« Le ventre affamé n’à point d’oreille », dit-on. Cette lapalissade si chère au président défunt Félix Houphouët Boigny de la Côte-d’Ivoire, la plupart des populations de Kandi, Péhunco, N’Dali, Kétou et Bohicon la vivent en réalité.
Pour raison de contrainte, des ouvriers qui gagnaient leur pain à la sueur de leur front dans les usines d’égrenage du coton installées dans ces localités et appartenant à Patrice Talon, sont mis en chômage technique. Conséquences de cette volonté gouvernementale: plusieurs milliers de familles crient déjà à la famine.
« Peut-on vouloir se faire appeler « Père de la Nation » tout en éprouvant du plaisir à affamer son peuple ? » C’est bien l’une des nombreuses interrogations que se posent des travailleurs dans le Septentrion, notamment ceux qui exercent dans les usines du groupe ICA appartenant à Patrice Talon. Pour n’avoir pas été réellement associés à la campagne d’égrenage du coton, ces travailleurs qui y trouvaient leur pitance, vivent actuellement la torture morale.
Le vieux Caméléon n’avait-il pas dit que « qui ne travaille pas n’a pas droit au salaire ? » C’est cela la réalité en fait. Plus de six mille trois cents personnes, travailleurs permanents comme ouvriers saisonniers, sont mises en chômage technique. La cause, le gouvernement ayant forcément décidé d’écarter du processus d’égrenage en cours les usines du groupe ICA, n’a pas mesuré l’ampleur de son acte, indique-t-on.
« On ne peut pas invoquer le nom de Dieu sans avoir la crainte de l’Etre Suprême », avancent certains. « On ne peut pas aimer toutes les femmes du Bénin en leur créant un tel tort » disent d’autres.
De toutes les façons, la situation dans ces localités a bien l’air de ressembler trait pour trait à celle que vivent les travailleurs de la SHB, la Société des Huileries fonctionnant à Bohicon. A ce niveau, ce sont plus de huit cent cinquante personnes qui sont mises en chômage technique depuis peu.
On argumente que ceci est encore la conséquence de la volonté du gouvernement de laisser de côté la SHB en ce qui concerne la livraison des coton-graines pour leur traitement et l’extraction des produits finis. Somme toute, dans ces deux cas de figure, les charges fixes n’étant plus assurées, le chômage technique, comme une contrainte, s’est imposé à tous ces travailleurs qui, pour la plupart d’eux, manquent de souffle pour appeler Boni Yayi au secours.