Vendredi 11 avril dernier, l’Assemblée Nationale du Bénin a vécu des moments exceptionnels. Le discours prononcé par le Président Mathurin Coffi Nago lors de la cérémonie officielle d’ouverture de la 1ère session ordinaire de l’Assemblée Nationale a révélé au grand jour ce que soupçonnaient beaucoup de Béninois au sujet de la détérioration des relations entre le Président Boni Yayi et son protégé Mathurin C. Nago. Entre les deux personnalités, il est désormais clair que les ponts sont définitivement rompus.
Il n’a pas fait dans la dentelle. Il est allé droit au but pour régler ses comptes avec ses détracteurs dans ce sulfureux dossier relatif au rejet du projet de budget général de l’Etat gestion 2014. « Dans ce dossier budgétaire, la seule et unique exigence qui m’a guidé a été, à défaut de consensus, l’application stricte et rigoureuse des textes de loi qui régissent le fonctionnement du Parlement. En tout cas, ce fut ma seule motivation, contrairement à ce que certaines mauvaises langues tentent de faire répandre et de faire croire dans un souci de déstabilisation, de dénigrement et de salissure. Mais le peuple n’est pas dupe. Je comprends, même si je n’en suis pas d’accord, qu’il y ait des gens, dans leur prise de décision, dans leur comportement, qui soient surtout motivés par d’autres choses, notamment l’argent ou le matériel », a dit le Professeur Nago. Vivement et sincèrement, il a souhaité que ceux qui l’accusent comprennent et retiennent une fois pour toutes qu’il y a d’autres gens différents d’eux, ayant une moralité autre que la leur, avec des valeurs qui leur sont chères, c’est-à-dire la rigueur, la dignité, l’honorabilité, la conviction, l’engagement, y compris en politique. « Il fallait que cela soit dit pour que cessent les manipulations, les calomnies et les intrigues, car la bataille, la vraie est ailleurs. Nous devons apprendre à connaître et à prendre en compte les limites de nos responsabilités et de nos prérogatives, si nous ne voulons pas verser dans une pseudo-démocratie, voire dans la dictature. En toutes circonstances, nous devons éviter de nous infantiliser ou de chercher à infantiliser les autres », a-t-il poursuivi. Ces propos du Professeur Mathurin Coffi Nago qui ont retenti au-delà de nos frontières révèlent la profondeur de la détérioration des relations entre le Président de l’Assemblée Nationale du Bénin et celui qu’on a toujours considéré comme étant son mentor politique, Boni Yayi. Les ponts sont définitivement rompus. C’est d’ailleurs le moins qu’on puisse dire en analysant ces déclarations du Professeur Mathurin Nago.
Pourquoi le divorce ?
Pourquoi en est-on arrivé à cette extrémité ? C’est la question que beaucoup de Béninois se posent. Mais en vérité, tout se justifie. Boni Yayi n’a jamais pardonné au Président Nago la manière dont le projet de budget général de l’Etat gestion 2014 a été rejeté par les députés. Dans son entourage, le Président Mathurin Nago a été tenu pour responsable de cette situation. Les dernières nominations par lesquelles le Président Boni a promu Théophile Soussia et Isidore Tossou, deux proches de Nago, constituent la preuve la plus patente de ce que tout est mis désormais en œuvre pour avoir politiquement la peau du Président de l’Assemblée Nationale. Pour certains analystes, il n’y a plus rien à espérer : le pont est rompu entre Boni Yayi et Mathurin Nago.