Le conseil des ministres délocalisé hors de Cotonou a eu lieu. Hier, mercredi 23 avril 2014, les membres du gouvernement se sont réunis à la Préfecture de Porto-Novo, sous l’autorité du Dr Boni Yayi, Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du gouvernement, premier Magistrat de la République, Chef suprême des armées… Juste pour le populisme, malheureusement !
Bien avant 08 heures, le Préfet Moukaram Badarou qui a fait de ce rendez-vous un événement exceptionnel s’est rendu à son bureau pour accueillir ses hôtes. Le dispositif sécuritaire n’a pas fait défaut.
A la descente du pont de Porto-Novo, on pouvait en effet voir des militaires armés jusqu’aux dents et des gendarmes prêts à bondir sur tout ce qui bouge. Pour raison d’Etat, les usagers de la route ont été contraints d’emprunter un itinéraire routier que leur ont imposé les forces de l’ordre. Tout le monde en a eu pour son compte sur le parcours qu’a emprunté le cortège présidentiel.
Ces bonnes dames qui ont l’habitude d’exposer leurs marchandises le long de la route Cotonou-Porto-Novo à la hauteur de Djrègbé ont été dégagées sans ménagements par les forces coalisées au sein de l’opération Djakpata. Naturellement, elles n’ont pas accueilli de gaîté de cœur ce remue-ménage. Elles ont maugréé. Elles ont même maudit ce jour choisi par le Chef pour tenir son conseil des ministres délocalisé.
Pour elles, l’événement a plutôt créé un manque à gagner. Et le souci premier, c’est comment rattraper le temps perdu pour honorer les engagements pris au niveau des institutions de microfinance qui leur ont octroyé des microcrédits.
Un malheur ne vient jamais seul. Les populations de plusieurs quartiers de Porto-Novo (sauf celles qui ont leurs maisons situées aux alentours de la préfecture) ont été sevrées d’énergie électrique. Ceci au nom de ce fameux conseil des ministres délocalisé.
Dans la soirée, c’est du côté du carrefour Ouando que le calvaire s’est déplacé. L’embouteillage était monstre. Et ceci dans un concert de klaxon. Cela se justifie. Boni Yayi et sa suite étaient à la piscine municipale. Pour quoi faire ? Voir comment fonctionne le Business promotion center (un centre d’incubation des jeunes porteurs de projets et promoteurs d’emplois financé par le Pnud), renseignent certaines sources.
Du populisme pur
Le fameux conseil a duré plusieurs heures. Plusieurs dossiers ont été examinés, y compris ceux qui touchent au développement de la ville de Porto-Novo. C’est du moins ce qu’ont révélé des voix autorisées.
Et pour montrer aux populations de la cité des Aïnonvi que cette séance délocalisée du conseil des ministres n’était pas une diversion, les membres du gouvernement ont visité quelques projets de développement lancés par le Chef de l’Etat au profit de la ville capitale.
Embarqués à bord d’un même bus, l’équipe gouvernementale, accompagnée par le Préfet Moukaram Océni, rejointe plus tard par le maire Océni Moukaram, a atterri, sirènes hurlantes, sur le chantier d’aménagement du parc d’attraction de Porto-Novo gracieusement financé par la Banque ouest africaine de développement (Boad), sous le mandat du Président Abdoulaye Bio Tchané. Ce projet est à la base de la crise qui secoue en ce moment le conseil municipal de Porto-Novo.
On comprend alors pourquoi le Chef de l’Etat est allé voir comment il évolue. La voie du contournement de Porto-Novo dont 4,5 kilomètres restent à construire a aussi reçu la visite de l’équipe gouvernementale. Mais malheureusement, le siège de la corruption, que dis-je, le nouveau siège de l’Assemblée Nationale dont les travaux ont été abandonnés depuis plusieurs mois a été évité. 14 milliards de F Cfa ont été déjà engloutis sur ce chantier inachevé qui hante désormais le sommeil de certaines autorités de notre pays.
Les faits donnent malheureusement raison à ceux qui pensent que ce conseil des ministres délocalisé n’est que du pur populisme. Les populations n’ont pas pu se rapprocher de leurs gouvernants. Le conseil s’est déroulé sans ces populations où leurs représentants. Elles n’ont donc pas eu l’occasion d’exprimer au gouvernement leurs besoins.
Grandes ou petites retombées ?
Au nombre des retombées de cette importante messe ministérielle, il y a la construction et l’achèvement des 4,5km restant de la Rocade encore appelée boulevard du cinquantenaire. Les travaux, annonce-t-on, démarreront en juin prochain. Quant au jardin d’attraction de Dowa, des indiscrétions annoncent que son financement est bouclé. Grandes ou petites retombées ? A vous de juger.
