Malgré ses promesses devant le Pape Benoît XVI, les présidents Barack Obama et François Hollande, le Secrétaire général de l’Onu, Ban ki Moon et ses nombreuses assurances de quitter le pouvoir au terme de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, Yayi Boni se prépare à rester président du Bénin après 2016. Ses sbires en mission depuis quelques jours auprès des rois du nord ne le cachent plus en utilisant un thème de campagne peu étonnant : « Il revient en 2016 pour finir ses chantiers ». Mais pour y arriver, il doit d’abord passer sur les cadavres des Béninois.
Alors que les Béninois et la communauté internationale s’inquiètent de savoir si Yayi Boni est toujours enclin à réviser la Constitution du 11 décembre 1990, pour se représenter à l’élection présidentielle de 2016, le président béninois est déjà en campagne pour se succéder. Accroché à ses intentions de ne pas quitter le pouvoir, le chef de l’Etat a repris du poil de la bête en privilégiant une stratégie, qui croit-il, trouvera un écho auprès des rois de la partie septentrionale du Bénin.
Nos sources sont formelles, Yayi Boni a envoyé « ses renards » sur le terrain dans le but de susciter des soutiens à sa candidature pour la présidentielle de 2016. Depuis dimanche 04 mai, une campagne soigneusement orchestrée, le tout sous bonne conduite des ennemis du peuple à l’image de Garba Yaya, Adam Bagoudou, Aboumon Yacoubou et Théophile Yarou, a inclus des réunions à huis clos avec des notables et surtout des rois de Sinendé, Bembèrèkè et N’dali.
Hier, lundi, c’est le palais royal du roi Akpaki de Parakou qui a abrité une autre rencontre visant le même but. Adam Bagoudou, Yacoubou Aboumon et les soi-disant sages de la ville de Parakou avec à leur tête El-Hadj Issiakou étaient en campagne pour le retour de Yayi Boni. De Sinendé à N’dali, Bembèrèkè puis Parakou, les discours se ressemblent.
Un discours dangereux
D’abord, il s’agit d’expliquer que tous les candidats qui ferraillent actuellement dans la zone septentrionale pour la présidentielle de 2016 ne sont ni de loin ni de près les pions de Yayi Boni. En l’occurrence, le général d’Armée à la retraite Robert Gbian.
Que ce soit dans leur discours, dans leurs échanges, dans leurs tête-à-tête, ils ont tenté de crucifier les candidats du Nord qui se présenteront. Ils mentionnent même que certains méritent des « châtiments exemplaires » pour s’être démarqués du roi de la Marina et de se préparer à lui faire face en 2016. Les renards de Yayi Boni se sont même permis de dénoncer un prétendu accord entre « leurs frères » avec des politiciens d’une autre partie du pays pour que le pouvoir échappe aux fils d’une région donnée.
Ce n’est pas tout. Ils ont demandé aux rois de mobiliser leurs populations pour des prières et marches de soutien aux projets de Yayi Boni. Ce plan était connu depuis, c’est pour quoi, il ne surprend personne. Par contre, on ne savait pas que cette forme de campagne serait officialisée dans les chefferies.
Plus tard, Yayi Boni va se présenter de nouveau à la présidentielle en utilisant des arguments fondés sur ces marches, comme des soutiens appelant à sa candidature. Que tous ceux qui soutiennent cette entreprise machiavélique, ce plan sordide susceptible de nous entraîner dans les travers de l’histoire, prennent garde.
Les soi-disant sages de ci et de çà qui n’ont rien d’autre à faire que de s’investir pour le retour de Yayi Boni doivent prendre conscience du danger qu’ils font courir au pays. S’ils ne savent pas que leur combat devrait être celui d’amener le chef de l’Etat, pendant qu’il est encore là, à assurer à tous l’énergie et l’eau en permanence, à trouver de l’emploi pour leurs enfants, à cesser le gaspillage des ressources de l’Etat, à faire un plus pour l’école béninoise et les enseignants, qu’ils creusent eux-mêmes leurs tombes et qu’ils disparaissent.
Ce qui permettra aux jeunes assoiffés d’une nouvelle gouvernance de faire face à l’actuel régime en proie à toutes les difficultés de ce monde.
Quel respect vis-à-vis du peuple et des autorités morales ?
Dans leur immense majorité, les Béninois ne croient plus en Yayi Boni. Ils ont raison et ne se trompent pas en ayant ce jugement sur sa personne. Parfois, certains se demandent si notre cher président de la République mérite d’être écouté.
Eux aussi, ils ont raison de s’interroger de cette manière. Et mieux, beaucoup se demandent ce que valent les promesses de Yayi Boni devant son peuple et certaines autorités morales et religieuses du monde.
Que valent les promesses du chef de l’Etat béninois devant le Pape Benoît XVI, les présidents Barack Obama et François Hollande, le Secrétaire général de l’Onu, Banki Moon ?
Les soupçons de voir Yayi Boni briguer un 3ème mandat au terme de ses deux quinquennats constitutionnels qui arrivent à terme en avril 2016, ne datent pas d’aujourd’hui. Son initiative de révision de la constitution contre vents et marrées avait fait naître ces soupçons qui se muent peu à peu en une véritable ambition pour l’impénitent président.
Les réactions de désapprobation qu’ont suscité ses agissements l’ont contraint à jurer la main sur le cœur devant une bonne brochette de chefs d’Etat des grandes démocraties, d’autorités morales et religieuses qu’il quittera le pouvoir arrivé au terme de ses deux mandats. Aujourd’hui, beaucoup se font une idée du respect qu’il a devant ces véritables cautions morales.
Si Yayi Boni compte sur quelque chose pour espérer revenir au pouvoir, c’est d’abord sur la Lépi. Ensuite il mise sur ces soutiens dans les chefferies où il a étendu l’influence de son pouvoir. Mais il faut qu’on demande à ceux qui tiennent les commandes de ces royautés de l’arrêter s’ils ne sont ni faibles ni corrompus. Il faut qu’ils sauvent le Bénin.