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Intervention à la tribune de l’Union africaine : Yayi met les Africains et la communauté internationale devant leurs responsabilités
Publié le jeudi 31 janvier 2013   |  La Presse du Jour


Sommet
© aBamako.com par DR
Sommet de l`UA: les chefs d`Etat et de gouvernement du continent planchent sur des questions d`actualité comme la crise malienne
Samedi 14 Juillet 2012. Addis-Abeba (Ethiopie). Le Président de la République de Cote d`Ivoire, SEM. Alassane Ouattara à la réunion des chefs d`Etat et de gouvernement du Conseil de Paix et de Sécurité. Photo : Yayi Boni


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En sa qualité de président en exercice de l’Union africaine sortant, Boni Yayi a prononcé un discours bilan à l’ouverture de la 20è Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement le dimanche 27 janvier dernier à Addis Abeba. Un discours dans lequel il a adopté un langage de vérité sur les problèmes qui minent le continent africain. Le président béninois, soucieux de l’aboutissement heureux de ces problèmes, en a profité pour mettre la communauté internationale devant ses responsabilités tout en faisant des propositions concrètes.

Boni Yayi a tenu à mettre les choses au clair avant de quitter la présidence de l’Union africaine. Tout au long de son mandat, il dit avoir œuvré pour que les Chefs d’Etat et de Gouvernement du continent, dans un esprit de collégialité et de solidarité, conjuguent leurs efforts afin que l’Afrique parle enfin d’une seule voix et assume sa part de responsabilité dans la gestion des affaires aux côtés des autres continents. Cette Afrique forte, le président béninois la souhaite et y croit. C’est pour cela qu’il a tenu à mettre le doigt sur certains dysfonctionnements que sa présidence lui a permis de déceler au sein de l’Union africaine. En cela, Boni Yayi trouve que la question de la paix et de la sécurité doit être constamment au cœur des préoccupations de chaque pays et se traduire par une gouvernance au-delà des clivages ethniques, claniques, régionalistes ou basés sur les différences de sexe, de religion et de couleur ; toutes choses qui nous divisent et nous empêchent d’avancer sur la voie de l’unité et du développement. Cela passe par, a-t-il souligné, la mise en place de systèmes électoraux libres et transparents en veillant au respect scrupuleux des constitutions. Devant ses pairs Africains et aussi face au secrétaire général des Nations Unies, le président béninois a regretté que les pays africains s’écartent de plus en plus des objectifs ayant présidé à la création des Communautés économiques régionales (CER) qui doivent rester des instruments de planification et de coordination des efforts d’intégration économique. «Aujourd’hui, l’on assiste à un risque de cloisonnement et à une faiblesse de synergie entre les Etats d’une même région, et d’une région à une autre », a regretté le chef de l’Etat béninois. Raison pour laquelle, il a appelé les responsables de chaque pays à œuvrer pour le renforcement de l’unité politique au niveau de chacune de nos régions, préalable au rapprochement entre les CER.

Les remarques sur le continent

Vint alors l’étape continentale de son discours. «Au niveau continental, le constat est plutôt amer en ce sens que les rôles exacts et respectifs du Président de la Commission de l’Union, du Président du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Organisation et du Président en exercice de l’Union africaine, ne sont pas clairement définis, donnant souvent lieu à une confusion totale lorsqu’il s’agit de parler d’une seule voix au nom de notre cher continent. Il urge, de mon point de vue, de chercher les voies et moyens de remédier à une situation aussi déplorable, qui ternit l’image de marque de notre Union et porte atteinte à son efficacité. Dans ce cadre, ne serait-il pas opportun de revisiter les textes fondamentaux de notre Organisation en vue de corriger de tels dysfonctionnements ? ». Boni Yayi a alors proposé que la désignation du président de l’Union aurait gagné en légitimité si ce dernier était élu par le collège des Chefs d’Etat et de Gouvernement des cinq régions à l’instar de la pratique en Europe.

La bonne gouvernance

La bonne gouvernance est l’un des points sur lesquels Boni Yayi a insisté dans son intervention.

Pour lui, l’Afrique doit se donner les moyens pour jouer sa partition dans l’amélioration de la gouvernance mondiale et ne peut y parvenir sans une nouvelle gouvernance du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), appuyée par un système de surveillance multilatérale et de veille au niveau continental, dont le rôle sera de restaurer la culture de la paix, de la stabilité, de la sécurité, de non-agression et de respect du principe de l’intangibilité des frontières reconnu par notre Institution. Elle ne peut y parvenir, a-t-il continué, sans la renaissance de nos mécanismes de prévention des conflits et de règlement des conflits. C’est à ce prix que l’Afrique, plus unie et plus forte, pourra préserver son indépendance et prendre part au banquet des nations. La gouvernance continentale nous interpelle aussi quant à la place et au rôle du Parlement Panafricain dans l’architecture institutionnelle de notre Union, a dit le président sortant de l’UA. Pour une vraie Union africaine des Peuples, Boni Yayi propose alors l’organisation d’un forum des investisseurs africains pour débattre de la question du financement autonome et innovant du développement de notre continent. «Le moment n’est-il pas venu pour nous de mettre en place un « Task-Force» constitué de hautes personnalités africaines pour revisiter les textes et mécanismes de l’Union Africaine et faire des propositions de réformes dans la perspective d’une nouvelle gouvernance de l’Union en vue de la Renaissance de notre continent selon les idéaux du Panafricanisme et la vision des Pères fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) ? », se demande-t-il.

Guerre, première cause des difficultés

L’actualité au Mali, en République Centrafricaine et ailleurs a aussi amené le Chef de l’Etat béninois à attirer l’attention de l’assistance sur l’importance de la paix au sein du continent. «La question des guerres, des rebellions, des guerres civiles et des crises inter-régions qui affectent l’image de notre continent dans les rapports que nous entretenons avec nos partenaires, est la première cause de nos difficultés. Vous conviendrez donc avec moi que le mal africain n’est pas forcément exogène. Nous devons nous regarder en face et faire notre examen de conscience, pour que le cinquantenaire de notre Organisation que nous avons placé sous le signe du Panafricanisme et de la Renaissance africaine, soit enfin une occasion pour renouer avec la flamme de l’espoir que les pères fondateurs ont allumée. C’est à ce prix et à ce prix seulement que le nouveau cinquantenaire qui s’ouvre pour notre Organisation continentale sera celui de l’espoir, de l’espérance et de la véritable renaissance », a-t-il souligné. Bien qu’ayant quitté la présidence de l’UA, Boni Yayi entend jouer sa partition pour un continent africain fort et digne.

Jean-Marie Sèdolo

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