Princesse de la lignée Toffa à Porto-Novo, Reine Oussou alias ‘’Nefora’’ est mariée, mère de deux enfants dont un garçon et une fille, puis tutrice de deux nièces orphelines. Bientôt la quarantaine, elle adore faire la cuisine et le ménage notamment le week-end avec ses enfants. Elle affectionne aussi la couture et la lecture. Mais elle aime par-dessus tout le théâtre pour la gaieté qu’il met dans les cœurs. Ceci trouve son fondement dans sa nature profonde qui est de toujours semer la joie là où il y a la morosité. « Je me sens mieux quand tout autour de moi s’égaie », explique-t-elle. Chrétienne catholique, elle justifie ce sentiment qui l’anime en permanence par le fait que, selon elle, « tout ce qui se passe dans notre vie vient à point, non seulement pour nous jauger afin d’affermir notre foi en l’Etre Suprême, mais aussi pour nous aider à gravir les escaliers de la vie et à surtout grandir en esprit ». Ainsi, sur la base des textes bibliques qu’elle lit et médite souvent, puis au regard des merveilles de Dieu et de la Vierge Marie dans sa vie, elle a érigé sa devise dénommée « FRA : Franchise, Respect et Abnégation ». De ce fait, elle déteste la paresse, le mensonge, l’hypocrisie, la sournoiserie et les médisances. Elle fustige surtout le recours aux forces occultes qui, précise-t-elle, « annihilent en réalité l’être et engendrent la régression ». Toutefois, c’est sa passion pour la littérature, en l’occurrence l’écriture, qui a incité notre désir de lever ce jour un coin de voile sur sa personne et ses prouesses.
Un écrivain hors pair
Styliste-modéliste de formation et photojournaliste, la dame du jour est un professeur certifié de Lettres Modernes qui a aussi un Diplôme d’Etudes Approfondies en Psychologie de l’éducation appliquée à la littérature. Mais n’ayant pas voulu laisser ses formations de base tracer son avenir professionnel, elle a préféré arpenter le couloir de l’écriture devenue « une partie de sa vie ». Elle a à ce jour une quarantaine de publications à son actif, pour la plupart, des nouvelles et essais dans les journaux de la place. Parmi ces publications, deux sont officiellement éditées : deux pièces de théâtre intitulées « La Racine » et « Les griffes de l’Amour ». Mais bien que Mme Reine Oussou confie n’avoir jamais pensé devenir écrivain, ses débuts scolaires en disent autre chose. En effet, depuis son bas âge et déjà en classe de 6è, elle dérangeait son professeur de français, une dame, pour qu’elle portât son appréciation sur ses récits qu’elle avait du plaisir à lire et relire tout en y apportant des corrections au fur et à mesure qu’elle évoluait dans ses études. A ses dires, ce sont les diverses découvertes faites lors de ses lectures qui l’ont aidée à participer à des concours littéraires. Des découvertes livresques qui ont forgé en elle le sens de la conception des nouvelles et des pièces de théâtre qu’elle met en scène. Toutefois, même si elle a commencé à écrire depuis le bas âge, elle affirme que c’est sa sélection au concours du jeune écrivain francophone en 2001 qui lui a fait réellement prendre conscience de « cette possibilité de rendre les pensées vivantes et d’être appréciée des autres » à travers ‘’sa plume’’. Sans oublier que le contact permanent avec les apprenants a aussi, à ses dires, stimulé son ardeur pour la production littéraire et théâtrale. Et quand on lui demande ce qu’elle aborde dans ses écrits, elle répond : « je pense à l’écrit qui panse les maux de la société et je m’incline sous les ordres des muses quand elles m’emportent dans leur univers, me dictant les mots idoines pour le rendez-vous littéraire ». Ainsi, poursuit-elle, ses écrits portent généralement sur des thèmes relevant des tares sociales qui endiguent le développement de la nation, les thèmes dominants concernent l’éducation, la promotion et la bravoure de la femme, puis la promotion des valeurs traditionnelles. Des écrits et représentations théâtrales qui ont été reconnus et gratifiés aussi bien à l’échelle nationale qu’à l’international. Elle a donc, à ce jour, bénéficié de sept (07) distinctions dont le Prix RFI théâtre scolaire en 2006, le Grand Prix Théâtre Afrique Francophone en 2008, et le Prix obtenu en 2007 des mains du Président Thomas Boni Yayi pour sa pièce « La Racine ». Mais malgré ces distinctions qui indiquent qu’elle a une plume fabuleuse et d’extraordinaires talents en représentations théâtrales, Reine Oussou reste très modeste. Elle affirme ne nullement prétendre être comparable aux écrivains de renom comme Victor Hugo, Charles Baudelaire, Chateaubriand Marguerite de Navarre, Jean Pliya, Olympe Bhêly-Quenum, Florent Couao-Zotti, Flore Hazoumè, etc. Une modestie rimant avec une grande humilité, d’autres traits caractéristiques de la dame du jour.
Une dame compétente malgré sa polyvalence
Sa passion pour l’écriture ne soustrait pas Reine Oussou de ses autres activités. Elle ne l’empêche pas non plus d’être efficace sur d’autres fronts professionnels tel l’enseignement. Ceci à travers les cours de français qu’elle donne aisément dans les lycées et collèges, puis les cours de TEEO et de Photojournalisme qu’elle dispense dans les Universités privées. Sans oublier les corrections d’ouvrages et les consultations en éducation et en formation (GRH, Leadership) auxquelles elle s’adonne et qui, à ses dires, apportent aussi énormément à sa vie. Elle est donc un exemple édifiant de la femme qui, malgré sa polyvalence, est compétente sur tous ses fronts professionnels. A titre illustratif, en tant que Chef Service Documentation, Information et Communication à la Commission Nationale Béninoise pour l’Unesco (Cnbu), elle ne manque pas de remplir efficacement ses obligations de s’occuper de l’information dans tous les domaines d’intervention de l’Unesco et de l’Isesco ; collecter, traiter et diffuser l’information de l’Unesco et de la Cnbu à tous les niveaux ; diffuser les résultats des études de bourses et de projets, en collaboration avec le service de la coopération des bourses, stages et projets ; assurer le secrétariat de la revue et du bulletin d’information de la Cnbu ; diriger l’organisation de toutes les activités pouvant faire connaître l’Unesco et la Cnbu au grand public à travers l’information et la communication ; puis assurer l’information des associations, des écoles associées, des réseaux, des centres et clubs de l’Unesco. De lourdes missions, une femme professionnellement très sollicitée donc. Pourtant, parallèlement à ses exigeantes et variées charges, elle mène une vie associative à travers son Association Correspondance-Cultures (Acc) par le biais de laquelle elle organise souvent des activités de sensibilisation des apprenants et des jeunes. Nonobstant cela, elle est aussi membre du Conseil Mondial pour le Panafricanisme (Comopa) où elle n’a de cesse de mettre son dynamisme à profit pour atteindre les objectifs dudit Conseil.
Les difficultés ne manquant pas…
Reine Oussou avoue être parfois confrontée à « des périodes de crise où elle est enceinte d’idées à accoucher sans que sa maisonnée ne soit prête à accueillir ce moment de séparation ». Car, confie-t-elle, « pour mieux se faire dicter le verbe, elle a besoin d’un calme autour d’elle ». Au cas contraire, « je suis contrainte de m’isoler pendant quelques jours », explique-t-elle. Le maternage limite donc à ses dires ses champs d’action littéraire ou culturelle. Ainsi, elle avoue qu’il n’est pas toujours aisé de pouvoir bien allier sa vie de femme active et de mère/épouse. « Parfois, le fardeau de la profession pèse plus sur les responsabilités familiales et cela crée des dissensions qu’on essaie de vite pallier. Il s’agit de deux réalités à ne pas confondre ! Le pantalon porté au service se fait changer par un pagne ou une robe à la maison », indique-t-elle. Ainsi, pour elle, malgré les contraintes familiales, la vie impose à la femme certaines obligations sans que l’homme, père de famille, n’ait besoin de parler. « A mon entendement, même si la fille de ménage est présente, ni le repas de mon époux ni ses petits soins ne peuvent lui être confiés. Je m’en charge personnellement pour me sentir dans mon rôle de mère de famille. Puisque je me dis qu’il faut inculquer aux filles de bons exemples. Mais au cas où il est absent, je deviens naturellement le chef de famille et les rôles s’accroissent », renchérit-elle. Quant au suivi des enfants, reconnaissant qu’il est tracassant, elle confie que cela l’est moins quand l’on suit un planning bien élaboré. Pour elle, tout est donc une question d’organisation.
Des conseils à lagent féminine
Reine Oussou recommande à toutes les femmes de lire le Livre des Proverbes dans la Sainte Bible, et particulièrement le chapitre 30 sur la femme vertueuse. S’inspirant de ce chapitre, elle indique que la confiance en soi, la détermination, la franchise, la persévérance, la rigueur, la tolérance, l’acceptation de l’autre dans sa différence, et le refus de tout ce qui est nuisible à son prochain doivent caractériser la femme. Elle ajoute que « la femme est le sexe le plus fort, et elle se doit de le démontrer partout. Non pas en réclamant la parité, mais en se faisant remarquer positivement. Car il ne peut jamais y avoir parité, mais plutôt complémentarité ». Pour elle, si cette parité était réellement possible, « Dieu, après avoir tout créé, n’aurait pas créé la femme pour compléter l’homme ou lui ‘’tenir compagnie’’. Mais il l’aurait laissé seul ». Chacun a donc un rôle à jouer ici-bas, conclut-elle. Par ailleurs, de façon générale, elle souhaite « bon vent et plein courage aux citoyen(ne)s qui espèrent encore des soleils plus prometteurs pour notre chère nation le Bénin, malheureusement en gésine de ses maux ». Optimiste, elle a signalé qu’« un jour viendra où la vérité et la compétence prendront le dessus sur le mensonge et la médiocrité ».
« Je garde espoir ! », insiste-t-elle.