Déjà aux prises avec plusieurs scandales, le gouvernement de Yayi Boni est encore au banc des accusés, dans l’attribution du marché de la fourniture des intrants coton pour le compte de la campagne 2014-2015. Le processus serait émaillé de magouilles avec, à la clé, des sociétés adjudicataires qui sont pourtant mal classées au tableau du respect des critères.
Un autre scandale sous la gouvernance Yayi. Cela n’a rien d’étonnant. Après le secteur cimentier, le Port, les chemins de fer, sans oublier les plus anciens, on parlera désormais avec beaucoup de révélations du scandale qui porte sur l’attribution du marché de fourniture des intrants coton au titre de la campagne 2014-2015.
Alors que le gouvernement met tout en œuvre pour braquer les regards sur la réception des centaines de tonnes d’intrants coton pour la campagne en vue, via le port de Cotonou, les dessous pourris du processus d’attribution de ce marché apparaissent au grand jour. Beaucoup se souviennent sans doute que l’appel d’offres a été lancé en fin de l’année dernière et qu’après dépouillement, le gouvernement a tenu un conseil extraordinaire en janvier 2014 pour rendre publique la liste des sociétés retenues pour fournir les produits sélectionnés.
Quand on s’y attarde un peu, on découvre des faits qui crèvent l’œil et choquent parfois. On se demande si nous sommes dans un pays de droit où les citoyens sont égaux devant la loi et si on peut faire confiance à un gouvernement qui se fait passer pour le champion de la moralisation de la vie publique.
Avant d’aller plus loin dans cette actualité, il faut commencer par vous habituer à certains noms de sociétés retenues pour fournir ces intrants. Il s’agit entre autres de Springfields Agro Limited, Klass international, Comptoir sympatique, Aps Bénin, Phyt Oil, Challenge bj sarl, Agrophyto. La liste est longue.
Derrière ces sociétés, se cachent des amis et frères en christ du chef de l’Etat. Des pasteurs, évangélistes, copains, parents amis et alliés, sous le couvert de ces sociétés, ont gagné de façon frauduleuse ce marché saucissonné en plusieurs lots.
Ce n’est pas la proximité entre ces fournisseurs et le sommet de l’Etat qui gêne trop, mais ce sont les supercheries contenues dans l’attribution du marché qui effraient. On découvre des sociétés arrivées en dernière position après le dépouillement sur plusieurs lots redevenir premières, et par conséquent adjudicataires. De même, on relève que le gouvernement a délaissé des sociétés moins disantes pour choisir celles qui étaient chères dans les propositions de prix.
Dans une adjudication, le bon sens recommande qu’on retienne la personne qui a fait l’offre la plus basse. Sous la gouvernance Yayi, le bon sens n’ayant pas droit de cité et tout étant sens dessus dessous, ce qui devrait venir avant est venu après. En attendant d’y revenir dans les moindres détails, ce scandale révèle une fois encore le niveau de corruption au Bénin.
Croyant qu’il allait effacer ce nouveau crime par la médiatisation outrancière de la réception des intrants commandés, le gouvernement vient d’être rattrapé par ses méfaits. Il y a de quoi s’inquiéter pour le pays, quand on sait que depuis quelque temps, sous Yayi Boni chaque campagne cotonnière révèle deux fléaux : la corruption et la mauvaise organisation.
Tout cela conduit à des échecs successifs dont les conséquences sont énormes pour l’Economie nationale. Tout cela nous entraîne lentement vers le déclassement au plan mondial de cet emblème national qu’est le coton.
Plus inquiétant, c’est qu’il n’y a jamais eu jusque-là et dans le cadre des autres dossiers, aucune action véritable engagée pour demander des comptes à l’Exécutif pour déboucher sur des poursuites judiciaires.
Les nombreuses Commissions d’enquête initiées par l’Assemblée nationale n’ont jamais été sanctionnées par des résultats rendus publics. En l’absence des mesures de ce genre, les scandales se multiplient, mais les auteurs ne sont jamais inquiétés. Les sommes en jeu paraissent tout aussi importantes comparées aux scandales récurrents au Bénin, qui portent sur des dizaines de milliards de F.
Cfa. On devrait enquêter là-dessus afin d’établir tous les niveaux de complicité, voire aller au-delà pour mettre en lumière les pratiques malsaines dont ce régime est coutumier.