La bonne ambiance de travail qui règne au sein de la sixième législature depuis son installation en mai 2011 est entamée.
La fissure née lors du rejet en décembre 2013 du budget général de l’Etat gestion 2014 se fait de plus en plus béante et sérieuse, avec le discours du président de l’Assemblée nationale, vendredi dernier, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la 1ère session ordinaire de l’année 2014. Du coup, il est à craindre une session surchauffée au fur et à mesure qu’on évoluera dans les travaux.
Jamais le président de l’Assemblée nationale n’a tenu un discours aussi piquant à l’occasion de l’ouverture d’une session ordinaire. Une allocution qui continue de nourrir les débats.
En présence des présidents d’institutions de la République, des membres du gouvernement et de ses homologues du Sénégal, de l’Ouganda et du Togo, Mathurin Nago a révélé une autre dimension de sa personnalité. Il s’est affranchi de la tutelle de son mentor, le président de la République.
D’un ton ferme et direct, il a tenu à répondre à certains députés membres de la Majorité présidentielle, sa famille politique, qui l’attaquent depuis le rejet du projet du budget général de l’Etat, gestion 2014. Sa réponse a été à la hauteur de ses attaques.
« ….Je comprends, même si je n’en suis pas d’accord, qu’il y ait des gens, dans leur prise de décision, dans leur comportement, qui soient surtout motivés par d’autres choses, notamment l’argent ou le matériel, je souhaite vivement et sincèrement que ces gens comprennent et retiennent une fois pour toutes qu’il y a d’autres gens différents d’eux, ayant une moralité autre que la leur, avec des valeurs qui leur sont chères, c’est-à-dire la rigueur, la dignité, l’honorabilité, la conviction, l’engagement, y compris en politique...
Nous devons appendre à connaître et à prendre en compte les limites de nos responsabilités et de nos prérogatives, si nous ne voulons pas verser dans une pseudo-démocratie, voire dans la dictature. En toutes circonstances, nous devons éviter de nous infantiliser ou de chercher à infantiliser les autres », réplique le président de l’Assemblée nationale à ceux qui le taxent de traitre dans le dossier du rejet du budget 2014.
Un discours qui tranche avec tous les autres qu’il a prononcés depuis la cinquième législature jusqu’ici et qui confirme le malaise au sein de la Mouvance présidentielle parlementaire.
Comme on devrait s’y attendre, ce discours n’a pas plu à plusieurs députés de la Mouvance présidentielle. Il n’a pas été applaudi par tout le monde contrairement aux discours passés. Les applaudissements nourris sont cette fois-ci venus du côté des députés de l’Opposition. Un peu comme pour dire leur satisfaction au président Mathurin Nago.
Les applaudissements étaient mitigés du côté des députés de la Mouvance présidentielle. Tous ceux qui étaient à l’hémicycle vendredi dernier ont pu l’observer. Cette ambiance lourde a été remarquée également chez les ministres du gouvernement présents.
Ceux-ci sont très tôt partis de l’hémicycle, juste à la fin de la cérémonie. Or, les autres fois, ils prenaient un peu leurs quartiers au palais des Gouverneurs avant de se replier à Cotonou. Qui pour donner ses impressions à la presse sur le discours du président de l’Assemblée nationale, qui pour saisir l’occasion pour régler quelques détails avec des députés. Vendredi dernier, on n’a rien vu de tout cela.
Et comme il n’y a jamais deux sans trois, les membres du gouvernement ont brillé dans la soirée à Cotonou par leur absence à la cérémonie de décoration du président de l’Assemblée nationale qui a reçu des mains de son homologue sénégalais Moustapha Niasse une distinction honorifique du président de la République du Sénégal, Macky Sall. Aucun ministre du gouvernement n’était à cette cérémonie qui s’est déroulée dans la soirée du vendredi dernier à Cotonou.
Alors que selon nos informations, ils ont été tous invités. On pourrait dire que le discours du récipiendaire dans la matinée à l’Assemblée nationale est passé par là. Mathurin Nago serait en train de payer cash la teneur de son discours.
Au Parlement également, il ne manquera pas d'en faire les frais. Plusieurs de ses collègues de la Majorité présidentielle le regarderont désormais avec un œil d’opposant. Il risque d’être écarté de certaines discussions politiques concernant des stratégies à l’interne de la Mouvance pour faire passer tel ou autre dossier du gouvernement. Et c’est dans cette atmosphère qu’interviendra jeudi prochain le vote de son rapport d’activités pour la période allant du 30 octobre 2013 au 30 mars 2014.
En tout cas, si tous les rapports d’activités pour le compte de la sixième législature sont toujours passés comme une lettre à la poste, les pronostics annoncent que le présent risque de connaître quelques difficultés. Les députés de la Mouvance présidentielle pourraient s’organiser pour sceller son sort en guise de mécontentement. Toutes choses qui rendront la présente session électrique..
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