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Le Matinal N° 4351 du 16/5/2014

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Suite dossier : au sujet du pardon accordé par Yayi à Talon : les avis des Béninois partagés
Publié le vendredi 16 mai 2014   |  Le Matinal


Aéroport
© Abidjan.net par Atapointe
Aéroport FHB d`Abidjan: arrivée du Président de la République du Bénin, Yayi Boni pour une visite d`amitié et de travail en Côte d`Ivoire.
Mardi 11 mars 2014. Abidjan. Ph : Yayi Boni, Président de la République du Bénin


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Le président Nicéphore Soglo salue ‘’un pas dans la bonne direction’’

Communiqué

Deux questions embarrassent et préoccupent depuis près de deux ans, le peuple béninois : parce qu’elles ne contribuent pas à l’apaisement du climat politique dans notre pays. Il s’agit de l’affaire d’empoisonnement du Chef de l’Etat, en lien avec une tentative de coup d’Etat, et la question de la révision de la Constitution.

Il y a moins d’un an, l’ancien Chef d’Etat, le Président Nicéphore Dieudonné Soglo, à la demande des Forces politiques, citoyennes et sociales de notre pays, invitait le président de la République à tourner la page, lui qui avait connu pire, et que dire de Nelson Mandela ; et surtout à mettre fin à un feuilleton qui ne faisait pas honneur au pays de la Première Conférence Nationale souveraine ; symbole de dignité, de multipartisme, de séparation des pouvoirs, de laïcité, d’alternance, de limitation à 5 ans renouvelable une fois de la durée du mandat présidentiel, de liberté, d’opinion et d’association, en un mot, d’Etat de droit.
Le Président Emile Derlin Zinsou, avait au nom des anciens Chefs d’Etat demandé une audience au Président de la République pour aider à calmer les esprits.
En effet, de l’avis de l’ancien Chef d’Etat, le Président Nicéphore Dieudonné Soglo, le sujet majeur pour lequel le Président Yayi Boni a été élu est le développement de notre pays.
C’est sur ce sujet que l’attente du peuple béninois est la plus forte. Toute la nation doit déployer son énergie dans le combat pour le développement et la lutte contre la pauvreté et la misère. Cela suppose le dépassement de toutes les questions qui divisent, fragilisent et entravent l’effort de rassemblement de toutes les populations pour des causes plus nobles et plus justes.
Sur l’affaire d’empoisonnement du Chef de l’Etat et d’atteinte à la sûreté de l’Etat, encore pendante devant la justice nationale, le Président de la République, vient de déclarer qu’il a décidé en son âme et conscience et en toute liberté de pardonner. Bravo !
Ainsi, une page difficile vient d’être tournée.
Le Président Nicéphore Dieudonné Soglo, Maire de Cotonou, se réjouit de cette décision du Chef du Gouvernement, qui est un pas dans la bonne direction : il le félicite et l’encourage à aller plus loin.-

Le Cabinet du Président

Nicéphore Dieudonné Soglo

Manpo Nahini Gilbert Kassa, Président du creuset de développement de Natitingou.
« Ça ne correspond à rien »

Je ne sais quelle est la signification de ce pardon à partir du moment où la justice était saisie du dossier. Il y a eu un non lieu. Le chef de l’Etat et ses avocats ont fait appel au niveau de la cour d’appel. Celle-ci a confirmé le non-lieu et ils ont fait un recours en cassation. Dix mois après, la Cour suprême a cassé la décision de la Cour d’appel et a envoyé le dossier à nouveau à la Cour d’appel pour que l’instruction soit reprise. Alors, je ne sais donc pas pourquoi le Chef de l’Etat va venir dire qu’il pardonne. Il devrait laisser la Cour poursuivre son travail jusqu’à la fin et on verra effectivement où se trouve la vérité. Nous avons vu que lorsque la cour d’appel avait confirmé le non-lieu les accusés devraient être libérés mais ils ont été maintenus jusqu’à aujourd’hui. Lorsqu’il dit qu’il pardonne, ça veut dire quoi ? Est-ce qu’il s’agit d’une grâce ? Si c’était une grâce, il faut d’abord que la justice condamne les intéressés avant qu’on ne les gracie. Et là, il devrait s’arrêter c’est quand il a fait appel et ensuite recours en cassation. Aujourd’hui, il ne peut pas dire qu’il pardonne. Il faut qu’il attende, et tout le peuple attend que la justice qui à deux reprises a dit le droit en disant non le confirme à nouveau. Aujourd’hui, tout le monde est surpris. C’est honteux d’apprendre que c’est un chef d’Etat étranger qui vient donc faire une médiation entre un président de la république et un de ses opérateurs économiques. Alors que plusieurs personnes étaient intervenues pour dire, Président laisse tomber, et il n’a écouté personne. Et c’est aujourd’hui qu’il dit qu’il pardonne. Non ! Ça ne correspond à rien.

Christophe Mégbédji, maire de Klouékanmè

« Ce pardon va permettre de faire baisser la tension, mais c’est l’avenir qui nous dira si ce discours va ressembler un propos tenu, car on ne peut pas présager que c’est un pardon du cœur. En tout cas, on ne peut pas prendre acte de ce discours, c’est les façons de faire à l’avenir qui nous le confirmeront. Pour le moment, il faut prendre acte du discours et nous allons prier pour que l’avenir nous donne raison »

Eugénie Djossa dit Ginon, vendeuse de l’igname frite et de gâteau carrefour tribunal

« Je suis très contente de cette décision prise par le Chef de l’Etat. Si c’est quelqu’un qui lui aurait conseillé cela, celui-là lui a indiqué une voie. Je crois fermement à ce pardon puisqu’il va conduire à la paix dans notre pays. Je remercie infirment le chef de l’Etat pour cette décision »

Francis Adolphe Kpatchoukpa, citoyen

« Moi je me demande si effectivement Talon reconnaît les faits, parce que le Chef de l’Etat disait dans la lettre adressée à x ou y que Talon reconnait les faits, en tout si on peut nous publier cette lettre, on saura que ce pardon est un pardon du fond de cœur, sans cela je suis dans le doute, puisque le chef de l’Etat, on le connaît il va souvent de gauche à droite, de devant et derrière, et on n’arrive pas à le comprendre. En tout cas, pour le moment je suis inquiet de ce pardon ».

Laurent Mètognon, Sg/Fésyntra-Finances
« Le pardon de Yayi c’est du pipo. Il faut qu’on s’en méfie »


« Les circonstances dans lesquelles ce pardon intervient me laisse très perplexe et m’intrigue. D’ici à quelques jours, il y aura une table ronde économique à Paris. Est-ce que c’est à cause de cette table ronde qui va se solder par un fiasco que le président s’est empressé pour pardonner son ami d’hier et son ennemi d’aujourd’hui ? Est-ce que c’est en prévision d’un échec de la table ronde qui va se tenir à Paris où il a besoin de l’appui des operateurs économiques français pour financer notre économie que le président fait tout ça ? Est-ce que c’est l’ombre de Talon qui plane sur cette table ronde qui fait que le président s’empresse de donner un pardon ? Dans les circonstances actuelles, ce pardon ne vaut rien car les opérateurs économiques nationaux et internationaux savent bien qu’il y a la mal gouvernance dans notre pays. Notre économie est sérieusement anémiée avec tous les scandales qu’on voit tous les jours dans notre pays. Si c’est en prévision de cette table ronde, qu’il a donné ce pardon, il n’a aucun sens. Il aurait laissé la procédure judicaire après la cassation s’achever. Là son pardon aurait un sens. Son pardon se comprendrait si la justice avait condamné les mis en cause. Le pardon dans la circonstance actuelle n’a aucun sens, car les pardons de Yayi sont nombreux. On en a connu beaucoup. Son pardon c’est du pipo. Il faut qu’on se méfie de ce qui est dit actuellement et ce qui est dit comme pardon »

Pascal Todjinou, Sg/Cgtb
« Son pardon aura un sens si tous les prisonniers sont libérés »


« Je félicite le président Yayi d’avoir osé poser l’acte. Cet acte de pardon ne sera effectif que lorsque tous les prisonniers seront libérés. Son pardon aurait un sens si Yayi respectait certaines conditions. D’abord, il faut que les biens de Talon soient moins bradés. Il faut que les usines de Talon à N’dali, Wassa Péhunco, Kandi, Kétou, Bohicon soient fournies en coton immédiatement. Il faut qu’il montre à la face du monde qu’il a vraiment pardonné en posant des actes nobles et responsables. Pour que son pardon ait un sens, il faut qu’il réduise la pression sur les opérateurs économiques nationaux dont Sébastien Ajavon et autres. S’il réduit la pression sur eux, il y aura effectivement pardon. Ce qui pourrait être aussi un effet détonateur de la paix, c’est qu’il fasse en sorte que la prime d’incitation à la fonction enseignante soit restituée. Si le président fait tout cela, la pression va baisser sérieusement et Yayi et Talon peuvent promener dans la ville de Cotonou sans problème. En outre, je dirai que je suis satisfait pour cet acte pour la simple raison que les amis d’hier se retrouvent pour être des amis. Cela y va dans de l’intérêt général de la nation, de la paix, car il y a la chasse aux hommes producteurs de la richesse nationale ».

Paul Esse Iko, Sg/Cstb
« Le pardon de Yayi relève du folklore. C’est du leurre »


« Il y aurait un pardon si les mis en cause des affaires de tentatives d’emprisonnement et de coup d’Etat dont Talon et consorts étaient déclarés coupables. Il n’y pas de pardon, car les fautes dont Yayi accuse les mis en cause ne sont pas constituées. Cela veut dire que pour Yayi, la justice n’est pas importante. Son acte prouve qu’il ne veut pas partir en 2016. Il pense que c’est lui seul qui est important. C’est un autocrate. C’est à cause de la table ronde qu’il fait tout ça. Yayi a sacrifié le pays. Yayi ne veut pas partir en 2016. Il fait tout pour ne pas partir. Et comme il sait que Talon est un pion, il a décidé de le pardonner. Il faut que Yayi présente ses excuses au peuple parce qu’il nous a soumis à des grèves à cause de ces affaires. Il doit présenter ses excuses aux populations. Yayi est un tyran. Il veut à travers ce pardon redorer son blason terni par les revendications sociales et une Lépi frauduleuse qui continue de maintenir le peuple dans son giron ».

Nawan Innocent Tampouhounro, membre de la Société civile
« C’est un signe de la divine miséricorde qui se manifeste pour notre pays »

« Ecoutez, c’est un acte noble et digne du père de la nation. Le pardon, c’est la meilleure façon pour que le développement de notre pays soit relancé. Au-delà de tout ce qui a pu se dire ou se faire quant à ce dossier qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, l’heure de la réconciliation est enfin arrivée. Que ce pardon soit total. Que tous ceux et celles qui sont retenus dans les liens de la justice recouvrent la liberté très rapidement et que tous ceux qui avaient perdu leur travail conséquemment à ces dossiers, retrouvent le chemin du travail. C’est un signe de la divine miséricorde qui se manifeste pour notre pays. »

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