Le président de la République a procédé, hier mardi 13 mai, à l’ouverture des activités commémoratives des vingt années d’existence du Conseil économique et social (CES). Boni Yayi a salué les hommes et les femmes qui ont contribué à entretenir cette colonne de l’édifice démocratique béninois.
Par Gnona AFANGBEDJI
« S’il était un garçon, il sera aujourd’hui un jeune homme beau et bien trapu », lançait comme boutade un artiste béninois convié à la commémoration des vingt années d’existence du Conseil économique et social. Relancé sous l’égide du renouveau démocratique, le CES essaie de se frayer discrètement son chemin dans le microcosme des institutions constitutionnelles qui régulent la vie économique et sociale du Bénin.
De quoi donner à son président actuel des éléments d’appréciation du parcours de l’institution! «Depuis 20 ans, le CES donne au président de la République et à l’Assemblée nationale des avis et recommandations sur un certain nombre de problématiques touchant aussi bien la vie économique que sociale, notamment l’éducation, la santé, l’énergie, l’agriculture, la culture, l’emploi des jeunes, et ceci afin d’apporter sa contribution à l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations de nos villages et quartiers de vielle», précise Nicolas Adagbé. Il poursuit que pour mieux accomplir sa mission, le CES s’est employé à développer au fil du temps une approche participative qui consiste à organiser sur le terrain des séminaires itinérants afin d’offrir aux populations à la base une tribune leur permettant d’exprimer leurs préoccupations.
La commémoration se veut une occasion de réflexion sur les acquis et le devenir de l’institution. «Il importe de poser la question de savoir si la mission constitutionnelle qui est la sienne a été effectivement accomplie, si les attentes de nos concitoyens sont réellement comblées et si le Conseil économique et social a su allier sa légitimité institutionnelle avec une utilité citoyenne», s’interroge Nicolas Adagbé. Aussi les Hauts conseillers ont-ils voulu susciter le débat sur quatre thématiques importantes, à savoir le regard sur le passé et les leçons pour demain, le rôle du CES dans la promotion du dialogue social, sa place au sein des institutions constitutionnelles ainsi que l’analyse critique de l’impact de ses avis et recommandations sur les politiques de développement au Bénin.
Elan démocratique, mais aussi économique !
La célébration a offert au président de la République l’occasion d’exprimer sa reconnaissance aux premiers hauts conseillers et anciens présidents du CES qui ont su, selon lui, conduire avec compétence et dynamisme les premiers pas de l’institution. Pour lui, le CES a contribué au rayonnement international du Bénin qui est reconnu aujourd’hui dans le monde comme un pays de démocratie, de liberté, de paix et de stabilité politique. Boni Yayi se dit heureux de constater que les sujets de réflexion de l’institution portent sur des problèmes majeurs dont la résolution requiert la mobilisation de tous les compatriotes. Elle a pu transmettre à l’Exécutif plusieurs rapports liés, notamment à la problématique de l’emploi des jeunes, à la contribution du CES à la décrispation de la tension sociale, la maîtrise de l’énergie, la problématique du foncier, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD, la coopération décentralisée et l’économie verte, les savoirs endogènes.
«Cela révèle que le CES s’est honorablement acquitté de sa mission constitutionnelle. Le gouvernement continuera de s’inspirer de vos réflexions », confie-t-il. Mais le chef de l’Etat invite la prochaine mandature à faire preuve d’innovations en tenant compte des mutations dans le monde, car l’enjeu majeur demeure aujourd’hui la lutte contre la pauvreté et une nouvelle responsabilité sociale pour l’entreprise. « Nous devons poursuivre des réformes destinées à mieux renforcer cette démocratie, notamment à la justice qui constitue le socle de l’Etat de droit et de la démocratie.
Car, sans justice, on ne peut pas mettre fin à l’impunité et créer les conditions d’une bonne gouvernance», enchaîne le président de la République. Boni Yayi soutient que le renouveau démocratique et le renouveau économique se nourrissent mutuellement. Du coup, il estime que le défi de transformation profonde de l’économie du pays impose des mesures hardies pour s’arrimer à la dynamique du développement. Pour sa part, souligne le chef de l’Etat, le gouvernement s’évertue à poser les bases d’une transformation structurelle de l’économie et les fondations de l’emploi des jeunes. « Nous pouvons obtenir les transformations économiques lorsque nous aurons pris en charge la question agricole, l’amélioration de notre cadre de vie, les enjeux du système éducatif, sans oublier les transports. Cela requiert un sens de responsabilité, d’engagement et un esprit d’anticipation », insiste-t-il. Le président de la République ajoute que la réalisation des objectifs sociaux passe par une croissance forte et se réjouit de ce que le Bénin ait pris un nouvel élan en vue d’accélérer le rythme de création de la richesse. « Il nous faut agir, aucun effort ne sera de trop », conclut-il, donnant l’assurance que les conclusions de leurs travaux seront judicieusement exploitées.
