Au cours d’une bagarre et sous l’effet de l’alcool, le nommé Djouali Kassim Kombari, cultivateur d’origine burkinabé, a asséné un coup de pilon à la tête de son compatriote Adamou qui en est mort sur-le-champ. Au terme de sa comparution hier mardi 29 avril devant la Cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou, dans le cadre du 25e dossier inscrit au rôle, il a été déclaré coupable de coups mortels et condamné à dix ans de réclusion criminelle.
Par Claude Urbain PLAGBETO
« Djouali Kassim Kombari et Adamou se sont connus à Tourou-Monnon, commune de Parakou, dans une ferme où ils vivaient avec leur compatriote Pascal Kombari. Le vendredi 24 décembre 2010, veille de Noël, Adamou et Djouali Kassim sont sortis et ont bu du « tchoukoutou » (boisson locale alcoolisée à base de mil). Sur le chemin du retour, ils ont croisé Pascal Kombari qui a offert une pièce de 100 francs CFA à Adamou. Les deux sont retournés boire encore. Rentrés à la ferme, ils engagent une discussion au cours de laquelle Adamou aurait administré une gifle à Djouali Kassim Kombari. Celui-ci pris de colère lui asséna un coup de pilon qui était à portée de main. Adamou rendit l’âme et sera découvert dans une marée de sang ». Interpellé, Djouali Kassim Kombari a reconnu ces faits qui l’ont conduit hier devant la Cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou, dans le cadre du dossier n°031/PG-13. L’instance de jugement qui a connu de cette affaire, est composée du président Ignace Edouard Gangny, des assesseurs Karimi Adéoti et Norbert Lié Dadjo et de quatre jurés tirés au sort : François K. Gbaguidi, Justin Franck Kantchémè, Soulé Chabi Batta et Sophie Cossiba Avaho - Codjia. Le greffe est tenu par Me Hippolyte Biaou Offrin.
L’accusé plaide coupable et sollicite l’indulgence de la justice
A la barre, l’accusé n’a pas nié les faits qui lui sont reprochés. Il plaide coupable et implore la clémence de la cour. Il souligne qu’il n’y avait aucun problème, aucun différend entre lui et son compagnon avec qui, il est allé boire quelques heures plus tôt. Il dit regretter vraiment son acte et demande l’indulgence des juges. Le témoin à la barre, Pascal Kombari, hôte des deux compatriotes n’était pas présent au moment des faits. Il indique qu’il lui est revenu que la bagarre aurait éclaté parce que l’accusé aurait piétiné la victime dans la nuit alors qu’il sortait de la chambre pour uriner. Sa femme aurait calmé les deux hommes qui se sont lancé des mots. Mais l’accusé soutient qu’Adamou l’a réveillé une seconde fois et lui a intimé l’ordre de sortir de chez son ami, et à Kassim de répliquer que lui est chez son frère. C’est dans cet échange de propos que feu Adamou l’aurait giflé et il s’est saisi du pilon qui se trouvait non loin pour lui asséner un coup à la tête.
Selon sa propre description, la victime l’aurait reçu à l’occiput et s’est écroulé sur-le-champ. Adamou l’aurait poursuivi avec un bâton, a également déclaré Kassim.Le certificat d’examen médical indique qu’Adamou est décédé le 25 décembre 2010 des suites d’un traumatisme crânien après une fracture au niveau de la tête suivie d’hémorragie, d’épistaxis.
Le ministère public requiert sept ans, la défense plaide coupable
Le parquet général représenté par Robert G. Tito, après avoir démontré la constitution de l’infraction imputée à Djouali Kassim Kombari, a requis sept ans de réclusion criminelle contre l’accusé qui n’était pas en état de démence au moment des faits, selon le rapport d’expertise psychiatrique et médico-psychologique réalisée sur lui. A l’en croire, le fait positif de donner un coup de pilon constituant l’acte matériel, le décès de la victime constaté par le médecin, le lien de causalité entre l’acte matériel et la mort survenue, ne souffrent d’aucun doute. Mais l’intention de donner la mort est absente, fait savoir l’avocat général qui estime cependant que l’accusé doit subir le châtiment et la rigueur de la loi qui prévoit et punit le crime de coups mortels à travers l’article 309 alinéa 4 du Code pénal. Car, les coups portés volontairement par le prévenu ne sont pas excusables, justifie l’avocat général. Néanmoins, l’accusé peut bénéficier de circonstances atténuantes.
En effet, le bulletin n°1 de son casier judiciaire versé au dossier ne porte mention d’aucune condamnation antérieure. L’enquête de moralité ne lui est pas trop défavorable. Djouali Kassim Kombari est peint comme un homme calme et peu nerveux mais qui prise le tabac et s’adonne à la boisson ‘’Tchoukoutou’’. Et quand il boit, il délire et fait rire beaucoup, selon le voisinage.Le conseil de la défense de l’accusé assuré par Me Mamadou Samari plaide d’emblée coupable, tout en faisant remarquer que le malheureux incident est survenu entre deux compatriotes, deux frères, après une partie arrosée de la boisson locale alcoolisée « Tchoukoutou » à la veille de la fête de Noël. A cette occasion, tout le monde est dans l’euphorie, fait remarquer l’avocat.
Il implore la clémence de la cour et suggère qu’elle laisse son client à sa propre conscience et ce, en le condamnant au temps déjà passé en détention provisoire.La cour, après en avoir délibéré conformément à la loi, a déclaré Djouali Kassim Kombari coupable de coups mortels sur le nommé Adamou, l’a condamné à dix ans de réclusion criminelle et aux dépens et ordonné la destruction du pilon mis sous scellés et reconnu à la barre par le prévenu.Mis sous mandat de dépôt le 4 janvier 2011, Djouali Kassim Kombari devra passer encore six ans et huit mois avant d’être libéré.