La loi dispose désormais qu’aucune élection au Bénin, ne peut se tenir en dehors de la Liste électorale permanente informatisée (LEPI). Cette disposition a eu pour conséquence immédiate, le blocage de tout scrutin, fût-il municipal, communal ou local. Et le peuple est comme pris en otage.
La dernière session parlementaire s’est consacrée à la désignation des représentants des diverses institutions de la République à la prochaine Commission électorale nationale autonome-CENA. Cette démarche augure d’une avancée, du moins apparente dans la marche vers la concrétisation des prochaines consultations électorales attendues du peuple.
Ces consultations devraient consacrer la mise en place de la troisième mandature des conseils municipaux, communaux et locaux.
Mais elles ont été repoussées, à cause de la disponibilité de la fameuse liste dite LEPI, aujourd’hui encore dans un engrenage indescriptible. Cette liste entachée d’irrégularités, devait recevoir la dose maximale de toilettage amorcé avec la mise en place d’un comité dit COS/LEPI, instrument hautement politique. Le processus fut engagé, et les populations ont été appelées à se faire réinscrire manuellement, en attendant promet-on, l’étape biométrique et autres.
Mais les choses ne semblent pas prendre et le processus traine au point de ne susciter aucun espoir. Les députés qui entre-temps ont voulu devancer les choses en mettant en place au moins la commission chargée d’organiser le scrutin ne seront pas accompagnés, du moment où on ne sait quand exactement la LEPI indispensable sera prête.
Car après l’euphorie des réinscriptions, nous voici à nouveau comme sevrés, la suite se faisant acharnement attendre. La CENA même prête ne pourra rien si la LEPI qui doit servir de base et d’instrument n’est disponible et utilisable. C’est comme mettre la charrue avant les bœufs. Ou bien on veut en attendant, donner à manger à des amis qui chôment ? N’est-on pas en train d’alourdir inutilement les charges de l’Etat ce faisant ?
Là où gît notre crainte, c’est surtout lorsque les responsables chargés d’élaborer l’outil désespèrent et avancent que c’est maintenant que le vrai processus d’élaboration de la LEPI a démarré. Selon eux, en effet, « ceux qui avaient douté de l’existence de la LEPI avaient raison. » Et lorsqu’on entend des choses du genre sortir de la bouche de personnalités, on tombe des nues.
C’est dire autrement qu’on se joue du peuple. On le prend en otage en lui faisant miroiter que c’est pour bientôt, les élections, alors que rien ne nous prédispose à cela ; même pas une liste quelconque pouvant servir de base à l’organisation des élections.
A l’analyse, on pourrait conclure que la loi qui impose la Lepi comme condition sine qua non pour toutes les élections futures est une vaste conspiration contre le peuple. Parce qu’on en dispose ainsi, il n’est pas possible de passer aux élections. Après le coup de prorogation du mandat des maires, voici un autre complot qui embrigade le peuple et le musèle.
Mais ce qu’il faut savoir, c’est que c’est le peuple qui fait sa loi et ne peut en aucun cas en être victime. Il faut donc libérer le peuple de ce carcan, briser cette chaine de LEPI si on est conscient de ce qu’on n’est pas prêt pour sa réalisation. Il faut prendre une loi dérogatoire qui permette de redonner espoir au peuple déjà médusé, qui redonne au pays ses vrais attributs de pays démocratique, car les élections à la base sont un signe de bonne démocratie, un vecteur de développement.