Le changement en 2006 puis la refondation en 2011. Il y avait, au départ, un nombre incalculable de Béninois qui, sous la houlette de Boni Yayi, le géniteur de ces concepts, y croyaient dur comme fer et étaient prêts à tout pour apporter leur expérience, leur savoir-faire afin que ces visions du candidat de l’époque soient traduites en faits concrets. Mais à l’arrivée, les déçus sont nombreux. Ainsi, ce sont de centaines d’adeptes du changement et de la refondation qui, sur le parcours, sont tombés ou ont été éjectés du navire « Yayi ». De 2006 à 2011, le chemin était certes long, mais rien n’explique le nombre impressionnant de ministres, députés et hauts cadres que le régime a dû sacrifier en huit ans, aux fétiches ‘‘changement’’ et ‘‘refondation’’. Mais dans la catégorisation de ces Béninois qui ont vu leur espoir déçu, du jour au lendemain, il y en a qui aujourd’hui ont pris leur courage à deux mains et ont carrément affiché leur opposition à la méthode de gouvernance du régime en place.
Ceux qui ont tourné dos au régime
Au nombre de ceux-ci, il y a eu dès les premières années du régime Yayi, les partis membres de l’alliance Wologuèdè que sont le Psd, la Rb et le Madep. Les ministres de ces partis sont, très tôt, sortis du premier gouvernement de l’ère du changement malgré le soutien de l’alliance Wologuèdè qui a pesé de tout son poids face à Me Adrien Houngbédji lors du second tour des élections présidentielles de 2006. Exit donc, Abraham Zinzindohoué, Théophile Montcho, Jocelyn Dégbey, Jean-Pierre Babatoundé, Kint Aguiar. Et ce n’est pas tout. D’autres ministres technocrates ou choisis à la volée sont partis comme ils sont venus. Parmi eux, il y a les ministres Galiou Soglo, Moudjaïdou Soumanou et Pascal Koupaki. D’autres par contre, comme les anciens ministres Candide Azannaï et Victor Topanou, ont choisi de cracher dans la soupe en mettant en exergue les limites d’un système qu’ils connaissent de l’intérieur.
Les députés, premiers soutiens à Yayi et au changement n’ont pas fait exception à la règle. Face à la dure réalité de l’exercice du pouvoir, entre les deux élections présidentielles de 2006 et de 2011, ils ont plié bagage pour d’autres horizons qu’ils croyaient plus verdoyants. Ainsi, à l’instar des Honorables Eloi Aho, Luc da Matha Sant’anna, Wallys Zoumarou, Bani Samari, Sam Adambi, Janvier Yahouédéou, Edgar Alia, Amissétou Affo Djobo Oloudé, ils sont un certain nombre à tourner dos au champion du changement. Et depuis l’avènement de la refondation, l’ambiance est, de plus en plus, délétère entre le chef de l’Etat, Boni Yayi et le président de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago.
Les cadres n’ont pas été épargnés par la machine à broyer de Boni Yayi. Et certains d’entre eux, en désespoir de cause, ont préféré reprendre leur liberté. L’un des plus connus de cette catégorie de personnalités est l’ancien porte-parole du président de la République, Me Lionel Agbo, aujourd’hui contraint à l’exil. Dans une moindre mesure, il y a Jean Gontran Quenum, Jacques Migan qui, du jour au lendemain, ont choisi de vilipender un régime qu’ils avaient soutenu jadis. Malheureusement, ce ne sont pas seulement les politiciens qui ont eu du mal à continuer la collaboration avec Yayi. Les hommes d’affaires à l’instar de Patrice Talon et Sébastien Ajavon ont également payé le prix fort pour avoir, à un moment ou à un autre, cru que la politique et les affaires peuvent faire bon ménage.
Ceux qui ont été éjectés
La leçon vaut également pour l’ancien procureur de la République, Justin Gbènamèto qui a été simplement broyé par la moulinette de la refondation pour une histoire de transfert de fonds. Toujours parmi ceux que le changement et la refondation ont emporté, il y a un bon nombre de Directeurs généraux. Tenez, Jérôme Dandjinou, Joseph Ahanhanzo, Julien Akpaki, Marie Diane Tossa Agbossou, Kassim Traoré, Marius Hounkpatin, Expédit Houessou et dans une moindre mesure l’ancien Drfm de l’économie maritime, Francis Aguénoukoun, ont fait la lourde expérience du limogeage à la « Yayi » avec pour certains, un séjour à la Brigade économique et financière (Bef).
Et comme c’est la coutume avec le régime Yayi, il y a de ces ministres et secrétaires généraux du gouvernement qui se sont pris les pieds dans les filets du régime actuellement en place au Bénin. Adidjatou Mathys, Armand Zinzindohoué, Soulé Mana Lawani, Colette Houéto, Gaston Dossouhoui, Roger Gbégnonvi, Kessilé Tchalla, Lambert Koty, Albert Houngbo, Alexandre Kpédétin Dossou, Issifou Kogui N’Douro, François Noudégbessi, Epiphane Nombimè…la liste est longue. Et si certains n’ont jamais été ministres ou députés, ils étaient aussi dans les bonnes grâces du régime avant de tomber en disgrâce : le beau frère Tiburce Adagbé et l’ancien président de la Cour constitutionnelle, Robert Dossou en sont des exemples.
Ceux qui sont dans l’ombre
Mais, parmi ces nombreux Béninois qui sont aujourd’hui obligés de composer avec le désamour pour Yayi et son gouvernement, il y en a qui ont simplement préféré donner leur langue au chat. Et dans le lot de ces personnalités qui ont choisi de rester dans l’ombre après avoir tout bonnement goûté aux délices du pouvoir en attendant peut-être d’être rappelés à la table du festin de la refondation, il y a Célestine Adjanonhoun, Reckya Madougou, Christine Ouinsavi, Vicentia Bocco, Marie-Elise Gbèdo, Issa Badarou, Atao Soufiano, Safiatou Bassabi, Mèmouna Kora Zaki, Bernard Lani Davo, Didier Aplogan, Désiré Adadja…Bref, il s’agit ici de tous ces soutiens de Yayi qui depuis 2006 se sont invités à la mouvance présidentielle à mi-parcours du règne de l’actuel locataire de la Marina et qui ne désespèrent pas d’avoir leur mot à dire dans la gestion des affaires publiques. Par contre, d’autres pour rien au monde ne sont pas prêts d’oublier leur collaboration avec le régime Yayi.
Les grands stagiaires
D’ailleurs, le président du Madep, Séfou Fagbohoun avec l’humour qu’on lui connaît a simplement signifié qu’il est le premier stagiaire du changement. Et pour ceux qui ne le savent pas, tout comme Alain Adihou, Simon Pierre Adovèlandé, Désiré Vodonou, il fait partie de ces Béninois qui ont, pour une raison ou une autre, fait l’expérience des geôles du changement et de la refondation…Et, tant que la roue tourne, il n’est pas exclu que d’autres fassent l’amère expérience de la déchéance en se frottant au pouvoir en place. D’ailleurs, ce ne sont pas Blaise Ahanhanzo-Glèlè, Marius Hounkpatin et Expédit Houessou qui connaissent mieux que quiconque les couloirs de la Bef qui diront le contraire. Pourtant, d’autres n’hésitent toujours pas à taper à la porte de la refondation. Que dire ? Tant mieux pour eux si, elle ne les emporte pas.