Le parti « Conscience citoyenne » que dirige Moukaram Badarou affronte ses premières crises internes. Bruno Kangni, le premier vice président de ladite formation politique en a été exclu après avoir critiqué les actions de Yayi Boni.
Une sanction plutôt sévère qui viole l’esprit des résolutions approuvées particulièrement par Moukaram Badarou et adoptées lors du congrès constitutif de « Conscience citoyenne » en 2013.
Dans un communiqué de presse signé de Aziz Malick, Secrétaire général du parti « Conscience citoyenne » et publié le 7 avril 2014, le Bureau politique a suspendu son premier vice-président. Il a précisé dans le même communiqué avoir sanctionné entre autres les prises de position de Bruno Kangni contre le président Yayi Boni sur Océan Fm dimanche dernier. Or, à relire les actes approuvés lors du congrès constitutif de « Conscience citoyenne » en mai 2013, certaines décisions semblent militer en faveur des opinions du premier vice-président du parti. En effet, dans l’une des nombreuses résolutions arrêtées par les militants du parti dirigé par le Préfet de l’Ouémé-Plateau Moukaram Badarou, notamment la résolution n° 3 intitulée « Appartenance du parti », les congressistes ont certes décidé de « soutenir les efforts du gouvernement en place ». Mais ils se sont aussi réservé « le droit de tirer la sonnette d’alarme dès que l’intérêt général est mis en péril ». Une ouverture que Bruno Kangni a su bien exploiter dimanche dernier. Moukaram Badarou et les autres membres du Bureau politique sont de toute évidence pris à leur propre piège tant ce sont eux qui ont offert à Bruno Kangni l’arme dont il s’est servi pour mettre à nu le pouvoir Yayi. Leur réaction prouve par ailleurs que la contradiction « n’est la chose la mieux partagée » au sein de « Conscience citoyenne ». L’ouverture inscrite dans la résolution n°3 était du leurre.
Seulement, le premier vice président a fait une analyse de la situation sociopolitique qui est très proche de la réalitéFace à l’état de déliquescence de l’économie nationale et au climat politique vicié qui caractérisent le Bénin, il ne serait pas exagéré de soutenir qu’il n’a fait que respecter la résolution sus évoquée en posant sur Océan Fm, le diagnostic des vrais maux dont souffre le Bénin. Le premier vice-président du parti Conscience citoyenne n’a pas été du tout tendre avec le régime de Yayi Boni dimanche 06 avril 2014 sur la radio Océan Fm. Interrogé sur le bilan des 8 ans du Chef de l’Etat, Bruno Kangni n’a pas mâché ses mots. Pour lui, tous les secteurs d’activités ont été envahis ces dernières années par la corruption. « Yayi a réussi à installer la corruption morale. Nos rois sont devenus aujourd’hui des roitelets qui marchent pour Yayi. Au Bénin, il n’y a que l’Eglise catholique seule qui résiste encore », a-t-il martelé. Il ajoutera que la gouvernance de Yayi Boni menace gravement l’unité nationale et la paix.
Une sortie médiatique qui gène des intérêts…
Des propos très critiques qui ont certainement troublé les membres de la majorité présidentielle car « Conscience citoyenne » a choisi de soutenir les actions du Chef de l’Etat le 24 mai 2013, le jour de sa création. Et naturellement les commentaires de Bruno Kangni doivent bouleverser la donne au sein du jeune parti tant son premier responsable occupe une position stratégique dans le système Yayi. Moukaram Badarou est en effet aujourd’hui le Préfet de l’Ouémé et du Plateau et ne peut s’accommoder de ces commentaires qui restent tout le contraire des louanges dont Yayi a été souvent affublé par ses adulateurs aveugles. Et le préfet devenu désormais un proche du pouvoir Yayi n’a pas apprécié. Du reste, il l’a souligné dans une réponse adressée à notre rédaction. « Il (Bruno Kangni, Ndlr) est sur une fausse route ». Une réponse laconique qui a tout son sens. Il faut noter que joint au téléphone, Bruno Kangni a, lui, confié préférer ne rien dire. Il lâchera néanmoins « c’est un non évènement ». Ces différentes réactions révèlent sans doute que les membres du Bureau politique de « Conscience citoyenne », n’ont pas la même lecture de la gestion du Chef de l’Etat. Bruno Kangni a clairement exprimé sa pensée. Et au sein du parti, il n’est certainement pas la seule personne engagée véritablement aux côtés des populations désormais désabusées. Il existe d’autres hauts responsables. Il n’est donc pas exclu que la cacophonie naissante prenne de l’ampleur et empêche l’expression intelligible des grandes orientations du parti ainsi que son ancrage dans un paysage politique très disputé.