Dédiée chaque 8 mars pour célébrer les efforts des femmes et reconnaître leur place au sein de la société, la Journée internationale de la femme est normalement commémorée en un jour. Mais au Bénin elle joue encore les prolongations et s’écarte ainsi de ses objectifs de départ.
Par Maryse ASSOGBADJO
Journée internationale de la femme (JIF) ou Mois international de la femme (MIF) ou peut-être encore Trimestre international de la femme (TIF) a-t-on dit ?
La question mérite d’être posée au regard de l’engouement que suscite encore la célébration prolongée du 8 mars au Bénin. Pendant que la page de la JIF a été définitivement tournée un peu partout ailleurs pour le compte de cette année, nombreuses sont encore les structures de la place surtout celles publiques qui continuent de s’y attarder. Et pourtant, toutes les langues s’accordent à reconnaître le Bénin comme un pays pauvre et qui a besoin d’énormes ressources financières pour se développer. «Le temps c’est de l’argent», a dit l’adage. Or, à chaque célébration du 8 mars dans le pays, le constat est bien visible et frappant.
On abandonne bureaux et usagers pour consacrer une journée entière à la cérémonie. Pendant que les populations démunies souffrent cruellement dans les contrées et manquent du minimum pour s’épanouir, l’heure est plutôt aux manifestations tous azimuts de la JIF en ville, aux réjouissances. A chaque célébration au Bénin, ces soucis semblent apparemment être relégués au second plan et l’on continue d’injecter d’importantes ressources financières dans l’organisation de ladite manifestation.
Pourvu qu’elle réussisse, le reste importe peu. A-t-on jamais eu le temps d’évaluer les gâchis au plan alimentaire et de se demander les besoins que ces pertes pourraient couvrir dans le rang de certaines familles démunies? Certainement pas.Pis, la célébration mobilise encore la présence des personnalités les plus insoupçonnées qui estiment qu’en s’associant aux femmes, ils leur apportent un soutien ou qu’elles bénéficient d’une attention particulière de leur part. Mais à y voir de près leurs intérêts sont ailleurs. Ils profitent de ces manifestations pour jeter des fleurs aux femmes, marquer des points politiques.
La gent féminine de son côté semble ne pas encore cerner l’enjeu et s’y plaît apparemment bien dans ce jeu. Il est vrai et normal que l’on doit célébrer la femme, mère de l’humanité. Il est également vrai que la femme mérite bien plus qu’une journée au regard de ce qu’elle représente dans la vie d’un individu ou de toute une nation. Mais la célébrer sans jamais s’écarter des objectifs de la JIF et se conformer à la seule journée retenue à l’échelle mondiale, serait assurément bénéfique pour toute la nation. Finissons-en donc avec les prolongations du 8 mars au Bénin.
Combien sont-elles à voler au secours de leurs sœurs en situations difficiles se retrouvant dans les hameaux reculés du pays ? Trop c’est trop !, chuchote-t-on dans le rang de certaines femmes. Quelques-unes se sont certes inscrites dans cette logique et saisissent l’occasion de la JIF pour faire des œuvres sociales et mener des réflexions sur la condition féminine.
Mais leurs œuvres constituent des actions éparses et qui méritent d’être renforcées. Les copies demandent à être absolument revues pour non seulement valoriser réellement la femme, mais aussi pour penser au développement du Bénin.