L’insalubrité dans le marché Dantokpa n’est plus chose surprenante. Mais le cas précis de la zone de Todomè est plus déplorable. Les usagers de ce lieu vivent au quotidien avec les déchets de tous genres qui leur pourrissent l’existence.
Des ordures font bon ménage avec les usagers du marché Dantokpa
Des eaux souillées, des sachets de part et d’autre, des déchets de tous genres, des bacs d’ordures… Tels sont les objets qui garnissent le sol noir et boueux de Todomè non loin de la lagune. Installés à cet endroit insalubre et puant, les commerçants qui sont pour la plupart, des femmes vendent des paniers de tomates, de piments, de noix de palme et des tubercules de tous genres. Un tour dans ce marché, et c’est l’odeur nauséabonde que dégagent les ordures et les objets pourris qui vous accueille. « Des gens viennent jeter des ordures juste à côté, non loin de nos étalages. Lorsqu’ils viennent, nous refusons et on fait même de bruits, mais la nuit quand tout le monde rentre, ils reviennent. Et nous sommes obligés d’inhaler cette odeur tous les jours, du matin au soir », fait remarquer Justine Vodonoun, une vendeuse de patate douce, qui ajoute : « Arrivés à la maison, nous prenons du lait peak. Néanmoins, nous tombons régulièrement malade de même que nos enfants ».
Pour appuyer celle-ci, Colènou Zansi, également vendeuse de patate douce, s’insurge : « Avant hier quand il y a eu pluie, il y avait de la boue partout avec une odeur insupportable et des vers blancs qui sortent des ordures. Il y a de grosses souris qui meurent dans les ordures et se décomposent en vers et nous devons supporter tout cela ». Elle continue, les larmes presqu’aux yeux : « Nous ne sommes quand même pas des porcs, mes pieds sont parsemés de plaies », tout en exhibant ses pieds. Au dire des usagers, ce n’est vraiment pas la joie. Les conséquences qu’ils endossent ne sont pas moindres. La clientèle est réduite bien qu’elles vendent des produits d’une grande utilité. Parmi les rares acheteurs rencontrés dans cette zone, il y en a qui évitent au maximum sa fréquentation. C’est le cas de Pauline Loko, une cliente. « Le lieu n’est pas du tout propre, si moi je viens ici, je n’aime même pas beaucoup débattre. J’achète vite ce que je veux et je rentre », a-t-elle confié, l’air pressé.
Des clients méfiants
L’absence de clients se fait aussi remarquer au niveau de l’allée qui passe au milieu des vendeuses où il est rare d’avoir des attroupements. Mais les vendeuses du marché Todomè n’entendent pas quitter les lieux pour des raisons diverses. Yvette Dossou-Yovo, vendeuse de tomate explique : « c’est parce que nous n’avons nulle part où aller que nous sommes ici, sous le soleil. Les boutiques qu’ils ont construites de l’autre coté sont trop chères ». Aussi, a-t-elle signalé, « nous faisons le balayage chaque soir avec les gardiens qui restent ici. Nous apportons nous-mêmes le sable noir recueillis sur les tubercules d’ignames et les enveloppes de maïs pour remblayer les lieux, pourtant nous payons 1200 Fcfa chaque fin de mois ». « Si tu ne payes pas, ils prennent ton parasol et tu dois payer 5000 avant de le retirer », a-t-elle dit tout en implorant l’aide des autorités.
Autorités et usagers à couteaux tirés
Pour Geoffroy Abalo, un agent contrôleur de la Société de gestion des marchés (Sogema), ce sont les bonnes dames mêmes qui ne prennent pas soin des lieux. « Elles ne nettoient pas les lieux. C’est nous qui allons là-bas pour leur demander de balayer alors qu’elles savent qu’elles vendent des choses qui génèrent instantanément des ordures », affirme-t-il. Il vient donc contredire les bonnes dames qui affirment nettoyer les lieux chaque jour. A entendre la Directrice de l’assainissement de la Sogema, Christiane Cakpo-Chichi, ce lieu n’est pas un lieu de commerce. « D’abord, il faut dire qu’elles ne devraient pas rester là. C’est une installation anarchique, c’est illégal », a-t-elle expliqué. Néanmoins, poursuit-elle, nous sommes en train d’élaborer un projet d’assainissement avec l’Ong Bethesda. Elle ajoute : « Ledit projet sera mis en œuvre d’ici peu. On y pensait depuis fort longtemps mais les moyens nous retardent ». Mais avant que ce projet ne devienne réalité, les usagers doivent continuer de souffrir le martyre, tout en courant le risque chaque jour que Dieu fait, de contracter des maladies et de mettre leur vie en péril à cause du pain quotidien.