Le parricide est le dix-septième dossier que la 1ère session de la Cour d’assise d’Abomey a connu mercredi 17 avril 2013. L’accusé, Elias Togoh a assassiné sa mère parce qu’il l’a soupçonnée de sorcière. Ainsi, il a décidé d’écourter sa vie en lui donnant la mort.
Le sieur Elias Togoha a comparu devant la Cour pour parricide. Les faits qui lui sont reprochés s’étaient produits à Assèlèdji, Commune de Djidja dans la nuit du 11 au 12 juin 2004. En effet, le nommé Elias Togoh s’en prend à sa mère Léouwè Akpado et lui donne la mort à coups de bâton au motif qu’elle est à la base de ses malheurs et de ceux de ses frères et sœurs. Appréhendé et inculpé de parricide, Elias Togoh a reconnu les faits à l’enquête préliminaire et à l’interrogatoire de première comparution. Mais devant le juge d’instruction, il a fait économie de vérité. Le casier judiciaire versé au dossier ne porte mention d’aucune condamnation antérieure. Le rapport d’enquête de moralité réalisé dans son milieu lui est favorable. L’expertise médico-psychologique et psychiatrique indique qu’il n’est pas en état de démence au moment des faits, donc accessible à la sanction pénale. A la barre, l’accusé Elias Togoh affirme et soutient qu’il n’était pas à Assèlèdji ce jour là quand sa mère rendait l’âme. Mais qu’il était plutôt à Tchetti pour des soins à l’indigénat. Et qu’il a appris la mort de sa mère par un certain Ernest qui l’a conduit à la Brigade de la localité, deux mois après le drame. Pour élucider les faits et faire jaillir la vérité, il a été soumis à une série de questions. « Savais-tu que ta mère est sorcière ou l’entourage l’accusait-il de sorcellerie ? » interroge le Ministère public représenté par Christophe Atinmakan. « Non ! » répond l’accusé. « Devant le juge d’instruction, n’as-tu pas dit qu’elle est sorcière ? » insiste l’avocat général « Oui, mais on m’a lu mes déclarations de l’enquête préliminaire pour me demander si je les reconnais et j’ai répondu oui. Je ne sais pas lire et on m’a fait signer des choses que je ne comprends pas », déclare Elias Togoh.
La réquisition du Ministère public et la plaidoirie de la défense
Dans sa réquisition l’avocat général Christophe Atinmakan a d’abord cité Victor Hugo : « Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille applaudit à grands cris » pour montrer l’importance d’un enfant dans une famille africaine. Ainsi naquit en 1976 Elias Togoh et ses parents s’étaient réjouis. Mais si sa mère savait qu’il allait devenir son assassin, dira l’avocat général, elle lui donnerait le prénom « Akoba » ou danger. Faisant recours aux faits mis à la charge de l’accusé, Christophe Atinmankan fait observer que devant certaines épreuves de la vie, des enfants s’en prennent à leurs parents en les accusant de sorcellerie et d’être la cause de leurs malheurs. Selon lui, Elias Togoh a tué sa mère en l’accusant de sorcellerie, un phénomène que personne ne maîtrise. Il a commis le crime de parricide prévu et puni par les articles 295, 299 et 302 du Code pénal. Le Ministère public va plus loin en précisant que les éléments constitutifs du meurtre sont bien réunis. Il s’agit de l’élément légal qui est la qualité de la victime et l’élément matériel qui est lié à la personne humaine. Quant à l’élément moral, le ministère public a prouvé que l’accusé a bien l’intention de tuer sa mère. Et cette intention réside dans le fait qu’il a préparé son coup pour tuer sa mère. Après avoir exposé ses moyens, il requiert contre l’accusé 10 ans de travaux forcés. La défense assurée par maître Brice Zinzindohoué estime que l’assassinat dont il s’agit est sans preuve matérielle. Dans son argumentation il relève à l’attention de la Cour que celui qui a examiné le corps de la défunte est un aide-infirmier et l’examen a eu lieu 72 heures après le décès pour qu’il conclut qu’il s’agit d’un assassinat. De même, les gendarmes n’ont été informés que 48h après le décès. Selon lui, le rapport de l’aide-infirmier n’est pas fiable, ni acceptable. Il a aussi relevé d’autres insuffisances relatives au témoin, un enfant qui a été auditionné seulement à l’instruction et au procès verbal de confrontation (un seul dans le dossier). Au vue de tout ceci, il conclut que le dossier a été traité avec légèreté. Il plaide le doute et demande à la Cour d’acquitter son client au bénéfice du doute. La Cour présidée par Antoine Eda Kendé, après en avoir délibéré, déclare Elias Togoh coupable d’avoir volontairement donné la mort à sa mère légitime Léouwè Akpado à coups de bâton. Elle le condamne à 9 ans de travaux forcés, et aux frais envers l’Etat.