Le Collège d’enseignement général 1 de Natitingou a été hier mardi 13 mai 2014, le théâtre d’un affrontement sanglant entre forces de l’ordre et élèves. Le bilan fait état d’un blessé grave dans le rang des policiers, des matériels roulants et le toit des bâtiments endommagés. Plusieurs manifestants dont les civils ont été interpellés et gardés au Commissariat de la ville.
Les élèves dénoncent la destruction de leurs téléphones portables, le harcèlement sexuel et l’injustice qui prévalent dans cet établissement.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est partie de la terminale D6 du collège d’enseignement général 1 de Natitingou. Le téléphone portable de l’élève nommée Sylvie N’Da ciblée a été saisi et fracassé contre le mur de la classe le lundi 12 mai dernier par son professeur d’anglais, le nommé Frédéric M’Po, surveillant général adjoint du collège.
Suite à une plainte adressée par l’élève concernée au Directeur du collège, les responsables ont opéré une fouille systématique dans cette classe de TleD6 et saisi une trentaine de portables comme le prévoit le règlement intérieur du collège.
Pour, disent ces responsables, décourager le port des téléphones portables dans l’enceinte du collège, des portables saisis dans l’établissement (une soixantaine) ont été calcinés par l’administration dans la cour du collège et sous le regard impuissant des élèves.
Quelques élèves pris de colère n’ont pu empêcher la destruction de ces téléphones mobiles. Mais hier mardi 13 mai 2014, le soulèvement s’est généralisé dans tout le collège. Des élèves qui étaient en évaluation dans certaines classes ont été sortis de force par leurs camarades.
Tous les cours ont été suspendus laissant place à la révolte totale. Au cours du soulèvement, les élèves criaient haut et fort « non à la destruction des biens d’autrui ». Les forces de sécurité publiques appelées par les responsables de l’administration n’ont pu contenir ces élèves en furie. Des pneus ont été brûlés et tout le long de la route nationale inter-Etats n°3 jouxtant le collège remplie de pierres.
Des renforts sollicités de la compagnie de gendarmerie de Natitingou et de la Police de Djougou ont débarqué avec des agents armés jusqu’aux dents. L’usage des gaz lacrymogènes et des matraques n’a pu émousser la colère des élèves qui, avec des projectiles, ont touché grièvement un policier à la tempe.
Les toits de plusieurs bâtiments couverts de touille ont été endommagés. Le véhicule d’intervention du Commissariat de Police de Natitingou a eu son par-brise cassé et celui du surveillant général du collège Lin Affognon, cabossé par des pierres.
La situation s’est généralisée dans l’enceinte et les rues environnantes dudit collège avec à la clé la chasse aux élèves.
Une vingtaine de personnes dont des innocents ont été arrêtées et conduites au Commissariat de Police de la ville. Il a fallu l’arrivée d’un détachement de militaires du 6ème Bia du camp Kaba de Natitingou dépêchés sur les lieux par une réquisition signée du préfet Gervais N’Da-Sékou pour faire revenir le calme dans la ville. Le collège est actuellement militarisé.
Retour du harcèlement sexuel dans le collège
A la séance de crise tenue dans l’enceinte de la direction départementale de l’enseignement secondaire, de la formation technique et professionnelle, de la reconversion et de l’insertion des jeunes de l’Atacora et de la Donga, les responsables des groupes pédagogiques du collège présents ont dénoncé un harcèlement dont serait victime l’élève Sylvie M’po depuis le début de cette année scolaire. Selon les déclarations de la victime, le surveillant général adjoint qui se fait être son professeur d’anglais lui aurait fait des avances sans succès.
Ce professeur serait ensuite passé au dénigrement de la fille en plein cour par la lecture de ses copies médiocres et par des revois à son cour. Le professeur d’anglais incriminé, Frédéric M’Po clame pour l’heure son étonnement quant à cette accusation. Ces responsables d’élèves ont également parlé de la politique de deux poids deux mesures qui prône l’injustice dans le collège au sein des élèves.
D’après ces élèves, quelques filles utiliseraient en plein cour des téléphones portables ou ont la tête surchargée de coiffure sans être inquiétées pendant que d’autres sont réprimées dans ce même collège. Ils ont également abordé des situations latentes qui font grincées des dents dans ce collège.
Il a été surtout question du paiement exigé de 2000 FCfa au lieu de 1200 pour l’obtention de la carte scolaire, 200 pour la carte d’accès à la bibliothèque, 200 pour la carte de santé pour l’infirmerie, de 200 pour le cyber qui n’existe pas et de 200 pour le certificat de scolarité et même du choix arbitraire des délégués excluant une catégorie d’élèves du collège, le recours régulier des autorités du collège à la police.
Les autorités en charge de l’enseignement secondaires ont promis mettre la lumière sur cette affaire de harcèlement sexuel qui refait surface dans ce Collège de Natitingou. Mais en attendant et sous la direction du Préfet des départements de l’Atacora et de la Donga arrivé en pleine médiation, l’heure est à la réconciliation et les cours devraient pouvoir reprendre sur l’engagement des élèves ce mercredi 14 mai 2014 au Collège d’enseignement général de Natitingou.