Le coton béninois est en sursis et soumis aux intempéries, mais les ouvriers des usines d’égrenage sont désœuvrés.
Le gouvernement de Yayi Boni a décidé d’exclure les cinq usines du Groupement Ica-Gie de l’homme d‘affaires Patrice Talon, plongeant de nombreux travailleurs dans le désarroi. Ceux-ci se sont fait entendre au cours d’une marche effectuée le 9 avril 2014 à N’dali, Kandi Pehunko et Bohicon. (Lire la lettre du personnel).
Kandi, le 09 avril 2014
A
Monsieur le Maire de la commune de Kandi
Excellence Monsieur le Maire,
Nous, travailleurs de la Compagnie Cotonnière du Bénin (CCB SA) venons à travers la présente marche pacifique, exprimer à l’opinion publique et à votre conseil municipal notre désarroi et celui de nos familles au sujet des menaces réelles de pertes d’emploi qui planent désormais sur nos têtes telles une épée de Damoclès, depuis que le gouvernement a décidé d’exclure les cinq usines du Groupement ICA-GIE, de la campagne d’égrenage 2013-2014 en cours, en ne donnant aucune suite à leurs demandes formelles, officielles et écrites d’allocation de coton graine adressées au Gouvernement et dont la dernière date du 20 janvier 2014.
- Considérant, l’objet social qui sous tend la création de notre usine.
- Considérant, la volonté du gouvernement d’instaurer un partenariat public-privé gagnant- gagnant afin de créer un climat propice au développement des affaires,
- Considérant, que notre société contribue à la mobilisation des ressources financières tant au plan local que national,
- Considérant, que la CCB SA crée de par ses activités des milliers d’emplois directs et indirects contribuant ainsi à la résorption du chômage des jeunes au Bénin et dans les communes du Zou en particulier,
- Considérant, que le label du coton béninois est internationalement reconnu grâce aux efforts des égreneurs et qu’il convient de maintenir le cap en apportant la contribution de la CCB au sauvetage du coton de la mouille et des incendies ;
- Considérant, que notre Groupement a suivi le Gouvernement dans sa volonté de reformer la filière coton en participant à la campagne 2012-2013 et à toutes les réunions préparatoires de la campagne 2013-2014 jusqu’en décembre 2013,
- Considérant, que notre société a toujours égrené, même au cours des campagnes antérieures où le prix du coton était plus bas que le coût de production dans le souci de la promotion de la filière ;
- Considérant, que tous les avantages sociaux acquis auprès de notre employeur ont été supprimés depuis bientôt deux ans en raison de la situation financière fragilisée de notre société,
- Considérant, que le Gouvernement a payé à toutes les autres sociétés d’égrenage leurs factures de stockage de produits finis en excluant les sociétés du groupement ICA ;
- Considérant, enfin que faute d’activité nous serons mis au chômage technique sous peu.
Nous, travailleurs de la CCB SA, venons réitérer notre engagement au côté de notre société, rappelé par les Communiqués de presse des 22 novembre et 10 décembre 2013 et à ce titre, sollicitons votre concours afin que :
- Le Gouvernement puisse nous allouer le coton graine pour l’égrenage,
- Le Gouvernement puisse payer le solde dû à notre société au titre de la campagne 2012-2013,
- Nos emplois soient sauvegardés,
- Le coton soit sauvegardé à tout prix de la mouille et des incendies.
Monsieur le Maire, nous travailleurs de la CCB SA sommes persuadés que vous mettrez le dynamisme habituel qui est le vôtre, au profit de la jeunesse de Kandi et ses environs afin de sauver les milliers d’emplois en périls.
Monsieur le Maire, nous vous prions de plaider pour nous auprès du gouvernement pour qu’il autorise la livraison du coton à notre employeur pour le bonheur de nous tous.
Délégué du personnel
SG/SYNTRACI-CCB
AMADOU Fataou
HOUNKPE Antoine
Trop c’est trop
Les travailleurs de ces cinq usines sont depuis longtemps plongés dans un chômage chronique. Le gouvernement du Bénin a décidé au cours de la campagne 2013-2014, d’écarter le Groupement Ica-Gie.
Un choix qui constitue un carnage social car depuis lors, tous ces travailleurs sont plongés dans une misère sans appel. Le gouvernement du Bénin scelle le sort des employés de ce groupement condamnés à souffrir le martyre, alors même que le coton à égrener est exposé aux intempéries.
Dans un sens comme dans l’autre, le gouvernement a fait le choix de perdre des deux côtés. Le choix est bien osé et on se demande ce qui peut bien motiver cette décision. Ce que les travailleurs affamés demandent est pourtant simple. Ils exigent un retour du coton dans les usines du plus grand groupement auquel ils appartiennent et un mieux-être.
En principe, cela ne devra pas être encore un vœu puisque c’est ce qu’il faut pour que le développement soit effectif. Mais le constat est que le même gouvernement qui affirme faire le bonheur des Béninois et parle de prospérité partagée pose des actes qui contrastent foncièrement avec la notion de prospérité et de développement qu’il clame.
Le souhait est que le régime de Yayi Boni écoute la prière de ces ouvriers affamés et rouvrent enfin ces usines qui n’ont autre finalité que de permettre une célérité dans l’égrenage du coton et la croissance tant désirée.