La situation des femmes en période de conflits comme en période post conflits a été une préoccupation des Nations Unies qui ont adopté la résolution 1325 pour y faire face. Pour que le Bénin s’inscrive sur la liste des nations ayant fait un pas dans ce sens, il lui faut élaborer et mettre en œuvre son propre Plan d’action national (PAN). C’est cet exercice qui a regroupé lundi dernier, les cadres du ministère en charge de la Famille et différentes composantes de la société.
Au Bénin et partout ailleurs dans le monde, les femmes représentent une proportion importante de population. Malgré ce poids qu'elles constituent dans les pays, les femmes sont malheureusement les grandes victimes des crises, des conflits armés et des guerres.
Le tableau peint lundi 5 mai dernier par le ministre en charge de la Famille, Marie-Laurence Sranon Sossou, au cours de l’atelier consultatif sur le plan d’actions sur la mise en œuvre de la résolution 1325 des Nations Unies, laisse encore la gent féminine dans l’ombre.
Selon l’analyse du ministre en charge de la Famille, en période de conflits, ce sont les femmes qui se retrouvent, bagages sur la tête, enfant au dos, à parcourir des milliers de kilomètres à la recherche d’endroits plus sûrs où abriter leurs familles.
Ce sont elles, a-t-elle poursuivi, qui se retrouvent du jour au lendemain, chefs de famille, à rechercher de quoi nourrir parents et enfants lorsque les violences ont emporté les maris. Ce sont encore elles qui, explique Marie Laurence Sranon Sossou, sans distinction d’âge et de leur condition de maternité, subissent les actes sexuels les plus horribles et les plus inimaginables des hommes en temps de guerre.
Ce sont enfin elles qui, après avoir vécu tout cela, tentent de se reconstruire et de reconstruire leurs familles. Malheureusement, regrette le ministre en charge de la Famille, ces survivantes sont totalement absentes et oubliées à l’heure des grandes décisions devant faire cesser ou non les conflits et quand il s’agit de négocier la paix et de discuter des conditions de la reconstruction.
C’est entre autres ces injustices et le travail de plaidoyer et de lobbying des Organisations internationales des droits des femmes qui ont suscité, l’adoption, le 31 octobre 2000, de la Résolution 1325 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, a-t-elle expliqué. A la suite de celle-ci, les résolutions 1820, 1888, 1889 et 1960 qui recommandent de faire en sorte que les femmes soient davantage associées aux processus de paix et représentées à tous les niveaux de prise de décision dans les institutions et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux en matière de prévention, de gestion et de règlement des conflits.
Le Bénin ne dispose pas du PAN
La mise en œuvre au Bénin de la Résolution 1325 suppose l’élaboration et l’adoption d’un Plan d’actions au plan national, en ce sens que quatorze années après l’adoption de la résolution 1325, le Bénin ne dispose pas de cet outil. Si le pays semble absent, il n’en demeure pas moins vrai que des recommandations et dispositions de la Résolution sont prises en compte à travers différents plans d’actions et politiques genre du pays, se réjouit le ministre en charge de la Famille.
Lesquelles sont, souligne-t-elle, la Politique nationale de promotion du genre, le Plan d’action national de lutte contre les violences faites aux femmes, la politique d’intégration du genre dans les opérations de maintien de la paix…. L’inexistence du Plan d’action national (PAN) lié à la résolution 1325 ne saurait donc être analysée comme un refus d'adhésion du Bénin à la Résolution, a-t-elle rectifié.
Toutefois, la mise en œuvre de la résolution 1325 nécessite l’élaboration d'un plan d’action national spécifique compte tenu de son importance pour une pleine participation des femmes aux processus de paix. D’où la rencontre de lundi dernier qui vise à tracer un canevas indiquant les différentes actions à mener afin de doter le Bénin de cet instrument.
Pour y arriver, les cadres du ministère en charge de la Famille se proposent de réaliser une étude de base faisant ressortir les besoins spécifiques relatifs à la Résolution 1325 des Nations Unies. Cette étude permettra de faire l’état des lieux de la mise en œuvre de la Résolution 1325 au Bénin, les gaps à combler et les stratégies à adopter pour inscrire le Bénin au rang des pays ayant élaboré et mis en œuvre leur plan d’action national 1325.