L’ancien ministre sous la présidence de Mathieu Kérékou, Alain Adihou a été reçu dans l’émission zone franche de canal 3, hier dimanche 11 mai 2014. Pour l’invité, la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) n’a jamais existé.
« Comment corriger quelque chose qui n’existe pas ? » s’est demandé l’ancien ministre Alain Adihou au sujet de la Lépi. il a été suffisamment clair hier. Il dit que la Lépi n’a jamais existé et qu’il faut arrêter de parler de correction d’un outil inexistant. Plusieurs raisons étayent son argumentaire. La première est historique. Elle tient selon l’invité à une série d’irrégularités ayant sapé tout le processus pouvant conduire à l’outil qu’est la Lépi.
Ces irrégularités sont entre autres, la quasi inexistence de la carte de base nécessaire à la réussite du processus de cartographie censitaire, l’échec du processus de cartographie et du recensement. A cela, il ajoute l’inachèvement du Ravec qui devrait en a mont fournir une base de données nécessaire à la réalisation de la Lépi.
En gros, les exigences contenues dans la conception de l’outil ne sont pas suivies. « Dans l’une des conclusions de l’Honorable Epiphane Quenum au début du processus de la Lépi, il a été mentionné que la carte de base sur laquelle le travail de cartographie censitaire devra être faite est erronée. Ceci veut dire que les données de la cartographie censitaire sont fausses. Le recensement général ne peut pas être objectif à partir de cet instant. La conséquence est visible.
La cartographie est mal faite, le recensement aussi », déclare-t-il. La seconde irrégularité selon l’invité, c’est la politisation à outrance de l’instrument. Le Cps Lépi d’alors, actuel Cos Lépi, devrait selon lui se limiter à jouer le rôle de supervision au lieu de se trouver au centre du processus, ce qui a déteint sensiblement sur la qualité de l’instrument. La troisième irrégularité selon l’invité, c’est le choix qui a été fait de réaliser la Lépi à quelques jours des élections de 2011.
« Dans le document qu’on a conçu, on a dit qu’il faut que la Lépi se fasse en fin de régime et non en période électorale. Rien de ceci n’a été respecté par la suite », a-t-il fait savoir. Toutes ces irrégularités rassemblées font conclure à Alain Adihou que la Lépi n’a jamais existé. La déduction est donc vite faite. On ne peut corriger ce qui n’a pas existé.
« Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Est-ce que, ce que le Cos-Lépi veut corriger est valable ? Est-ce qu’il existe ? Non. On ne peut pas corriger quelque chose dont la base est fondamentalement fausse », a-t-il fait savoir.
La conclusion que l’invité tire est simple. Le Bénin n’a jamais eu de Lépi. Ce qui est fait là aboutira selon lui à une liste électorale informatisée ad’hoc, un fichier qui va servir à l’organisation des élections jusqu’en 2016. Le Cos Lépi n’est donc pas en train de corriger la Lépi car pour certains membres de l’organe que l’invité déclare connaître, ce qui est corrigé n’est pas une Lépi mais une liste.
L’invité face à tout ceci, conseille au Chef de l’Etat d’arrêter la saignée et de surseoir carrément au processus de correction. « Il y a des gens au sein du Cos Lépi qui sont bien conscients que la Lépi n’a pas existé. Je me demande à quoi cela sert de continuer par utiliser les ressources de l’Etat pour corriger quelque chose qui n’existe pas. Je conseille au Chef de l’Etat d’arrêter le processus de correction », a-t-il fait savoir.
La Lépi devrait nous coûter 7 milliards
Pour l’invité, toute estimation faite, la Lépi selon les prévisions faites en 2004 devrait être réalisée avec 7.5 milliards. Même en dépit des contextes qui ont entre-temps changé, la Lépi ne devrait pas passer selon lui, d’une prévision de 7 milliards en 2004-2005 à près de 50 milliards en 2011. « Je ne sais pas les composantes qui ont été prises en compte pour la Lépi de 2011.
Mais je sais que même en raison des contextes, le coût de réalisation ne peut pas passer de 7.5 milliards en 2004 à près de 50 en 2011 », a-t-il déclaré. Il se demande aussi la finalité des faramineuses sommes déployées dans le paiement des membres du Cos-Lépi qui, pour la plupart sont des députés qui émargent déjà. Il voit tout ceci comme un gaspillage dans un contexte de crise financière aiguë.
La proposition qu’il fait est qu’il faut en urgence que les trois pouvoirs que sont la Cour constitutionnelle, le Parlement et l’Exécutif s’entendent pour surseoir au processus de correction et souhaiter une liste informatisée qui va servir pour les élections jusqu’en 2016.