L’économie nationale n’échappe pas aux fâcheuses conséquences de la désastreuse campagne cotonnière 2013-2014. Elle souffrira d’une perte de plus de 14 milliards Fcfa. C’est l’estimation des coûts engendrés par l’incapacité de l’Etat à égrener à temps environ 108 tonnes de coton graine.
L’économie nationale déjà en souffrance aura du mal à se remettre sur les rails en raison de la crise dans la filière coton, principal produit d’exportation du Bénin. Alors que la campagne en cours continue de révéler l’incapacité et les errements de l’Etat dans sa politique, les difficultés à égrener environ 108 tonnes de coton graine se révèlent très onéreuses pour le pays. Et selon tout calcul fait par des spécialistes du domaine, les charges supplémentaires générées par le stockage de cette importante quantité du coton s’évaluent à plus de 14 milliards Fcfa sans compter les pertes provoquées par différents facteurs (vols, mouille, incendie). Qu’on soit du domaine ou non, chacun de nous doit prendre conscience des dégâts économiques provoqués par la campagne en cours. Le bilan est inadmissible sur tous les plans, mais attardons-nous un peu sur les conséquences générées par le stockage d’environ 108 tonnes de coton graine dans des conditions qui sont loin des standards recommandés sur le marché international. Personne ne peut dire avec exactitude quand l’égrenage de cette quantité va commencer. La non maîtrise de cette donnée ne permet pas d’espérer un bon rendement. Dans les conditions actuelles, le produit final qui sortira ne sera pas du coton fibre de bonne qualité et le tonnage attendu sera totalement inférieur à ce qui s’obtient habituellement. D’après des spécialistes, les 108 tonnes égrenées donneront à peine 42% de coton fibre. Il sera vendu à un prix totalement inférieur à sa valeur. On parle 700.000 FCfa la tonne au lieu de 900.000 FCfa. La perte totale est estimée à 9 milliards FCfa. Au sujet du coton graine issu de l’égrenage, il faut s’attendre également à des pertes considérables. Du fait de la mouille, une graine de mauvaise qualité est cédée à 85.000 FCfa, la tonne. Les pertes à enregistrer à ce niveau seront de l’ordre de 5 milliards FCfa. Le tout fait un total de 14 milliards FCfa (9 milliards sur la vente du coton fibre et 5 milliards sur la graine de coton).
Et les charges supplémentaires
Lorsqu’on regarde de plus près, on se rend compte que cette campagne cotonnière a été plus coûteuse que les précédentes. Par exemple, les ministres étaient constamment en villégiature dans les bassins cotonniers. Leur séjour et celui de leurs délégations se chiffrent à des centaines de mille de FCfa. Les surcoûts des transports alourdissent l’ardoise déjà salée. Ces surcoûts des transports sont évalués à plus de 2. 550 milliards. Que dire des primes des militaires ? Près de 500 millions FCfa sont engloutis dans ce volet. Il faut y ajouter les frais générés par le stockage et le déstockage. Ils sont d‘environ 180 millions. La protection des stocks pour 800 millions FCfa. Tout cela a été dépensé parce que l’Etat est dans l’incapacité d’égrener à temps les 108 tonnes de coton. A l’heure du bilan, le peuple lui demandera des comptes. S’il prend conscience du tort qu’il cause à l’économie nationale en procédant de cette manière, cela nous évitera de revivre le même drame pour le compte de la prochaine campagne.