«Nous avons, certes suspendu les grèves, mais cette décision est comme une épée de Damoclès. Nous pouvons donc relancer les hostilités. Mais pour le moment, nous avons choisi de sauver l’année scolaire, d’éviter à nos enfants l’année blanche ». Invité hier de l’émission «Zone Franche» de Canal 3, Noel Chadaré, le secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin), tentait ainsi de justifier la récente décision prise par quatre centrales syndicales sur six, tout en mettant le gouvernement en garde. « Une suspension n’est pas une levée », a-t-il aussi précisé. S’ils en sont arrivés à cette décision, c’est parce qu’aussi, plusieurs points de leurs revendications ont été satisfaits, à l’en croire. Il en a cité quelques-uns, dont l’annulation des concours frauduleux, la restitution des défalcations sur salaires opérées en 2014, l’annulation de l’arrêté préfectoral interdisant des marches de protestation dans les départements de l’Atlantique et du Littoral, le relèvement du Smig de 31.500 à 40.000. Quand aux deux autres au point qui sont restés sur le tapis, l’invité de Canal 3 dit faire confiance au gouvernement. Ils ont arrêté, sans réussir à faire limoger le préfet Placide Azandé, comme ils l’avaient tant exigé. Noel Chadaré pense qu’il ne s’agit pas là non plus d’un échec. «Nous ne voulions pas mettre en péril l’avenir de nos enfants à cause de Placide Azandé qui va passer, et même Yayi, qui s’en va en 2016 », a-t-il dit, non sans indiquer qu’ils ont déjà porté plainte contre le préfet auprès de la Cour suprême qui a décidé qu’on peut le juger. Le dossier serait actuellement pendant devant le tribunal de première instance de Porto-Novo, avec pour avocat défense de la partie civile, Me Joseph Djogbénou.
Par ailleurs, le Sg/Cosi-Bénin, fustige le fait qu’on les accuse de « dresser le lit à la dictature de Yayi » en suspendant le mouvement là où il ne faut pas le faire. « Nous ne sommes pas dans ce schéma, nous nous battons pour les travailleurs, nous ne devons pas les conduire et nous ne devons pas faire le lit pour une situation que nous n’allons pas maîtriser. On a donc décidé en toute responsabilité. Chacun a son autonomie », a-t-il déclaré. Le mouvement de grève d’alors, selon lui, a fini par lasser les populations et risquait de devenir impopulaire. « Si nous avons une année blanche, vous pensez que ceux qui nous ont soutenus vont continuer à le faire. Il faut tenir compte de l’opinion publique en matière de grève », a également dit l’invité de Canal 3.
Noel Chadaré a aussi réagi au sujet de l’affaire d’argent qui aurait circulé et aurait contribué à la suspension des mouvements de grève par les quatre centrales syndicales. « J’ai une éducation qui ne me permet pas de suspecter les autres. Ceux qui en parlent étaient certainement présents quand l’argent circulait, qu’ils nous en apportent alors les preuves», a-t-il indiqué.