Les tribunaux du Bénin vont fermer à nouveau leurs portes dès ce mardi 20 mai 2014. Ainsi en ont décidé l’Union nationale des Magistrats du Bénin (Unamab) et le Syndicat des Travailleurs de la Justice et assimilés du Bénin (Syntrajab) qui ont conjointement déposé une motion de grève de 72 heures.
Ils dénoncent le mépris du gouvernement, depuis la suspension de leurs récentes grèves. A bien y voir, cette nouvelle grève dans le secteur de la Justice est la preuve matérielle de l’incapacité du gouvernement à trouver un bon mécanisme pour réussir les négociations sociales.
Les magistrats et les travailleurs de la Justice et assimilés du Bénin lancent donc une grève 72 heures. C’est l’une des grandes décisions prise à l’Assemblée générale tenue par les membres du l’Unamab et du Syntrajab le lundi 12 mai 2014.
Dans leur nouvelle motion, ces acteurs du secteur de la Justice exigent, entre autres, un long chapelet : la satisfaction des revendications en suspens du Syntrajab contenues dans la motion de grève du 29 novembres 2013 ; le respect et la mise en œuvre des accords conclus le 03 mars 2014 au ministère en charge de la Fonction publique et du dialogue social; la prise de l’arrêté octroyant une dotation en carburant au profit de tous les magistrats, greffiers, officiers de justice et autres personnels judiciaires conformément aux échanges avec le Garde des Sceaux intervenus le 12 novembre 2013 ; la mise en place d’un dispositif pour assurer la sécurité de tous les magistrats.
Par ailleurs, les magistrats et les travailleurs non magistrats réclament aussi le paiement de salaires aux agents occasionnels reversés en Ace et le reversement en Ace du résidu de six (06) agents omis ; l’application au profit du personnel paramédical en service dans les prisons civiles de l’arrêté n°489/MS/MTFP/MEF/DC/SA du 07 février 2011 portant allocation de la prime de risques au profit du personnel paramédical et la création de l’Ecole nationale de Magistrature.
Abus de confiance
A en croire, le Président de l’Unamab, les moratoires accordés au gouvernement n’ont favorisé aucune avancée dans les négociations. Pourtant, les deux moratoires accordés par l’Union nationale des magistrats visaient non seulement à prouver la bonne foi des magistrats, mais aussi à permettre au pouvoir de faire face à leurs revendications. Mais le gouvernement à travers le ministre de la Justice n’a pas su profiter de ces trois mois de moratoire pour régler les revendications des magistrats et des agents non magistrats, regrette Michel Adjaka. C’est pourquoi ses collègues et lui entendent prendre leur responsabilités à partir de cette semaine. Le secteur de la Justice sera donc de nouveau paralysé.
Crise sociale persistante
Le gouvernement manque-t-il de moyens pour satisfaire aux revendications des travailleurs ou fait-il preuve de mauvaise foi ? En tout cas la question mérite d’être posée quand on sait quels sont les grands enjeux du retour en grève des travailleurs de la Justice. Primo, la grève des magistrats qui viennent de finir trois mois de moratoire sans la moindre satisfaction risque de justifier le scepticisme des autres travailleurs toujours en grève.
Secundo, ce retournement de situation pourrait mettre à mal le dégel partiel de la crise sociale qui secoue le Bénin depuis plus de quatre mois. Enfin, l’insatisfaction des magistrats traduit, de l’avis de nombreux observateurs, l’incapacité du gouvernement à gérer la crise sociale dans le pays. Sinon, comment expliquer la rupture des négociations depuis la suspension de la grève des magistrats ?