Prétextant du non fonctionnement des organes de la Sodéco et du non-respect des engagements de la Société commune de participation (Scp) avec l’Etat béninois, ce dernier vient d’assigner en justice l’homme d’affaires Patrice Talon, dont la personnalité est liée aux deux sociétés. Mais la tenue ce jour du Conseil d’Administration de la Sodéco intervient pour remettre en cause les arguments soulevés par l’Etat.
Responsable du fiasco et de l’amateurisme qui ont émaillé la campagne cotonnière 2013-2014, le chef de l’Etat croit avoir trouvé un bouc-émissaire en voulant faire porter la responsabilité de son crime à la Sodéco qu’il a tenté de décapiter, à la Scp qu’il a voulu assassiner et à Patrice Talon, qu’il continue de persécuter.
Après les échecs successifs dans ses tentatives de couler toutes les sociétés de l’homme d’affaires, le gouvernement et son chef ont trouvé qu’ils réussiront en montant un autre scénario. Ils viennent dans un acte d’assignation de signifier que le non-respect des accords de base entre la Scp et l’Etat d’une part et entre ce dernier et la Sodéco d’autre part, paralyse le fonctionnement régulier de la Sodéco et compromet les intérêts des autres actionnaires. L’Etat se dit victime d’une situation créée par la société incriminée et assignée en justice.
De plus, il soutient que le Conseil d’Administration et la Direction générale de cette société n’ont pas cru devoir prendre les mesures nécessaires en vue de l’organisation de la campagne cotonnière 2013-2014. En réalité, tout ce qui se passe aujourd’hui a été planifié pour atteindre un seul but. C’est de voir la Scp complètement au creux de la vague après avoir tenté de la sortir de l’actionnariat de la Sodéco, société mixte.
Déjà par décret N° 2013-485 du 18 novembre 2013 portant suspension de la convention de création de la Sodéco, l’Etat béninois a usé de subterfuges pour prétendre reprendre unilatéralement les actions détenues en portage pour le compte du public par la Scp contre paiement de la contre-valeur de 6.125.000.000 milliards F Cfa. L’Etat de son propre gré a décidé d’agir ainsi sans recourir à un arbitrage d’une juridiction compétente.
On s’étonne aujourd’hui qu’après avoir méconnu les voies de recours dans une affaire litigieuse comme celle-ci, l’Etat béninois forme une action devant la justice dans le but de parachever son œuvre. Rien en effet ne devrait justifier cette action devant les tribunaux d’autant que les motifs soulevés, révèlent le caractère incohérent et assassin du plan orchestré par le chef de l’Etat et son équipe.
Dans la même logique
Qu’il nous souvienne que l’Assemblée générale de la Sodéco qui devrait se tenir en janvier 2014 n’a pu avoir lieu en raison de désaccord entre les différents actionnaires. La composition des membres du Conseil d’administration de ladite société qui était le principal point inscrit à l’ordre du jour s’est révélé le point d’achoppement. Il n’a pu être évacué. Et d’après le président du Conseil d’administration, la raison du blocage se trouve dans le refus du gouvernement de respecter les textes régissant la Sodéco.
Ainsi, alors que les actionnaires notamment la Scp, l’Ons étaient présents, l’Etat béninois s’est fait représenter par cinq membres du gouvernement les (ministres en charge de la Justice, de l’Agriculture, des Finances, du Développement et des politiques publiques) au lieu de deux ministres. Aussi, y avait-il l’Agent judiciaire du Trésor (Ajt), Séverine Lawson et certains hommes du palais de la Marina dont le Conseiller du Chef de l’Etat, Joseph Tamègnon. En présence de cette vague d’actionnaires, le président du Conseil d’administration, Eustache Kotingan a évoqué un point crucial. Pour lui, l’Assemblée générale doit se tenir sur la base de l’actionnariat toujours en vigueur.
Il a soutenu qu’il fallait « partir des 51% que possède le secteur privé et des 49% détenus par l’Etat ». Ce à quoi les représentants de l’Etat se sont opposés. A la tête de la délégation gouvernementale, le ministre du Développement, Marcel de Souza a fait savoir que l’Assemblée générale doit travailler suivant la décision unilatérale du gouvernement redistribuant les actions de ladite société.
Depuis lors, rien n’a évolué. Et s’il faut mettre la corde au cou d’une partie, c’est bien entendu l’Etat, qui multiplie les scénarii et les mises en scène. Alors que le Conseil d’administration de la Sodéco se tient ce jour, comment comprendre que c’est à la veille que l’Etat béninois se décide d’intenter une action en justice contre ladite société au motif que cette réunion ne se tient plus ? Rein Rien ne devrait justifier l’acte posé par l’Etat béninois en assignant la Société pour le Développement du coton (Sodéco), la Société commune de participation (Scp) et Patrice Talon.
L’Etat béninois semble en perte de vitesse et se compromet dangereusement. Sans doute, c’est après avoir été convoqué à prendre part au Conseil d’administration, que l’Etat a trouvé l’inspiration d’assigner les acteurs devant la justice. Or, la tenue ce jour de cette rencontre est un fait qui prouve que la gestion de la Sodéco, n’est pas caractérisée par l’opacité. C’est bien entendu, le même président du Conseil d’Administration qui présidera ces assises.