On imagine la joie des populations, à l’annonce du projet de construction de la maternité d’Agodogoui à Atomey (commune d’Aplahoué, arrondissement d’Atomey). Et leur bonheur lorsqu’en 2010 le projet a été effectivement réalisé, suivi l’année d’après de l’érection, dans le voisinage immédiat, du logement de la sage-femme. Pourtant, depuis lors, ce sont les herbes qui ont pris possession des lieux.
Dans ce désert infrastructurel, les bâtiments érigés pour abriter la maternité et le logement de la sage-femme se remarquent aisément comme le nez au milieu du village d’Agodogoui, arrondissement d’Atomey dans la commune d’Aplahoué. D’après les autorités locales, c’est en 2010 que dans le cadre du Programme d’investissements publics (PIP), cette infrastructure sociocommunautaire a été réalisée.
Le logement de la sage-femme ayant suivi en 2011 ; le tout soutenu par la réalisation d’une fontaine pour rendre disponible l’eau potable.
Mais paradoxe ! Alors que ces réalisations étaient censées mettre fin aux souffrances des femmes d’Agodogoui, obligées de parcourir une distance impressionnante pour aller se faire accoucher parfois en territoire togolais voisin à défaut de l’être par des matrones, elles sont, depuis leur achèvement, vouées à l’abandon.
Aujourd’hui, il est désolant de voir les herbes prendre d’assaut les lieux ; les couloirs et la terrasse de la maternité servant de gîte à ceux qui, de passage ou non, recherchent un abri pour se délester de la fatigue du chemin, ou qui sont à la recherche d’une certaine quiétude. Les murs servent de tableau de circonstance à de jeunes écoliers en quête d’un tableau pour s’exercer à l’écriture ou en quête d’exutoire pour leur inspiration.Triste réalité que celle-là.
Le besoin de maternité, dans ce Bénin profond d’Agodogoui, ne se discute pas. Et pourtant, depuis trois ans, ces bâtiments implorent l’occupation. Au niveau des populations, si les avis quant à la cause de cet état de choses divergent, l’amertume est partagée. Elles estiment en effet, pour les unes, que c’est la mairie, maître d’ouvrage, qui devrait formuler la demande de sage-femme au ministère et qui ne l’a jamais fait.
Pour les autres, c’est le gouvernement qui devrait y affecter directement l’équipe d’agents censés donner vie à cette maternité.Les autorités locales elles, tout en concédant que la mairie devait impulser la dynamique pour faire occuper effectivement les lieux, ne peuvent attester qu’elle ait réellement écrit aux autorités dans ce sens.
Dans tous les cas, il y a une urgence : arracher ces joyaux de l’emprise des herbes et donner la preuve aux populations d’Agodogoui, aux femmes notamment, que l’Etat, qu’il s’agisse de la mairie ou du ministère de la Santé, sait prendre ses responsabilités quand il le faut.
La mise en service effective de cette maternité, dans les meilleurs délais, devrait être un impératif ; tant elle soulagerait les populations d’Agodogoui, leurs femmes en particulier.
Car, si on se plaint souvent des éléphants blancs, ces chantiers démarrés puis abandonnés faute de moyens ou pour diverses autres raisons, la maternité d’Agodogoui et le logement de la sage-femme qui l’accompagne, ne doivent pas devenir des luxes encombrants.