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Adjinakou N° 2380 du 6/2/2014

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Le premier pouvoir du Premier Censeur !
Publié le vendredi 18 avril 2014   |  Adjinakou


Ouverture
© AFP par SEYLLOU
Ouverture de la 17ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d`Etat et de Gouvernement de l`UEMOA
Jeudi 24 octobre 2013. Dakar. Plusieurs chefs d`Etats sont arrivés à Dakar où ils prendront part à la 17ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d`Etat et de Gouvernement de l`UEMOA et au sommet extraordinaire de la CEDEAO.Photo : Boni Yayi, président du BENIN


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Perdu entre la fronde syndicaliste et la tension du Trésor public, toujours soucieux d’assurer sa postérité, Boni Yayi semble avoir retrouvé un pouvoir : celui de régler ses comptes avec les médias. In media res donc : la nébuleuse affaire relative à la demande de décaissement de deux milliards des caisses de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) connait depuis ce mercredi 16 avril 2014, un nouveau rebondissement. Deux de nos confrères, le Directeur de publication et un journaliste du journal « L’indépendant » à qui on ne saurait nier le mérite d’avoir révélé aux communs des Béninois un nouveau scandale financier sous le régime en place, ont été condamnés. Le premier responsable de l’organe de presse a écopé d’un an d’emprisonnement assorti de sursis alors que le journaliste est condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis. Pire, ils sont frappés d’une amende de cinq millions et le journal est interdit de parution pendant trois mois. Mais le journal n’est pas encore au bout de ses peines>

Une semaine après la première condamnation, les confrères responsables devront répondre d’une autre accusation relative à une supposée offense au chef de l’Etat.

En effet, la prochaine plainte qui risque d’accentuer les déboires du journal « L’indépendant » est bien celle du chef de l’Etat qui s’est senti offensé par la publication dudit journal. Légitime défense disent ses partisans, mais la requête du président Boni Yayi parait quelque peu exagérée et rébarbative. Deux raisons sous-tendent l’ébahissement des Béninois et surtout des professionnels des médias. Primo, après la publication de l’article incriminé qui, au-delà de toutes les considérations, s’inscrit dans la logique de la lutte contre la mauvaise gestion, la corruption et l’impunité grandissante dans le pays, le journal s’est réservé le droit de revenir en toute responsabilité sur le dossier en publiant dans les mêmes conditions que l’article gênant, un démenti formel sur la question de financement des voyages du chef de l’Etat. Secundo, la plainte du chef de l’Etat est de nature à donner raison à ceux qui pensent que le régime en place travaille à réduire les médias soit au silence, soit à les confiner à sa propagande. Surtout que c’est sous ce même régime que des journalistes ont déjà été poursuivis et condamnés pour offense au chef de l’Etat avant d’être graciés.

Boni Yayi qui se veut défenseur des professionnels des médias, que dis-je, un rédempteur de la presse, aurait-il changé de manteau ? La question mérite d’être posée car il y seulement deux mois que Boni Yayi dans un discours très flatteur, à la limite sarcastique, faisait aux hommes des médias une profession de foi plutôt étonnante. Laissant l’impression aux journalistes qu’il ne les menacerait plus comme le passé, Boni Yayi lors des Etats généraux de la presse déclarait : « la presse est au centre de tout développement ». Il pense même qu’elle constitue le « premier pouvoir » contrairement au quatrième rang que lui confère la Constitution béninoise. « Sans la presse, rien n’est possible » a conclut le chef de l’Etat devant tout le gratin médiatique du Bénin assisté de plusieurs délégations venues du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Niger et du Togo.

Il y a certainement une contradiction sinon, un contraste dans le discours et le comportement du chef de l’Etat. De deux choses, l’une : ou Boni Yayi a bluffé les journalistes, ou à travers son assignation, le premier magistrat du Bénin veut régler des comptes avec un organe de presse devenu trop critique. Toutefois, la première hypothèse parait plus évidente aux yeux des observateurs qui font référence à la légèreté dont le locataire de la marina a fait preuve à l’ouverture officielle des deuxième Etats généraux de la presse. « Je voudrais vous livrer un message qu’on m’a apporté ce matin. J’ai d’abord demandé l’avis de mon gouvernement s’il faut le lire et on m’a autorisé. Si dans ce que je vais lire, il y a des choses qui vous choquent, sachez que ce n’est pas moi qui l’ai écrit mais plutôt ceux qui ont rédigé le message, mais s’il y en a de bon, c’est moi qui l’ai ajouté… ». Ainsi s’exprimait le chef de l’Etat en début de propos comme pour montrer qu’il était très peu sincère. La suite de l’affaire « Sbee » avec sa déclinaison « offense au chef de l’Etat » nous en dira d’avantage !

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