Affaire supposée tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat : La demande d’extradition de Patrice Talon examinée hier à Paris (Le verdict attendu pour le mois de mai prochain)
La demande d’extradition de l’homme d’affaires béninois patrice Talon déposée par le gouvernement béninois dans l’affaire relative à la supposée tentative d’empoisonnement du Président Boni Yayi courant octobre 2012 a été examinée hier 17 avril 2013 par la Chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris. Le verdict est attendu.
C’est depuis le 13 mars 2013 que ce dossier qui a défrayé la chronique au Bénin a connu de nouveaux rebondissements. Dans une dépêche publiée par l’hebdomadaire international indépendant «Jeune Afrique» N° 2723 aux pages 8 et 9, il est en effet écrit que « le 13 mars, la Chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris a étudié sur la forme la demande d’extradition visant Patrice Talon déposée par les autorités béninoises ». « La requête de la justice béninoise ayant été déclarée recevable, la Chambre se réunira à nouveau le 17 avril pour statuer sur le fond », avait indiqué le même Hebdomadaire «Jeune Afrique». Hier donc, les juges en charge du dossier se sont effectivement réunis. Officiellement, rien n’a filtré de leur conclave. Mais à en croire des indiscrétions, jusqu’à la mi-journée d’hier le juge en charge du dossier au Bénin n’était pas en possession du rapport du FBI. Or selon la procédure d’instruction, c’est lui qui a commis l’expertise judiciaire et il n’avait pas les résultats à son dossier. Toutefois, il faut préciser que nous sommes ici dans une procédure d’extradition et le juge donnera son avis ; mais le dernier mot revient au gouvernement français en ce qui concerne l’extradition ou non du présumé commanditaire de la supposée tentative d’empoisonnement du Président béninois Boni Yayi. Des indiscrétions indiquent qu’il faudra attendre le mois de mai 2013 pour connaître la décision que rendront les juges de la Chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris. Interrogé par nos confrères de Radio France Internationale, Me William Bourdon, Avocat de Patrice Talon a une fois encore déclaré que le dossier est vide. Se prononçant pour la première fois sur le dossier le 29 octobre 2013 au micro de nos confrères de Radio France Internationale, Patrice Talon a déclaré : « C’est un canular qui n’est pas le premier et qui n’est peut-être pas le dernier. Vous savez, le ridicule ne tue pas au Bénin. Je suis l’ennemi n°1 du président et au lieu de construire les choses les plus grotesques pour mettre un Monsieur Talon sous cloche, Dieu fasse que le président retrouve ses esprits et qu’il sache qu’après le pouvoir la vie continue, et qu’il retrouve le calme ». Pour le moment, l’homme d’affaires béninois Patrice Talon est toujours réfugié à Paris. Il est soupçonné d’être l’instigateur d’un complot visant à empoisonner le Chef de l’Etat béninois, Dr Boni Yayi qu’il a pourtant contribué largement à faire venir au pouvoir en 2006 puis en 2011. Dans ce dossier, plusieurs personnes présumées coupables ont été interpellées par la justice et placées sous mandat de dépôt. Il s’agit de M. Soumanou Moudjaïdou (ancien ministre du commerce du Président Boni Yayi et précédemment Directeur général de la Société pour le développement du coton dans laquelle Patrice Talon détient plus de 80 % des actions), Mme Zoubérath Kora (Nièce et gouvernante du Président de la République), Capitaine Mama Ibrahim Cissé (Médecin personnel du Chef de l’Etat) et un certain Bachirou (Garde du corps du Président de la République).
Me Bourdon dénonce un « montage grotesque »: Me Bourdon, avocat français de Patrice Talon, s’est prononcé sur la demande d’extradition de son client, hier mercredi 17 avril 2013 sur les antennes de Rfi. «…C’est un dossier monté et fabriqué. Ce n’est pas un dossier sérieux…48 heures après les faits on demande une extradition qui se repose uniquement sur les informations d’un procureur…On sent bien les éléments d’une démonstration grotesque de cette demande d’extradition… »
Les premières déclarations à l’avènement de l’affaire
Le Procureur Justin Gbènamèto expliquait : «Le parquet de Cotonou vient de recevoir le Procès-verbal par lequel le commissaire central de la ville de Cotonou nous a déféré certaines personnes à savoir Moudjaïdou Soumanou, Kora Zoubérath, Mama Ibrahim Cissé. Les intéressés ont été interpellés en fonction des faits suivants. Le 17 octobre dernier d’après les déclarations faites par les uns et les autres, lors du séjour de Yayi Boni à Bruxelles, la nièce qui l’accompagnait aurait été contactée et invitée dans l’hôtel où logeait Patrice Talon. Ce dernier a réussi à convaincre Zoubérath pour qu’elle administre à Yayi des produits qui lui seront remis par le médecin personnel de Yayi, le docteur Ibrahim. Elle devrait accomplir cette mission cotre 1 milliard de francs. A son retour à l’hôtel où logeait la délégation présidentielle, elle aurait informé le docteur Cissé du projet de Talon qui n’a pas hésité à inviter Cissé qui a rejoint Talon à l’hôtel. La même proposition lui a été faite. C’est-à-dire réussir à administrer à Yayi certains produits qu’ils doivent lui administrer à la place des produits qu’il avait l’habitude de prendre. Promesse faite 1 milliard Fcfa. Revenu à l’hôtel aucun des deux n’a informé Yayi jusqu’à son retour à Cotonou. A leur retour à Cotonou le 19 octobre Soumanou Moudjaïdou a récupéré les produits à l’aéroport et les a remis au docteur. Heureusement, le résultat n’a pas été atteint parce qu’entre temps, Kora a commencé à en parler à certaines personnes, à sa sœur notamment. Ce sont ces personnes concernées qui ont contacté le chef de l’Etat. Le docteur a reconnu tout ceci. Moudjaïdou l’a également reconnu. Après avoir écouté les déclarations qu’ils ont faites au commissariat central, on a décidé d’ouvrir une information et à l’heure où on est, ils sont devant le juge d’instruction. C’est lui qui décidera de la suite. Dans tous les cas, le Parquet a requis leur inculpation pour association de malfaiteurs et tentative d’assassinat. Le dernier mot revient au juge d’instruction. Les produits remis au docteur Cissé, le médecin personnel du chef de l’Etat par le ministre Moudjaïdou sont mis sous scellés. Les produits sont là. Il s’agit de produits que Yayi prenait. Mais cette fois-ci, ils ont fait fabriquer les mêmes produits. Il semblerait que ce serait des produits toxiques qu’on a mis à la place des produits réels. Donc, quand vous voyez l’emballage, vous n’allez vous rendre compte de rien, sauf celui qui est averti à l’avance».
Me Joseph Djogbénou parle de complot : «On ne peut pas dire dans quelles conditions les déclarations ont été obtenues et quel est le contenu des déclarations. Je n’ai même pas pu consulter les procès-verbaux d’enquête préliminaire… l’essentiel de cette affaire n’est pas encore révélé. Il y a encore beaucoup plus d’opacité de que lumière. Déjà, alors que l’on est soumis au secret de l’instruction, on a divulgué l’essentiel…il y a suffisamment d’éléments qui laissent penser que peut-être le complot existe-t-il mais de quel côté, on ne peut le dire pour le moment».