Le Centre hospitalier départemental de la Donga manque de courant électrique et de ressources financières conséquentes. Les usagers broient du noir, et les services fonctionnent au ralenti.
Les usagers et personnel administratif du centre hospitalier départemental de la Donga, sis à Djougou, vivent une situation de psychose. Le centre mis en service le 21 mars 2014 connait en effet, de sérieuses difficultés énergétiques et financières pour son fonctionnement. Le premier, et le plus grand des problèmes, d’après le constat sur les lieux, c’est le manque du courant électrique qui se traduit par le non raccordement du centre hospitalier au réseau électrique de la Société béninoise de l’énergie électrique (Sbee).
Selon les explications du directeur général du centre, Bernard Matchi, la demande d’électrification du centre a été faite, et une somme de 87.ooo.ooo F Cfa a été versée à la Sbee qui devrait procéder au raccordement du courant électrique au centre hospitalier avant même sa mise en service. Mais la société n’a pas encore honoré à ses engagements. Il informe que le centre est pourvu d’un groupe électrogène, mais les moyens financiers manquent pour l’achat du carburant. La facture revient trop chère et insupportable pour le centre. Et pour cause, il ne dispose pas d’un budget conséquent pour son fonctionnement.
En fait, « Au départ, dit le directeur général du centre, nous n’avions pas un budget conséquent ; ce qui m’a toujours amené à Cotonou. »
Autres problèmes, l’insécurité et l’insalubrité constituent une menace pour les usagers et le personnel du centre. L’hôpital départemental de la Donga, à dire vrai, est un centre très ambitieux bâti sur une grande aire d’espace qu’il faut assainir et maintenir toujours propre, tant au niveau des services qu’au niveau même de la cours du centre. Il faut aussi des agents de sécurité pour veiller sur le centre. Cela suppose qu’il faut passer des contrats en bonne et due forme avec des sociétés de gardiennage et des sociétés d’entretien. Mais faute encore d’un budget conséquent, le directeur général fait recours aux bonnes volontés.
« La sécurité constitue une autre difficulté pour nous. C’est nous même qui avons recruté nos propres gardiens. J’ai toujours posé ce problème. Il y a aussi le problème d’assainissement. On a pris des agents d’entretien qu’on essaye d’intéresser de notre poche pour qu’ils nous face le travail. Mais cela ne saurait durer » dit-il.
Il est à signaler par ailleurs que le centre hospitalier départemental de la Donga ne dispose actuellement que de 86 agents constitués pour la plupart des stagiaires sans contrat.
C’est au tant de problèmes qui cassent la tête au Dg Matchi qui ne dort point sur ses lauriers. « Il va falloir dans très peu de temps, procéder au recrutement et signer des contrats », avise-t-il. Cependant, Bernard Matchi ne désempare pas. « Nous nous sommes rendus à Cotonou où nous avons tenus des séances de travail avec les autorités du ministère. Elles vont aviser très rapidement. » Il compte par ailleurs sur des personnes de bonne volonté en général, et les cadres, fils et filles de la Donga en particulier. D’où ce message de secours qu’il lance à leur endroit : « Au niveau de la donga, il y a des autorités politico-administratives qui ont des moyens de nous venir en aide. Je demanderais simplement aux bonnes volontés de nous donner un coup de pousse. Le Chd, c’est l’affaire de tous. »
Imminente descente des sages à la direction générale de la Sbee
Face à cette situation, la population s’indigne. Du coté du comité des sages de Djougou, l’on envisage des rencontres avec les responsables locaux concernés par le dossier, en l’occurrence, le directeur du Chd, le chef d’agence Sbee Djougou et le directeur départemental de la Sbee. Si cette démarche ne donne pas une conclusion rassurante, une délégation de sages va descendre à la direction générale de la Sbee à Cotonou, pour demander des comptes au directeur général.
« Le ministre de la santé nous a dit que le ministère des finances a déjà payé 87.000.000 F Cfa à la Sbee pour l’électrification du centre. Donc le problème se situe au niveau du directeur général de la Sbee, et nous pensons qu’il faut qu’il fasse diligence, parce qu’il s’agit de la santé des personnes. Et la santé n’a pas de prix.
La Sbee doit faire tout ce qu’elle peut pour que le branchement se fasse. Parce que sans l’énergie électrique on ne peut rien faire. Si d’ici quelques jours, on ne voit rien nous seront obligés de nous rendre à Cotonou pour voir le directeur et lui demander a savoir pourquoi le branchement n’est pas fait ». Il s’agit là des propos du président du comité des sages de la ville de Djougou, Karim Boukari Ténaka, qui décerne par contre un satisfecit au directeur générale du Centre hospitalier départemental de la Donga, Bernard Matchi. « Malgré les difficultés, il se bat pour que l’hôpital soit opérationnel. Quelque fois, il est pris à partie, mais ça ne le décourage pas », a dit le sage qui l’encourage ainsi à poursuivre les plaidoyers.
Le moral encore haut malgré tout
Malgré les difficultés le Dg Bernard Matchi remercie le seigneur. Pour lui Le personnel a encore le moral haut. Les services lancés fonctionnent tant bien que mal. En trois semaines de travail, le centre a enregistré 20 accouchements à la maternité, 30 malades reçus et traités à la pédiatrie, et plus de 340 patients reçus à la consultation.
Au laboratoire, toutes les analyses sont possibles. Certes, la pénurie en énergie électrique bloque le travail, mais selon le Dg, toutes les personnes qui y vont ont toujours satisfaction. « Nous avons un groupe de relais, c’est vrai que nous n’avons pas de moyens pour alimenter régulièrement le groupe, mais le peu de carburant que nous avons, dès qu’il y a des analyses à faire, les laborantins allument le groupe pour faire les analyses », assure-t-il. « Nous avons pris contact avec les responsables au plus haut niveau, avec l’aide du ministre Alassane Soumanou Djimba, et je crois que les choses iront plus vite. Les réflexions sont en cours, c’est des problèmes c’est vrai, mais nous ne nous décourageons pas ; nous gardons espoir », conclut-il.