chacun puisse bénéficier de ces informations.
« Au Sénégal, les autorités aéroportuaires ont très tôt compris la nécessité d’une sécurité des transports aériens »
Selon Pape Mael Diop, l’Agence des aéroports du Sénégal (ADS) s’est toujours employé à réserver une place prioritaire aux investissements dans la sûreté par l’acquisition d’équipement de dernière génération afin de ne laisser aucune place à la menace. Ce qui prouve que la sécurité des transports aériens a été très tôt comprise par le Sénégal. Au plan économique, souligne-t-il, la prise en charge de la gestion des risques coûte excessivement chère. « Nous serons à l’écoute des experts de haut niveau, qui à l’occasion de ces travaux, ne manqueront pas de formuler des recommandations pour renforcer davantage, en terme de moyens, le dispositif national de sûreté mis en place aussi bien par les autorités que par les partenaires internationaux », a déclaré le Directeur de l’ADS. Cela afin d’améliorer la sécurité en général et le confort des usagers sur les plates formes aéroportuaires en particulier. M. Diop a remercié le Chef de l’Etat Macky Sall pour son soutien sans réserve qu’il a apporté dans l’organisation de cette conférence régionale. Il a associé à ces remerciements Oumar Guèye, ministre du tourisme et des transports aériens, qui a accompagné durant tout le processus d’organisation de cette rencontre. Non sans oublier les autorités de l’ACI Afrique et l’ensemble de ses collègues membres du conseil d’administration.